Cherté de transport, nourriture et de logement : Immersion dans la galère des étudiants de l’université de Kindia

KINDIA- A l´université de Kindia, les étudiants tirent le diable par la queue depuis l’incendie survenu au dépôt national d’hydrocarbures, dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, à Kaloum dans la capitale guinéenne.

Depuis la survenue de ce drame national, la vie estudiantine est devenue de plus en plus difficile. Pour les étudiants, se rendre à l’Université de Kindia située à 7 kilomètres du centre urbain, dans le district de Foulayah relevant de la sous-préfecture de Friguiagbé, est devenu un véritable casse-tête

Logés dans des cités à quelques kilomètres de ladite institution d’enseignement supérieur, ces futurs cadres du pays ont vu leur quotidien changé suite au drame de Kaloum. Notre correspondant régional basé à Kindia y a fait immersion.

Dans ce campus universitaire, ces étudiants rencontrés exposent sans retenue les difficultés auxquelles ils font face. Ici, ils sont des milliers d’étudiants venus d’horizons différents qui sont à la quête du savoir à l’Université de Kindia(UK).

Obligés de faire des économies en cette période de crise de carburant, ces étudiants ont du mal à joindre les deux bout.

Ici, nous sommes dans la cité appelée Charlotte située à quelques kilomètres de l´université. Là, nous rencontrons Aboubacar Sidiki Taboura, étudiant. Il décrit les difficultés qu’il vit en cette période : « Cette crise a affecté tous les secteurs en Guinée, surtout nous les étudiants de l’université de Kindia. Concernant le transport, avant, pour quitter chez moi et venir à l’université, c’était quelque chose de 2000 à 3000 francs guinéens mais quand la crise est venue, les choses ont automatiquement changé, le transport a augmenté à 5000 francs, tu le veux ou pas, c’est à ce tarif et ce n’est même pas à discuter. A défaut, tu marches, quelques 20 minutes de trajets.  Tu veux aller en ville, c’est 20.000fg. Tout a été doublé, c’est catastrophique pour nous, on s’en sort par la grâce de Dieu », explique-t-il.

Ce n’est pas du tout facile pour un étudiant surtout ceux en classe de première année : « on connaît  déjà comment survivre, c’est la première année qui était difficile mais après deux ans, on sait maintenant comment se démerder pour survivre ici », se réconforte Sidiki Taboura.

De là, nous nous rendons à Sheraton, une autre cité.  Dans ce lieu abritant essentiellement que d’étudiants, les réalités sont quasiment similaires qu’à Charlotte. Pour cet endroit, trouver à manger relève d´un véritable parcours de combattant.

Ibrahima Bella Diallo est à sa troisième année au département linguistique. C’est là qu’il habite. Dans cette cité, les étudiants utilisent des codes (langage propre à eux) pour parler de la nourriture. C’est un langage codé que seuls les étudiants ne peuvent déchiffrer :

« Les conditions de vie ici ne sont pas favorables. Etant étudiant, tu ne peux pas faire d’autres activités pour avoir de l’argent au risque de perdre ta formation. C’est là que ce fardeau revient à la famille.  Et si cela s’ajoute d’autres que supportent les parents, il peut y avoir des moments où la famille même ne peut résoudre nos problèmes à cause du manque de moyens. Ici, pour avoir le déjeuner c’est très difficile. C’est pourquoi nous avons des codes qui sont connus de tous. Il peut y avoir où l’étudiant est confronté au code 101 c’est à dire, tu manges le matin et la nuit mais pas la journée ou encore le 100, tu manges le matin seulement.  Mais le plus souvent nous nous croisons ici avec le 001, un code qui est connu par tout le monde, c’est-à-dire, pas de déjeuner, rien toute la journée sauf la nuit la personne trouve de quoi se nourrir », révèle notre interlocuteur.

