Labé : Le « Daaka » ou la plus importante retraite spirituelle au Foutah…

Retraite spirituelle de Leyminanko

LABE-Vieux de plusieurs siècles, le Daaka (campement religieux ou retraite spirituelle temporaire), résiste au temps.  Cet évènement religieux inédit attire des milliers de fidèles musulmans. Il a été initié par les chefs religieux du Foutah pendant la guerre sainte.

Pendant cinq jours, le village de Leyminanko accueille les fidèles venus de tous les recoins du Foutah qui se réunissent en dehors des habitations pour adorer Dieu mais aussi faire des prières, pour que triomphe l’islam, la paix, la concorde et la cohésion dans le pays.

Au fil des années, cette retraite spirituelle a pris une nouvelle envergure. Des musulmans de toute la région ouest-africaine y viennent prendre part pour pérenniser cette retraite religieuse. Le nombre de participants est estimé à 12.000 personnes qui font des entrées et des sorties dans cette contrée du Foutah Djallon, au Nord- Est de Labé. Une communion non accessible aux femmes.

Dans cet endroit chargé d’histoire et vénéré, des tentes sont installées par catégorie sur un périmètre de 3 hectares. Ces logements temporaires bien aménagés aérés la journée et éclairés la nuit sont occupés par famille, foyers islamiques, érudits, maîtres coraniques talibés et simples fidèles venus pour la circonstance. Les chefs religieux du Foutah au grand complet sont fortement entourés. Ces lieux ont servi de base arrière pour la naissance du Foutah islamisé dans le Diwal ou province de Labé. Les natifs de Leyminanko se souviennent de cette histoire.

 

« Cet endroit a été longtemps un lieu de retrouvaille pour adorer Dieu. Karamoko Alpha, fondateur de Labé réunissait tous les bataillons du Fouta ici pour préparer les stratégies de guerre. L’endroit s’appelait Dakaadji ou Petoye Tabaldè. C’est de là que les troupes quittaient pour se rendre à Daka, centre-ville pour la bataille », explique Elhadj Mamadou Saliou Sow.

Thierno Hady Bah, membre de la famille Wouro Aalyabhe dont l’ancêtre fait partie des tout premiers occupants de la sainte cité de Labé, nous a fait visiter leurs installations scindées en compartiments. La délégation de sa famille a passé les 5 jours sans bouger.

« Depuis le démarrage de ce campement-là, la famille Dramé est sollicitée. Mama Aly Dramé est notre ancêtre. C’est un érudit encore qui a fondé une grande partie de la ville de Labé. Donc à partir de là, à chaque fois qu’il y a des zihara, on est invité officiellement. Pour ce campement-là, on nous a donnés le campement numéro 19. Dans ce campement-là, on se réunit, on lit le courant toute la nuit », explique ce fidèle musulman.

De loin, tard dans la nuit l’on aperçoit la lumière qui éblouit le campement. L’on entend aussi les cantiques religieux que psalmodient les talibés. Toute la nuit, on lit le saint coran et on formule des prières et bénédictions. Pendant ces cinq jours d’intenses adoration, les participants rivalisent d’ardeurs pour adorer le tout-puissant Allah. Tout est mis en œuvre pour mettre les fidèles dans les conditions pour un meilleur travail collectif.  Des restaurants à service libre et gratuits sont assurés. Thierno Abou Zeyd n’est pas à sa première participation avec ses maîtres coraniques.

« Tous ces fidèles se sont retrouvés ici dans le cadre d’une retraite spirituelle, comme on l'a si bien indiqué pendant ces cinq jours, c’est une façon de demander pardon à Allah, prier pour la quiétude sociale en Guinée. On fait des invocations, ont lit le saint coran, on prie pour qu’il y’ai plus de paix et de développement en Guinée » précise le jeune Talibé.

Le Daaka (campement) est différent du Ziara, un autre évènement religieux célébré au Foutah.  Thierno Habib Kambaya, membre de l’organisation, guide pèlerin et sage de Labé décrit le sentiment de réjouissance qui anime les fidèles lors des rencontres religieuses d’une telle envergure.

« Nous parlons ici que du coran et des noms de Dieu. Chacun se met dans un coin pour faire son travail ensuite on partage. C’est l’importance de la communion de 5 jours sur place ici, chacun fera ce qu’il peut, personne n’écoutera celui qui fait la lecture, mais ici chacun fait sa part, si vous êtes fatigués vous vous reposez. Certains aussi viennent demander des prières pour trouver des solutions aux problèmes inhérents dans la vie. Tout est possible. Pendant les 5 jours, il y a des talibés qui peuvent lire le coran une centaine de fois d’autres une cinquantaine », déclare Oustaze Habib Kambaya.

Les Cheikhs et des sages venant des lieux vénérés du Foutah se retrouvent autour de l’inspecteur régional des affaires religieuses. L’imam Thierno Badru Bah prône la pérennisation de cette œuvre qui attire la convoitise des musulmans.

« Nos sages du Foutah nous assignent des tâches qu’Allah et le prophète Mohamed recommandent aux croyants. Ils nous font suivre également des bénédictions. Si chaque année le nombre de participants augmentent, cela sous-entend que nous sommes sur le bon chemin. Nous ne faisons qu’implorer la grâce de Dieu. Beaucoup de nos parents d’ici et d’ailleurs nous ont demandé des prières pour réussir des projets. Ils demandent ces prières aux talibés qui bravent les nuits froides. Donc nous le ferons pour ceux qui ont demandé et même pour ceux qui n’ont pas demandé. C’est pour tout le monde », a fait savoir l’imam ratib de Labé.

Ce campement qui a ouvert ses portes dans la soirée du mercredi 5 janvier a été clôturé dans la matinée de ce Lundi 10 janvier 2022 sous la direction des autorités morales du Fuuta. Soit 5 jours de confinement et d’adoration.

Thierno Oumar Tounkara

De retour de Leyminanko

Créé le 11 janvier 2022 13:18

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