Kalil Oularé, DG du Groupe Djoma : « Ce que nous comptons faire pour être rétablis… »

CONAKRY-Le groupe Djoma médias (radio-télé) n’est plus disponible sur les bouquets Canal+. La Haute Autorité de la Communication a sommé le Groupe Canal+ de retirer le signal de ce média de son bouquet jusqu’à nouvel ordre. Pour justifier sa décision, l’organe dirigé par Boubacar Yacine Diallo invoque des raisons de « sécurité nationale ». L’affaire grand bruit à Conakry. Pour parler de cette crise, un Journaliste d’Africaguinee.com a rencontré Kalil Oularé, Directeur Général du groupe Djoma. Entretien exclusif.

AFRICAGUIGUINEE.COM : La radio et la télévision Djoma ont été retirées sur les bouquets Canal+ sur l’instruction de la Haute autorité de la communication. Comment vous avez accueilli cette mauvaise nouvelle ?

KALIL OULARÉ : C’est avec beaucoup de surprises parce que cela est intervenu sans aucune d’information au préalable. Nous regardions la télé comme tout le monde quand soudain, on s’est aperçu que notre télé n’était plus sur le bouquet canal+, alors que signal émettait sur les autres bouquets où nous diffusions. On a fait le contrôle de tout le matériel qui envoyait le signal à Canal+. On s’est rendu compte avec confirmation de notre transporteur d’image que l’image arrivait bien à Canal mais que canal refusait d’augmenter l’image sur son bouquet.

Par la suite il y a la lettre de la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui a fuité. On invoque des raisons de sécurité nationale. Comment avez-vous réagi sur le coup ?

Encore une fois, je vais de surprise en surprise. J’ai été surpris de voir l’écran noir de Djoma sur le bouquet. J’ai été d’autant surpris de savoir que l’ordre a été donné par la Haute autorité de la communication HAC. Parce que moi, je n’ai eu aucune information ni de la part de mon partenaire qui est canal, ni de la part de la HAC. Jamais la HAC n’a sollicité Djoma, ni par invitation, ni par convocation. Jamais nous n’avons été au courant d’être l’objet d’une quelconque enquête sur une situation. Bref, on avait aucune information, tout se passait bien dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où on a vu que c’est l’écran noir.

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Et hier (jeudi 07 décembre), après toute une journée de dénonciation et de mobilisation de l’ensemble de la presse de ce pays et des acteurs, sociopolitiques et des populations même qui ont été indignées par cette action de canal, on a reçu cette lettre signée par le président de la HAC. C’est un grave manquement.  Canal+ était obligé de nous faire part du document qui leur a servi base pour nous couper. Et vu que canal n’a que le régulateur en Guinée, c’est-à-dire la HAC comme porte d’entrée, il a tout simplement exécuté ce que la HAC a demandé. Sauf que nous sommes au courant de rien. Et c’est après toute une journée que canal nous a remis ce courrier que vous avez retrouvé dans la presse.

Que comptez-vous faire ?

Avec Canal+ les choses sont très claires. Il y a eu une rupture abusive du contrat. Une sommation a été faite. Nous avons demandé à canal de nous remettre là où on était parce que le contrat est en cours. Nous attendons leur réaction. Quant à l’autorité guinéenne, c’est-à-dire la HAC, nous avons appris hier lors du passage du président de la HAC dans une émission qu’il avait pris une mesure conservatoire suite à une alerte de l’autorité compétente. Qui est l’autorité compétente ? C’est quoi cette alerte qui pourrait menacer la sécurité nationale dont Djoma aurait été l’acteur ? Nous-mêmes, nous sommes surpris. Nous sommes étonnés de savoir qu’il y a une telle alerte et si c’est suffisamment grave comme la réaction a été faite, ça aurait dû nous être exhibée.

Est-ce qu’auparavant vous aviez reçu des alertes de la part des autorités ?

Nous n’en connaissons rien ! Jusqu’à l’heure où je vous parle, la HAC ne nous a même pas adressé un courrier. Donc, nous ne sommes au courant de rien. Et aujourd’hui, je suis en mesure de vous dire que même la HAC ne sait pas de quoi il s’agit. Ils ont pris une décision entre guillemets, soi-disant à titre conservatoire.

Pensez-vous qu’il y a des mains noires derrière tout ça ? 

Nous, on a une main blanche, la main blanche, c’est la HAC qui d’ailleurs assume cette décision. Ce que nous disons à la HAC, c’est d’assumer. Nous, on a des emplois à préserver, nous avons des auditeurs à servir, nous avons des annonceurs à servir, nous avons un peuple de Guinée à servir.

Quand on me dit que vous avez eu un événement qui menace la sécurité de notre pays, je suis désolé ça ne se recherche pas pendant 10 ans, ça se recherche tout de suite et ça se trouve tout de suite. On sait de quoi on parle. La HAC est apparemment en train de chercher l’élément qui pourrait motiver sa décision parce qu’ils n’en ont pas.

Comment est-ce que vous travaillez maintenant là ?

Difficilement. On essaie de travailler comme on peut. L’autorité de régulation des postes et télécommunications a brouillé notre radio depuis près de 10 jours maintenant, sans aucune réaction. Hier, l’autorité de régulation des postes et télécommunications a donné injonction à tous les fournisseurs d’accès de l’internet de ne pas fournir l’internet à Djoma. On veut fermer ce média. Mais qu’on le fasse légalement, qu’on voit ce que nous avons fait qui serait contraire à la loi. Vous savez l’État est très fort mais l’État devra être faible face à la loi qui doit être plus forte que l’État. Je pense que quelque part on doit pouvoir se plier à la loi, fixer les règles et les appliquer. L’État est un exemple pour nous les citoyens. Je pense qu’il est de la responsabilité de l’État de laisser Djoma travailler.

Il faut arrêter de nous taxer comme étant des opposants à quelqu’un. Nous ne sommes opposés à personne. Nous ne voulons pas jouer ce rôle. Ils peuvent trouver une autre personne il y a les hommes politiques pour ça, il y a d’autres structures pour ça. Nous sommes un média qui traite l’information, qui met l’information à la disposition des populations. On est l’opposant de personne et depuis le 5 septembre tout le monde vient autour du CNRD. Que Djoma soit l’opposant ou non, on ne veut pas de ce rôle-là. Merci. Qu’on nous laisse travailler, c’est tout ce qu’on demande.

Qu’est-ce que vous comptez faire pour être rétabli dans votre droit ?

Toutes les procédures nécessaires pour pouvoir rétablir Djoma dans ses droits seront menées.

Quel message avez-vous à lancer aux autorités du pays ?

De respecter la loi et de nous laisser travailler.

Dossier à suivre…

Entretien Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com

Créé le 9 décembre 2023 13:18

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