En provenance des différentes villes du pays, ces étudiants loin de leurs villes respectives comptent uniquement sur l’apport de leurs parents. Sauf que dans leurs familles de provenances,  les parents peuvent se retrouver dans une mauvaise position à cause de la crise qui ne dit pas son nom. Mamadou Saliou Bah fait la troisième année au département lettres modernes et il est le président du foyer, la cité Sheraton : « Les conditions de vie ici ne sont pas favorables. En tant qu’étudiants, nous vivons grâce à nos parents, c’est en fonction des efforts que fournissent nos parents, que nous parvenons nous aussi, du jour au lendemain à satisfaire nos différents besoins. Si nos parents qui nous viennent en aide se plaignent suite à cette crise que nous vivons actuellement au pays, ça devient très compliqué pour nous qui n’avons aucune activité génératrice de revenus. On ne gagne que peu, parce que c’est que nos parents ont d’autres membres à qui ils partagent leurs biens. C’est dans ces conditions qu’on s’efforce pour sortir avec la tête haute parce que nous savons que nous sommes là pour un objectif », témoigne-t-il.

Pour ce qui est du prix des loyers précise l’étudiant, ça  varie selon les concessionnaires puisqu’il y en a qui exigent le payement de l’année intégrale avant d’être à la possession de la chambre.

« Il y a d’autres aussi qui exigent le payement de la moitié de l’année. Et le prix d’une chambre en location varie entre 140 mille à 160 mille francs guinéens le mois. Nous ici par exemple, nous payons l’équivalent de 160 mille par mois soit les 9 mois qui nous avons payé intégralement. A cela s’ajoute le prix de l’électricité, donc chaque fois qu’il y’a facture c’est nous qui cotisons pour régler l’électricité », ajoute Ibrahima Bella.

M´mahawa Bangoura est à sa première année, elle vient de Conakry. Elle plaide pour que les autorités de ce temple puissent revoir la fixation du prix du transport notamment celui du bus universitaire.

La vie ici ce n’est pas facile du tout.

« Quand tu te réveilles le matin, il faut déjeuner et partir à la fac mais tout c’est dans nos pécules, ça ne suffit même pas. En plus, chaque professeur qui vient, il veut que tu achètes sa brochure, avec ça, il faut le manger et le transport, tout ça avec une somme de 300. 000 Gnf, c’est très difficile. Et si tes parents ne sont pas en mesure de t’envoyer de l’argent,  tu seras obligé de faire des choses bizarre surtout si tu n’es pas consciente.  Les autorités doivent nous aider sur le transport de notre bus là. Tu payes 2 mille et on te laisse au bord de la route, tu es obligé encore d’emprunter une moto pour venir chez toi. C’est pour cela moi je n’emprunte pas ces bus », explique M’Mahawa Bangouya étudiante en L1 Histoire.

Même son de cloche chez Kadiatou Dansoko, étudiante en licence 3 en provenance de Kamsar. Selon elle, vu la conjoncture actuelle du pays, certaines étudiantes préfèrent sortir avec les étrangers voire des personnes riches (prostitution ndlr) pour joindre les deux bouts : « Aujourd’hui c’est à 11 heures que je me suis levée parce que quand on a rien on préfère rester au lit. Mais vouloir se lever tôt tu n’as rien à manger, c’est difficile. Je n’ai pas mes parents ici, je viens de loin, si je n’appelle pas les parents pour prendre mes charges, je ne peux pas survivre.  Si on n’a pas quelque chose à trouver, il y a d’autres étudiantes qui sont obligées de faire du n’importe quoi pour s’en sortir. Elles reçoivent des étrangers chez elles juste pour avoir un peu. Mais pour moi Dieu merci, mes parents m’apportent un peu même si ce n’est pas à 100 pourcent mais je parviens quand-même à survivre », explique-t-elle.

Dans notre périple, nous avons tenté de rentrer en contact avec le recteur de ladite université, mais la grève générale illimitée déclenchée par le mouvement syndical guinéen a fait que toutes les portes de l´administration étaient fermées. Aucun étudiants n´était visible dans l´enceinte de cette université.

Depuis Kindia

Chérif Keita

Correspondant régional d’Africaguinee.com

 

Créé le 1 mars 2024 12:43

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