Guinée : « Ce que doit être la priorité du prochain Gouvernement… », selon Dr Faya

CONAKRY- Après la nomination du premier ministre, les Guinéens attendent de connaitre les futurs membres du gouvernement de « Bah Oury ». Cette équipe dont les membres pourraient être connus dans les prochains jours aura plusieurs équations à résoudre. Mais que doit-être sa priorité parmi tant ? Bah Oury sera-t-il dans l’esprit du CNRD ou parviendra-t-il à faire bouger les lignes au niveau de la classe politique ? Ces questions ainsi que d’autres, nous leur avons posé à Dr Lansana Faya Millimouno, président du Bloc Libéral. Dans cette interview à bâtons rompus, le leader du BL donne son avis sans détour.

AFRICAGUINEE.COM : Les membres du prochains du gouvernement seront connus dans les prochains jours. Aa votre avis quel devrait être la priorité de l’équipe de Bah Oury ?

DR. LANSANA FAYA MILIMOUNO  : C’est le retour à l’ordre Constitutionnel. On a assez d’éléments dans l’agenda dont la mise en œuvre devait être accélérée. On nous promet l’avant-projet de la Constitution à la fin de mois de mars, c’est une priorité, que le débat se clôture là-dessus pour que le référendum soit fait.

Une autre priorité, c’est la conduite du RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil), il faut que ce recensement qui va permettre d’extraire le fichier électoral se fasse de façon prompte.

Naturellement nous ne connaissons pas quels sont les termes de la nouvelle Constitution, si ça tenait compte des propositions faites par la CPR (Coalition pour la Rupture), on devrait complètement changer le mode d’élections des députés. Au lieu d’avoir un mode uninominal proportionnel comme on le faisait par le passé, on ramènerait à un seul mode, qui sera proportionnel mais local, qui partirait de la prise en compte du résultat du recensement général de la population et l’habitat. A l’issue de ce recensement, connaissant le nombre total de Guinéens que nous sommes, on peut diviser ce nombre par le nombre de députés pour avoir le quotient de représentativité. Si ce quotient de représentativité est par exemple 100 000 par députés, on essaie de voir Labé par exemple, si la population de Labé c’est 300 000, donc ça veut dire qu’il faut présenter une liste de 3 candidats dans cette ville pour chacun des compétiteurs. Voulant dire que Labé aura 3 députés, que ceux-ci soient élus sur déférents listes, ils seront tenus de se donner les mains parce que ça sera de défendre l’intérêt de Labé. En tout cas si cela devait être pris en compte, dans la nouvelle Constitution.

Le recensement général de la population et de l’Habitat est une autre priorité qu’il faille mettre en œuvre. Naturellement tout ne va pas s’arrêter pour ne s’occuper que de l’agenda politique, les guinéens sont encore aux prises avec des problèmes primaires : on n’a plus l’électricité, de moins en moins de quartiers sont éclairés et l’eau potable il y a encore beaucoup de villes et de quartiers qui n’en ont pas, et ne parlons pas des milieux ruraux. Donc la Guinée est encore en prise avec ses besoins primaires.

Les routes, on en manque, il faut continuer à construire. De même que l’agenda politique devra être poursuivi, il faudra également prendre en compte les besoins des populations en essayant de Construire des infrastructures nécessaires.

Naturellement, le dialogue doit continuer à se faire. Nous avons eu un cadre permanent de dialogue auquel certains acteurs se sont soustraits d’eux-mêmes, il faut, avec l’arrivée du nouveau premier ministre travailler à avoir tout le monde à bord pour continuer à discuter sur des choses qui le méritent pour aller vers les élections. A mon avis, ce sont entre autres des priorités qui devaient être celles du gouvernement qui sera bientôt mis en place.

Il y a certaines formations politiques comme le RPG qui estiment que Bah Oury, c’est la « continuité de l’Esprit CNRD ». Partagez-vous cet avis ?

Nous sommes en période transitoire qui est conduite par le CNRD. Dire que ça sera la continuité de ce que le CNRD a commencé ce n’est qu’un pléonasme. Que veulent-ils ? Que ce soit l’agenda du RPG qui soit continué ? C’est quand-même ce qui nous a amené dans la catastrophe. Il faut qu’on le rappelle.

