Titi Camara se défoule sur le Sily : « Cette sélection n’a pas d’âme, ni la volonté… »

Aboubacar Titi Camara

CONAKRY-C'est un coup de ‘’gueule’’ frappant que vient de faire Aboubacar Titi Camara à l’encontre du Syli national de Guinée et des autorités sportives du pays !  Dans la foulée de la déroute de l’équipe nationale lors des éliminatoires du mondial 2022, l’ancien ministre des Sports et ex international guinéen affirme sans détour que cette sélection nationale n’a pas d’âme, ni d’enthousiasme en son sein encore moins la volonté de mouiller le maillot. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à Africaguinee.com, l’ancien sociétaire de Liverpool, outre ses dénonciations et analyses pointues, a aussi apporté des pistes de solutions pour sortir le football guinéen de sa léthargie actuelle.

 

AFRICAGUINEE.COM : Quelle analyse faites-vous de l’élimination prématurée du Syli national de Guinée dans ces éliminatoires de la Coupe du Monde Qatar 2022 ?

ABOUBACAR TITI CAMARA : Je pense que la Guinée ne s’est pas faite éliminée lors de ce quatrième match contre le Maroc. On savait déjà que l’équipe marocaine sur papier partait avec la faveur des pronostics dans cette poule. On aurait souhaité quand-même que la Guinée puisse les accrocher jusqu’au moins à la dernière journée à défaut de se qualifier pour les barrages. Malheureusement, les prestations antérieures, contre la Guinée-Bissau en premier (match nul 1-1, ndlr) et la double confrontation contre le Soudan (2 points en deux matchs nuls, ndlr), n’ont pas donné espoir au public guinéen. Nous sommes tous déçus de cette élimination et surtout par la manière de quitter ces éliminatoires avec une telle déconvenue.

Pointez-vous du doigt le Staff technique qui encadre cette sélection nationale ?

Ici on a tendance à toujours accuser les entraineurs en oubliant que les responsabilités sont situées à tous les niveaux. Vous savez quand une équipe marche, l’entraineur met un schéma en pratique et les joueurs y adhèrent. Mais on a l’impression que le discours ne passe plus, on a vu depuis que le sélectionneur est arrivé en Guinée, je crois que cela fait deux ans maintenant, nous voyons comment évolue l’équipe nationale. Toutes les fois c’est de nouvelles têtes qu’on voit arriver au sein de cette équipe. Jusqu’à présent il n’arrive pas à mettre un noyau en place. Il n’y a pas une ossature principale avec un onze-type compétitif qui soit aligné pour deux ou trois matchs au moins.  A ce niveau donc de la compétition, si vous voulez avoir la cohésion, il faut que les joueurs aussi soient constants dans leurs clubs respectifs. Moi je me pose encore la question de savoir quels sont les critères de sélection ? S’il faut juste être dans un bon club ou grand club sans avoir assez de temps de jeu pour être sélectionner en équipe nationale.

Après, il ne faut pas qu’on s’étonne de ne pas parvenir à avoir jusqu’à nos jours une équipe compétitive qui doit aller chercher des victoires à l’extérieur ou à domicile.  Quand on voit cette équipe dans son évolution on sent qu’ils ne montrent rien. Il n’y a pas d’âme, pas d’enthousiasme, ni aucune volonté de mouiller le maillot. Nous avons l’impression qu’ils viennent juste pour répondre présent et ensuite retourner dans leurs clubs respectifs. Ils ont l’opportunité de rentrer dans l’histoire mais malheureusement jusqu’à preuve de contraire, les gens sont déçus de la prestation du Syli national.

Selon vous où se situe ce mal ?

Vous savez que le mal du football guinéen n’est pas que le Syli (…), nous savons tous vécu ici l’échec que la Guinée a subi avec le ‘’Syligate’’en 2019 (corruption au sommet de la Feguifoot, ndlr), on n’a pas tiré les leçons. On s’est juste focalisé sur l’ex coach belge Paul Put (ex sélectionneur du Syli, ndlr) et Amadou Diaby (ancien vice-président de la FGF, ndlr). Les gens étaient focus sur le limogeage du coach, le procès Amadou Diaby, au lieu d’aller à l’essentiel.

