Wanindara : immersion dans l’enfer des habitants qui fuient leurs maisons…

Exactions policières à Conakry (Wanindara), des citoyens racontent leur calvaire

CONAKRY-Plusieurs familles ont abandonné leurs habitations dans le quartier Wanindara,  en proie à des exactions policières inouïes. De peur d’être tuées, maltraitées, nombreuses sont les familles qui fuient les violences policières qui se passent dans cette zone depuis la mort d’un policier le jeudi dernier au cours d’une opération de maintien d’ordre. Ils abandonnent presque tous derrière eux.

Les scènes de violences dont les citoyens sont victimes frisent l’indicible : vols, agressions, attaques, pillages, brigandages… les maux ne sont pas exhaustifs mais témoignent de l’horreur qu’ils traversent. La solution pour eux est de fuir pour se réfugier ailleurs, espérant être à l’abri.

Madame Baldé a été victime d’attaque. En dehors des biens qu’elle a perdus, elle explique que sa vie est en danger. Elle affirme qu’elle reçoit des menaces de mort de la part des policiers. C’est pour ces raisons qu’elle a décidé de déménager.

 « Avant-hier ils (les policiers, ndlr) étaient venus détruire tous nos biens et emporter le reste. Hier on pensait qu’il allait avoir l’accalmie mais c’était la même chose ils étaient encore revenus chasser tout le monde dans la maison. La nuit, ils sont venus attaquer les boutiques qui sont derrière la cours. Et maintenant ce matin on a jugé nécessaire de voir ce qui n’a pas été détruit de prendre ça et quitter ici. En ce moment même tous ceux qui habitent dans cette cours ont fait sortir leurs bagages. Maintenant on va déménager d’abord pour voir la suite. Personne n’a où aller en ce moment, chacun cherche un endroit où se réfugier pour le moment. Parce que personnellement quand ils sont rentrés dans mon salon ici, ils m’ont dit comme leur coéquipier a été tué nous on va récolter le pot cassé. Donc pour ne pas qu’ils reviennent nous tuer, on a décidé de prendre nos bagages et chercher où aller », a témoigné Binta Barry.

Ibrahima Bella Bah est habitant du quartier Wanindara. Il a dû déloger toute sa famille à causes des violences. Il explique : « Ma famille est dispersée. Certains sont chez mon oncle, d’autres comme ma grand-mère est partie à Kissosso parce qu’ils ont eu trop peur. Mais moi je ne peux pas quitter ici, je suis là avec les jeunes du quartier. C’est la police (CMIS) qui étaient venue ici avant-hier, ils ont trouvé que toutes les portes étaient cadenassées mais ils avaient des coupecoupes, des burins, c’est avec ça qu’ils ont cassé les portes. Lorsqu’ils sont rentrés, ils ont gâté tout ce qui était dans la maison, ils ont pris d’autres biens comme l’argent. Dans la chambre de ma mère, il y avait 25 millions, ils ont tout pris et beaucoup des téléphones. Dans la cours ils avaient gâté deux voitures », a-t-il témoigné.

Dialikatou Barry a été victime d’attaque et elle a eu son nez brisé. Elle explique raconte : « J’étais partie pour présenter des condoléances suite à un décès au Carrefour-marché. A mon retour, je me suis rencontrée avec des policiers habillés en tenue noire au carrefour, j’ai voulu courir pour rentrer chez moi mais les portes étaient déjà fermées. C’est en ce moment qu’ils m’ont trouvé derrière ma porte et ils m’ont frappé. Le policier m’a frappé avec son fusil sur le nez. Ils m’ont retiré mon porte-monnaie. Je ne sais pas exactement la somme que je détenais, parce que ma maman est malade, les gens envoient beaucoup d’argent pour qu’on achète ses médicaments. Mais à ce que je sache il y avait plus de 400 mille dedans. Ils avaient frappé encore nos voisins d’ici, l’autre jeune même ils l’ont fait sortir dans la maison et ils l’ont tabassé. Je souffre en ce moment, ma tête me fait trop mal  » a-t-elle témoigné.

Mamadou Moussa Bah a perdu tout le contenu de sa boutique. Lui aussi accuse la police d’être responsable. « C’est dans les environs de 15h qu’ils sont venus, ils étaient environ de 18 personnes, ils avaient des marteaux, des burins, des haches, ils ont offensé la boutique et gâté la porte, ils ont tout pris. C’est une boutique d’alimentation générale où il y avait toute sorte de marchandise, ils avaient pris même les  pains qui étaient dedans. Les sardines, les boites du lait, les jus, les savons ‘’Kabakoudou’’ ils n’ont pas laissé. Ils sont partis et revenus pour une deuxième fois ouvrir les portes de la cours, c’est en ce moment qu’ils ont pris tout ce qui était dans la boutique comme vous le constatez. Il y avait des sacs de riz vides ici, c’est dans ça qu’ils ont mis les marchandises et emporté. La boutique était remplie, le quartier est témoin. On faisait encore Orange Money donc ils ont pris l’argent là aussi et ça je ne sais pas la somme exacte. Mais c’est les policiers habillés en tenue noire qui ont fait ça », raconte cette autre victime.

Hadjiratou Diallo, une autre victime a une autre inquiétude. Car selon elle, tous les hommes ont fui le quartier. « Lorsqu’ils ont commencé les mouvements, on a vu que ça prenait de l’ampleur. Dès qu’on est sorti ils (les policiers ndlr) sont venus et ils ont cassé la porte et ils sont rentrés dans la maison. Ils ont ouvert les valises et ils ont pris 10 complets, 3 draps de lit et 500 mille. C’est des policiers habillés en tenue noire qui ont fait ça, ils avaient une hache en fer c’est avec ça qu’ils cassaient les portes et ils avaient des fusils. En ce moment nos maris ne sont pas là. On leurs a demandé de fuir parce que s’ils les trouvent ici, ils vont les arrêter et après on va souffrir de plus. Imaginez les femmes seulement dans les foyers ? Nos maris viennent de temps en temps pour avoir des nouvelles. C’est vraiment difficile » a-t-elle déploré.

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

 

Créé le 11 novembre 2018 08:46

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