Lorsqu’ils parlent de l’esprit CNRD, certains font souvent allusion à cette volonté de confisquer le pouvoir qu’on les attribue…

Si c’est cette compréhension que les gens ont de l’esprit CNRD, nous nous n’avons pas d’éléments tangibles, nous permettant d’affirmer que l’esprit, c’est la confiscation pouvoir. Nous sommes en Afrique, le général Président Mamadi Doumbouya c’est un africain, un homme d’honneur, il a parlé à sa prise du pouvoir en 2021. Il a dit qu’il est venu pour une refondation et rectification, lorsque ça sera fait, il va se retirer, et aucun de ses collègues ni lui-même ne serait candidat à une élection, ça c’est l’engagement que nous pensons sera respecté.

Mais retenons une chose, en terme de délai, quand les gens commencent à parler de confiscation, ce qu’ils se posent la question si la période transitoire pourra se conclure en cette année 2024, comme cela a été prévu par l’accord avec la CEDEAO. Nous nous pensons que cet accord qui a été négocié avec la CEDEAO n’a pas tenu compte d’un certains nombres de facteurs. Nous étions d’ailleurs en tant que classe politique, organisation de la société civile bref ce qui était en train d’être de convergence de la majorité des acteurs c’était plancher sur les 36 mois, ce qui semblait émerger. Parce qu’encore une fois, il faut le rappeler, la précipitation nous ne fera pas avancer.

En 2008, 09 et 2010, on a engagé une précipitation sous l’impulsion de la communauté internationale, on a vu comment les élections ont été bâclées, quel risque on fait courir au peuple de Guinée lorsqu’entre deux tours de la présidentielle en 2010, nous étions obligés d’attendre quatre longs mois alors que la Constitution ne prévoyait que deux semaines. Il faut qu’on fasse très attention, c’est l’avenir de plus de 10 millions d’âmes dont il est question. Donc si nous devons faire des choses, que nous les fassions très bien, pour que comme chacun l’a souhaité à l’arrivée d CNRD, que ce soit la dernière transition que ce pays connaisse. Mais pour que ça soit la dernière, il faut que nous ayons une refondation comme ils l’ont promise, qu’il y ait une rectification. Il y a peut-être pour beaucoup de choses qu’on a vécues ces derniers temps, une rectification, qu’il faille amorcer de la rectification elle-même.

Le gouvernement n’est pas encore mis en place, est-ce qu’il faut s’attendre à ce que Dr Faya soit l’un des membres de l’équipe gouvernementale de Bah Oury ?

C’est des questions qui relèvent de l’hypothèse. La préoccupation principale du président de Bloc Libéral que je suis, selon le mandat qui m’a été confié par les militants et les sympathisants, c’est de préparer le parti pour les élections prochaines. Et dans ce sens-là, nous continuons à faire des progrès. Nous allons livrer le troisième lot de motos pour nos structures à la base très bientôt. On a déjà livré deux lots, nous nous apprêtons à livrer le 3^ème lot parce qu’il faut doter nos structures de moyens leur permettant de faire efficacement le combat parce que ce à quoi nous nous attendons, c’est que le peuple de Guinée nous donne la confiance pour conduire ce pays vers un développement. On a longtemps tourné en rond.

Si la République vous appelle pour la servir à travers le gouvernement de Bah Oury, allez-vous répondre ?

Avec un ‘’Si’’ on peut mettre Paris dans un sac. Je ne vais pas rentrer dans ces spéculations. Je vous ai déjà dit ma priorité du moment et c’est sur ça que je suis en train de travailler.

A peine installé dans ses fonctions, des activistes de la société civile demandent au nouveau premier ministre de faire la déclaration de ses biens à la Cour des Comptes. Est-ce que selon vous Bah Oury doit le faire ?

Oui Bah Oury doit faire la déclaration des biens et les membres du gouvernement qu’il va mettre en place doivent aussi le faire parce que nous avons vu, après l’arrivée du CNRD, cela n’a pas été fait. Et nous apprenons, quoique cela reste à établir par les cours et tribunaux que beaucoup ceux qui sont aux commandes dans le gouvernement qui a été dissout, ont été éclaboussés par des scandales.

Il est important, pour une moralisation réelle de la vie de notre pays, que le focus ne soit pas simplement sur les anciens gouvernements avant le CNRD mais que ça concerne tout le monde. C’est aussi cela qu’on était en train de voir même si les résultats tardaient à se concrétiser.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

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Créé le 4 mars 2024 06:27