Foutah-Djalon : À la découverte de Madina Taibata, un village vieux de 3 siècles…

Vue panoramique de Madina Taibata

LABE-Jadis appelé Konkosso, Madina Taibata, est un secteur de Taran centre, érigé en sous-préfecture depuis 2015. C’est la 13ème sous-préfecture de Labé, capitale de la moyenne Guinée. Cette localité vieille de 3 siècles, connait une ascension singulière en matière de développement. La principale activité de ses habitants demeure l’agriculture et l’élevage. A l’instar de plusieurs localités du Foutah, cette bourgade d’environ 650 résidents n’échappe pas au phénomène de l’exode rural.

L’ancêtre de Madina Taibata, Thierno Dayeedjo est originaire de Timbo, Mamou, ancienne capitale politique du Foutah théocratique. Il est l’un des acteurs de l’expansion de l’islam dans certaines contrées du Foutah. C’est son fils Saikou Boubacar Béla qui a découvert ce vaste plateau où naitra le village, Madina Taibata.

Au fil des années, le village a grandi et dispose aujourd’hui d’une école, mais n’a pas de poste de santé et manque d’adduction d’eau. En cette période agricole bien entamée, Madina Taibata offre un paysage merveilleux.  Les populations locales ont la main dans la pâte pour les travaux champêtres. Reportage.

Historique de Madina Taibata

Moodi Mamadou Maaliki Barry, sage et muezzin de Madina Taibata revient sur l’historique de ce village, vieux de 300 ans.

« On peut estimer que notre village a 300 ans d’existence au moins depuis sa fondation par notre ancêtre, parti de Timbo Mamou. A la suite de la rencontre des 9 diwès (province NDRL), c’est Almamy Ibrahima Sambegou qui a été désigné Almamy. Lorsque l’un des fils de Almamy Ibrahima Sambegou est sorti propager l’islam, il a commencé par Dalaba, une localité appelée Bantahi dayeebhe. Après Dalaba, il vint à Lelouma, précisément à djigué dayeebhe, ensuite à Laafou Bouroudji. C’est là qu’il fera la rencontre avec un descendant de Alphaya, du nom de Alphamoussa. Avec ce dernier, il est parti à Mali Tanguè, où ils ont implanté l’islam. Ensuite, ils sont venus à Taran Hinndè (Chef-lieu sous-préfectoral de Taran d’où relève Madina Taibata). Ils ont fondé une mosquée à Taran Hinndè.

Après ils se sont séparés, notre ancêtre est allé à Gadha dombelè dans Kaalan pour fonder là aussi une mosquée. C’est là où notre premier ancêtre est décédé, laissant derrière un enfant qui est venu ici à Madina Taibata directement fonder ce village, c’est de là que Taibata est né. Notre ancêtre direct, s’appelait Saikou Boubacar Bela Barry. De génération en génération, nous sommes ses arrières petits-fils. Nous aussi avons prolongé à notre tour sa lignée à travers nos fils et nos petits-fils. Ce petit village devenu très vaste aujourd’hui, c’est une seule personne qui est venue s’installer et a fondé sa famille. Nous remercions le bon Dieu. Aujourd’hui, Madina Taibata est devenu un village peuplé et grand. Nous vivons là », explique Moodi Maaliki Barry, sage du village

Activités des populations locales

Du haut de ses 75 ans, Fatoumata Lamarana BARRY, communément appelée Diaadia Bangoura, n’a aucune peine à travailler dans sa tapade, où elle sème chaque année près d’une dizaine de mesures de semences d’arachides autour de son habitation.  

« Je travaille seule ici, je sème une mesure (2,5KG NDLR) d’arachides en deux jours de travail. L’espace sur lequel je suis en train de travailler peut prendre trois mesures et demie. J’ai une activité de maintien. Ce que je récolte ici c’est pour ma sauce, j’offre une partie aux visiteurs, mes enfants aussi je leur envoie une part. A travers la petite activité agricole que je pratique sur place, je fais la pâte d’arachide. Il arrive des moments aussi où des voisins dans le besoin bénéficient un peu » confie la septuagénaire Diaadia Bangoura.

