Financement libyen : Un proche de Sarkosy mis en examen pour corruption
PARIS-Les mises en examen s'empilent dans l'affaire du supposé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, une histoire à tiroirs dans laquelle plusieurs hommes politiques de droite proches de l'ancien chef de l'État sont mis en cause. Dernier rebondissement : Claude Guéant a fait l'objet d'une nouvelle mise en examen pour corruption passive et usage de faux qui lui a été signifiée le 13 avril dernier.
Il est reproché à l'ancien secrétaire général de l'Élysée des interventions auprès d'EADS et du ministère du Budget au profit d'une société appartenant à Alexandre Djouhri, également mis en examen dans cette affaire. Selon les juges d'instruction du pôle financier, Claude Guéant aurait reçu en contrepartie de ses démarches 500 000 euros « déguisés » en vente de deux tableaux et une montre Patek Philippe d'une valeur de 11 300 euros. Les magistrats sont convaincus qu'il existe un lien entre les interventions supposées de Claude Guéant et les cadeaux qu'il aurait reçus, ce que conteste virulemment l'intéressé.
Deux toiles flamandes
L'enquête a aussi démontré que les 500 000 euros virés par un avocat malaisien sur le compte de Claude Guéant (l'ancien ministre a assuré, sans convaincre, qu'il s'agissait du paiement de la vente de deux toiles flamandes de faible valeur) provenaient en réalité d'un compte détenu par Khalid Bugshan, un homme d'affaires saoudien immensément riche, et dont les comptes en banque étaient gérés par un banquier proche d'Alexandre Djouhri, un certain Wahib Nacer.
Selon nos informations, une plainte avec constitution de partie civile pour vol en bande organisée émanant de Khalid Bugshan vient d'ailleurs d'être déposée par son avocat, Me David-Olivier Kaminski.
Mis en examen dans ce dossier pour blanchiment de fraude fiscale, Bugshan, 60 ans, considéré comme la huitième fortune du royaume saoudien, se voit dans cette histoire comme le dindon de la farce. Il estime s'être fait flouer par Wahib Nacer, son ancien banquier qui gérait une partie de sa fortune depuis Genève au Crédit agricole suisse.
Bugshan assure dans sa plainte qu'il n'existe aucune relation entre lui et Claude Guéant et s'est plaint à plusieurs reprises de la façon dont sa fortune était gérée. On lui faisait, dit-il, signer des papiers, des virements à la dernière minute, parfois juste avant de monter dans un avion.
Bugshan « ne fait pas ses comptes », selon son porte-parole
D'après le porte-parole de Bugshan à Paris, c'est le gestionnaire de compte qui a pris l'initiative de verser 500 000 euros à Claude Guéant sans qu'il en ait connaissance. À la tête de plusieurs sociétés à travers le monde, Bugshan ne « fait ni ses comptes et ne regarde pas ses relevés bancaires ». En 2007 et 2008, période visée par l'enquête des magistrats français, sa famille connaissait de graves problèmes personnels dus à la maladie de son père. Par ailleurs, Bugshan faisait toute confiance à Wahib Nacer, dont le père gérait déjà avant lui les relations bancaires avec le père de Bugshan.
Dans cette procédure dite du financement libyen, cette dimension des relations intra-personnelles sans formalisme écrit, propres aux cultures du Moyen-Orient arabe, échappe totalement au rationalisme des juges français. Wahib Nacer, le gestionnaire de fortune de Khalid Bugshan, a-t-il rendu service à Alexandre Djouhri en versant 500 000 euros à Claude Guéant ? L'enquête doit encore le démontrer. « Khalid Bugshan ne sait pas ce qu'il vient faire depuis 2015 dans cette affaire franco-française et souhaite retrouver son honneur en étant lavé de tous les soupçons qui ont pu un temps peser sur lui », explique Me David-Olivier Kaminski
In Le Point.fr
Créé le 12 mai 2021 14:57Nous vous proposons aussi
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