Hausse des prix des denrées alimentaires : Le Directeur national du Commerce Intérieur donne les ‘vraies’ raisons… « interview »

CONAKRY- De commun accord avec la Chambre Nationale de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, le Gouvernement guinéen, à travers les Ministères du Commerce et du Budget a fixé les prix des denrées de première nécessité (riz, sucre, huile, farine, oignon…).

Un protocole d’Accord a été signé dans ce sens le 30 janvier 2024 alors que les guinéens se plaignent de la conjoncture économique de plus en plus difficile, depuis l’incendie du Dépôt national d’hydrocarbures.

Pourquoi les autorités ont-elles décidé d’augmenter les prix des denrées ? Qu’est-ce qui est envisagé pour respecter le protocole ? Africaguinee.com a interrogé le Directeur National du Commerce Intérieur et de la Concurrence, Emile Yombouno. Entretien Exclusif !

AFRICAGUINEE.COM : Qu’est-ce qui a prévalu à la signature de nouveau protocole d’accord actant la hausse des prix des denrées ?

ÉMILE YOMBOUNO : Nous ne sommes pas à notre première ou deuxième fois de signature de protocole. Alors pourquoi ce protocole ? C’est pour garantir l’approvisionnement du marché en denrées de première nécessité dans toute l’année. C’est aussi pour garantir la transaction commerciale sur le plan national et également pour stabiliser les prix. Ceci étant, nous ne sommes pas en marge de la conjoncture internationale. L’inde qui est le principal pourvoyeur de riz au monde entier (40%), connait la crise et a pris un certain nombre de mesures et également l’introduction d’une taxe à l’importation à une proportion de 20% sur le riz. Suite à cela, nous avons assisté à la hausse du prix de la tonne métrique du riz, considéré comme prix CAF (Coût, Assurance, Fret) passant en moins de 510 dollars à 610. Donc, cette augmentation est très significative et cela pouvait avoir des répercussions sur les prix au niveau national.

Nous, à travers les leviers d’actions que nous avons, nous avons essayé d’identifier et agir sur ces leviers pour trouver un effet amortisseur pour que la proportion de variation constatée, du côté du principal pays pourvoyeur, ne soit pas entièrement transmise au niveau national.

Ensuite, il y a l’augmentation du fret de maritimes qui a presque doublé, passant de 1042 dollars à 3072 dollars. Cela est dû à la crise sécuritaire qui amène des difficultés d’acheminement des marchandises à partir de la mer rouge.

Autre facteur causal, c’est aussi les conséquences de la pandémie de Covid-19 qui, naturellement avait eu des effets négatifs sur la chaîne d’approvisionnement, c’est quelque chose qui a amené cette perturbation.

Puisque la flambée des prix au niveau mondial se poursuit, il est donc important pour nous, en tant qu’administration, de prendre des mesures pouvant justement nous amener à plafonner les prix pour ne pas que les pratiques de spéculations au regard de l’augmentation à l’international puissent être constatées ici, aussi.

Nous avons plafonné les prix, et ce sont des prix au-delà desquels personne n’est admis à revendre au-delà des commodités qui sont cités dans ledit protocole.

Des commerçants détaillants que nous avons interrogés estiment qu’il sera difficile de respecter l’application de ce protocole, qui, à les entendre, ne tiendrait pas compte de certains détails. Quels sont les moyens dont vous disposez pour faire appliquer correctement ce protocole sur le marché national ?

Ce n’est pas eux qui dictent la loi portant réglementation de la Concurrence. C’est une arme, un instrument que nous avons. Si on plafonne les prix à travers un examen sérieux et judicieux, personne ne peut dire qu’il ne peut pas respecter le prix.

A côté, nous avons un autre instrument qui est le corps des agents assermentés qui procèdent à la constatation, au contrôle et l’inspection des prix. Maintenant ceux qui pensent qu’ils peuvent tenter des spéculations, ils verront en face d’eux des inspecteurs et les mettre devant les faits accomplis.

De toutes les façons, de l’expérience que j’ai eu depuis qu’on a commencé à plafonner les prix, et de plus en plus on part en protocole, plus en plus la culture du respect des prix devient réalité effective dans la pratique commerciale en Guinée. Il y a aussi quelques consommateurs qui n’arrivent pas à comprendre ou à expliquer ce que c’est un prix plafonné. Alors, il est arrivé des moments où vous trouvez des marchands qui disent : moi, je vends moins que le prix plafond. Quand on plafonne un prix, c’est que personne n’est autorisé à vendre au-dessus de ce prix. Maintenant en dessous, la concurrence peut amener les gens à faire baisser les prix du fait du plafonnement pour s’aligner sur le marché.

C’est pourquoi une fois encore nous essayons de le faire pour protéger les consommateurs, pour ne pas que les pratiques de spéculations puissent dépasser des normes que nous pensons, peuvent amener les commerçants à faire librement leurs activités et ne pas être dans des difficultés liées au profit qu’ils se feraient ou rechercheraient. Egalement, que les consommateurs aussi trouvent satisfaction à travers les produits qu’ils achètent chez les marchands.

La signature de ce protocole d’accord intervient à la fin du mois de janvier, début de l’entrée en vigueur de l’autre protocole signé entre le gouvernement et le mouvement syndical au mois de novembre 2023. Comment expliquer cette coïncidence ?

C’est une coïncidence qui n’a rien à voir parce que personne ne pouvait penser qu’entre-temps ça pouvait aussi baisser sur la conjoncture internationale qui pourrait être en leur faveur. Ce qui veut dire qu’on aurait baissé au même moment.

Quand les gens parlent d’augmentation avec ce protocole, mais il y aussi la baisse des prix surtout de certains produits, notamment l’huile végétale qui a baissé de prix, aujourd’hui on est à moins de 35 000 Gnf de baisse mais personne n’en parle et le prix est stable.

La leçon que nous devons tirer de ce protocole c’est que, vous regarderez dans le tableau, tous les produits qui font l’objet de transformation sur place connaissent soit une diminution de prix ou de stabilité. C’est pour dire que tant qu’on continuera de dépendre des importations des autres pays, évidemment s’il y a des chocs à ce niveau, il faut s’attendre à des ajustements au niveau extérieur.

Ce protocole garantit l’approvisionnement en denrées alimentaires pour une période d’une année (de janvier à décembre 2024). Mais si entre-temps les prix de ces denrées changent au niveau international, qu’est-ce qui va se passer ?

Là on a une garantie. Tous les protocoles que nous avons signés (2022-2023), il n’y a jamais eu de rupture en approvisionnement. Et donc en 2024, il n’y arrivera pas de rupture parce qu’on prend la mesure pour que les opérateurs (importateurs ndlr), s’engagent à approvisionner le marché pour combler le déficit alimentaire au niveau national.

Maintenant sur la variation des prix à l’international à une fréquence inhabituelle, nous prenons les dispositions nécessaires pour ne pas que le protocole sur la dimension prix puisse dépasser trois mois. C’est pour cela nous restons dans les fourchettes de trois mois, après, nous allons prendre les dispositions nécessaires pour réévaluer la situation à l’international. Ce qui va nous permettre de passer à un autre protocole qui peut-être aussi bâti sur trois mois voire plus.

 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel: (00224) 664 72 76 28

Créé le 2 février 2024 10:22

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