Les communautés perpétuent l’élevage et l’agriculture. Chacun trouve bien son compte, confie Moodi Maliki Barry. « Nous avons trouvé que nos parents font l’agriculture et l’élevage. On élève les volailles, les petits ruminants et les bovins. Nous cultivons le fonio, de l’arachide, le manioc, les tomates, les aubergines mais les piments aussi de toutes les catégories. Il y a des femmes qui peuvent récolter 2 sacs de piments qui peuvent leur rapporter un peu d’argent, ce qui donne le courage aux femmes d’investir aux prochaines saisons. Le sol est riche, nous le travaillons sans engrais, on utilise le plus souvent les bouses de vaches. Les femmes ont eu l’initiative de ramasser des feuilles mortes en saison sèche pour préparer l’engrais à travers les compostes. C’est un engrais naturel qui empoisonne les herbes sauvages et aident les cultures à se développer facilement ».

Scolarisation des enfants

Le village de Madina Taibata vient de bénéficier d’une école élémentaire et un logement de maitres inaugurés il y a moins d’un an. Ce geste est venu de l’association Haali Pular de Vitoria-Gasteiz en Espagne financé par la mairie de la même commune de Vitoria en collaboration avec les autorités locales et les populations bénéficiaires. Désormais les enfants ne marchent plus 2 à 3km pour atteindre Taran centre pour apprendre à lire et à compter.

Mamadou Saliou Baldé est le tout premier maitre affecté à Madina Taibata au compte de l’administration scolaire : « C’est au mois de décembre dernier que cette école a été inaugurée et ouverte avec un effectif de 46 élèves en 1ère Année et une maternelle de 35 enfants. Avec cet effectif important, on sent que Madina Taibata a l’habitude de scolariser ses enfants bien qu’ils partaient loin d’ici. Dans cet effectif, le pourcentage de filles est plus élevé. Sur 78 inscrits -maternelle et primaire-, les 40 et quelques sont des filles. C’est une école de 3 classes et un logement de maitres, un forage qui alimente l’école et une partie du village », explique l’enseignant Mamadou Saliou Baldé.

Populations, exode, ressortissants et besoins du village

Madina Taibata connait certes l’exode rural des jeunes, toutefois il ne dépeuple pas comme certains villages de la contrée. Au moins, 650 habitants y résident en permanence. Des ressortissants s’y rendent de temps en temps pour passer du temps. Idrissa Barry, journaliste originaire de Taibata profite des vacances. Pour lui, c’est un retour à la source : 

« Ça fait toujours plaisir de revisiter ce village, bien que je n’aie pas eu la chance de vivre mon enfance ici. Je suis né à Conakry, j’ai perdu aussi mon père quand j’avais 4 ans. J’ai vécu avec ma grand-mère. Ma première fois de venir au village remonte en 2003 après ma réussite au BEPC. En guise de cadeau, ma grand-mère m’a fait découvrir le village pour connaitre mes racines. J’avais passé 20 jours. En 2017 je suis revenu aussi pour une cérémonie sociale, des sacrifices. Depuis je suis tenté de venir comme beaucoup d’autres, rencontrer la famille connaitre les porches. Je vois des opportunités avec les terres cultivables, il y a des projets qu’on peut y attacher. Quand je retrouve les proches je me sens dans la peau de mon père avec les échanges des proches directes. Je me sens très bien dans ma communauté » révèle Idrissa Barry qui retrouve les siens.

Docteur Mouctar Baldé, natif et jeune ressortissant de Madina rappelle les besoins de son village. « Actuellement nous avons besoin d’un poste de santé. Puisqu’en matière de santé, il faut se déplacer pour tout. Pourtant, nous avons une population qui dépasse 600 habitants. Pour le moment nous sommes dans une association de fils ressortissants et résidents dans lequel nous parlons du projet, nous faisons une cotisation mensuelle en même temps nous tapons à la porte de tout partenaire qui pourrait nous aider à réaliser le poste de santé qui reste un projet ambitieux pour ce village » plaide le jeune médecin.

Il faut noter que Taran était un district qui relevait de la sous-préfecture de Sannoun. En 2015, il a été érigé en sous-préfecture par décret présidentiel, devenant la 13ème sous-préfecture de Labé. Le besoin en infrastructures se pose avec acuité à Taran.

De retour de Madina Taibata, Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 3 juillet 2022 15:07

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