Est-ce vous pointez un doigt accusateur sur les autorités sportives dans cet échec ?

Le ministère des Sports pour sa part joue pleinement son rôle. A chaque déplacement de l’équipe nationale, c’est un vol spécial qui est affrété pour l’occasion, les primes de match sont payés à temps. Mais aujourd’hui, il y a un problème, une crise au sein du football (…), cela fait au moins quatre ans que ça ne marche pas. On a toujours des victoires en dents de scie. C’est pourquoi il est temps maintenant qu’on se réveille. Je pense que l’échec du football est un ensemble (…), quand on se penche sur le championnat local qui n’est jusqu’à présent pas engagé, on a le droit de se poser des questions. Les joueurs locaux qui sont dans l’effectif n’ont pas assez de temps de jeu, tout simplement parce que le championnat n’a pas débuté. Vous savez que le haut niveau, ça ne pardonne pas. Donc il faut situer les responsabilités à tous les niveaux.

Le mondial derrière nous, et la Guinée est à presque trois mois de la CAN 2022 au Cameroun. Comment rectifier le tir pour une bonne figuration afin d’arriver au moins en demi-finale ?

Je ne suis pas décideur mais le seul conseil que je pourrais leur donner c’est de bien réfléchir. Certes se qualifier n’est pas une chose banale (…), mais il faut que les dirigeants se retrouvent pour redéfinir les objectifs assignés à l’entraineur. Lui dire par exemple, l’objectif c’est d’aller en demi-finale mais si dans le contrat rien n’est mentionné dedans ce n’est pas bien. Et si ce n’est pas bien ficelés, les dirigeants sont en quelque sorte obligés d’aller jusqu’au bout du contrat parce qu’en cas de résiliation les conséquences financières seront énormes pour la fédération ou le ministère des Sports, donc l’Etat.

Quelles solutions adéquates il faut avoir ?

Si vraiment il y a nécessité de changer de sélectionneur, mon souhait serait qu’on fasse appel à des anciens footballeurs guinéens. Nous avons des noms à foison en exemple comme Pablo Thiam, Morlaye Soumah et autres tels que ls Fodé Mansaré ou Pascal Feindouno.

Voir Titi Camara aussi encadré la sélection guinéenne serait une bonne chose ?

Non pas moi, mon objectif c’est d’être un jour président de la Fédération Guinéenne de Football.

Certains pensent qu’il faudrait mettre une commission de gestion autour de cette équipe, ne serait-ce que pour la CAN qui pointe à l’horizon ?

C’est un faux débat, le mieux dans tout cela, c’est de choisir un entraineur et lui assigner des objectifs c’est tout. Il serait maladroit de la part du ministère ou de la Fédération de faire recours à une telle décision.

Donc vous êtes de l’avis du choix de l’expertise locale pour aider le football guinéen à sortir de sa léthargie ?

Lorsque que vous prenez 90% des sélectionneurs au monde, ce sont des grands footballeurs qui ont connu le haut niveau. Celui du Sénégal est un parfait exemple (Aliou Cissé, ndlr). Ici comme les décideurs n’ont pas compris, il faut toujours faire recours aux expatriés. Vu le passé et le background qu’un homme comme Pablo Thiam a acquis, ajouté à sa rigueur et à sa discipline, je suis persuadé qu’il pourra apporter du sang neuf à notre équipe nationale entouré de gens comme les Pascal Feindouno, Salam Sow, Morlaye Soumah ou un Zayatte Camille par exemple. Les ressources humaines ne font pas défaut dans ce sens. Ce sont des gens qui ont prouvé sur le terrain qu’ils étaient de vrais patriotes donc il faut leur donner cette chance.

 

Interview réalisée par BAH Boubacar LOUDAH

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 655 31 11 13

Créé le 14 octobre 2021 18:12

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