Cellou Diallo, handicapé moteur : « Notre héritage est train d’être détourné…aidez-nous »

LABE- Dans la Commune urbaine de Labé, Mamadou Cellou Diallo handicapé moteur, diplômé en sociologie de développement communautaire, mène un combat de survie contre un groupe de personnes qu’il accuse de détournement et de confiscation de l’héritage de leur famille. Des terres que ses parents (décédés) ont laissées.

Originaire du quartier SAFATOU 2, secteur Dar es-Salaam, ce quadragénaire accuse un de ses frères de lait de s’être associé à l’imam de leur secteur, au chef de quartier pour s’accaparer des centaines de parcelles laissées comme héritage par leurs parents. En séjour à Conakry où il suit la procédure liée à cette affaire, M. Diallo nous accordé une interview au cours de laquelle il revient en détails sur ce dossier.

AFRICAGUINEE.COM : Vous déclarez être victime d’un groupe de quatre personnes dont votre frère de lait qui veulent s’accaparer des biens de toute votre famille. Pourquoi ?

MAMADOU CELLOU DIALLO : J’ai de sérieux problèmes avec ma famille et les dirigeants de mon quartier (SAFATOU 2, secteur Dar Es-Salaam). Avant tout d’abord, je voudrais revenir sur mon histoire. J’ai perdu mon papa très tôt. C’est ma maman qui nous a éduqués avec mes frères. Je ne suis pas né handicapé, c’est à l’âge de 7 ans que j’ai attrapé une maladie qui m’a rendu infirme.  Notre mère avait tout fait pour me soigner. Malheureusement ça n’a pas marché car à l’époque, on faisait plus recours à des médicaments traditionnels qu’à la médecine moderne. Finalement, malgré les efforts de ma mère je n’ai pu pas recouvrer ma santé. C’est comme ça que j’ai perdu l’usage de mes pieds.

C’est l’ancien chef de quartier de notre localité qui m’avait scolarisé. Il s’appelle Elhadj Ousmane Marin, (paix à son âme). C’est lui qui a tout fait pour que je sois scolarisé malgré mon handicap. Alors que je faisais la 4ème année, il est tombé malade, il est décédé par la suite. Suite à sa mort puisque, c’est lui qui me soutenait, je suis resté là-bas pendant 6 ans sans étudier.

C’est finalement un cousin de ma maman, un oncle qui réside à Mamou, ingénieur agronome et agent des Eaux et Forêts qui m’a aidé. C’est ce dernier qui a décidé de me soutenir en m’envoyant auprès de lui, à Mamou c’était en 2003. J’ai repris la 6ème année et j’ai eu mon certificat d’étude élémentaire en 2004. Grâce au soutien j’ai poursuivi les études jusqu’à avoir mon BAC. C’est à Kindia où j’ai fait mon université, département sociologie.

Après les études universitaires, je suis venu à Conakry pour tenter de voir si je peux décrocher un boulot sans faire de la mendicité, car je n’aime pas tendre la main à quelqu’un.  Je suis resté ici pendant 4 ans en train de chercher mon premier job. J’ai rencontré plusieurs personnalités notamment Khalifa Gamassa Diaby dans le but de m’aider, mais ça n’a pas marché. C’est par la suite que je me suis retourné à Labé en 2018.

Mamadou Cellou Diallo

A mon retour à Labé, j’ai un trouvé qu’il y a un nouveau chef de quartier. Il s’appelle Thierno Mamadou Bobo Diallo. Ce dernier donc, s’associant à mon grand frère lait qui s’appelle Amadou Diouldé Diallo, plus le premier imam du quartier qui se nomme Thierno Oumar Miskoun et un de nos cohabitants qui s’appelle Thierno Alpha, ces quatre ont pris une partie de nos terres et remettre une autre à une famille de Salan Bandé. Entre cette famille et nos parents, il y avait une entente, nos parents nous l’avaient expliqué. Il était prévu qu’on leur donne un lieu d’habitation.

Sauf que là où ils ont octroyé à cette famille ce n’est pas l’endroit que nos parents avaient indiqué. C’est une autre partie plus vaste que celle préalablement définie par nos parents qu’ils (quatre complices) leur ont octroyé sans nous tenir informés (moi et mon petit frère). Je précise que je suis le seul à être scolarisé de la famille car mon petit est un handicapé.

Mon grand frère Amadou Djouldé Diallo m’a haï comme ça depuis que je suis devenu handicapé. C’est comme ça qu’il s’est associé à l’imam, le chef de quartier pour donner cette partie de nos terres à ces gens-là sans que mon petit-frère et moi ne soyons informés.

A mon retour donc, j’ai demandé au chef de quartier pourquoi ils ont fait cela ? Il m’a dit que c’est une initiative de mon grand-frère, l’imam et le nommé Thierno Alpha qui auraient signé les papiers. Je lui ai fait savoir qu’il devrait nous tenir informés parce que si une famille veut récupérer ce qui lui appartient auprès d’une autre, les membres de cette famille doivent tous être informés parce que je suis vivant. J’ai demandé à ce qu’on me montre les papiers, il n’y en avait pas. Je leur ai fait savoir mon opposition parce que bien avant, on m’avait expliqué, montré toutes les limites, la répartition. C’est ainsi que le chef de quartier a dit qu’il va consulter ses trois autres complices avant de me revenir. En ce moment je devrais aussi voyager pour Dakar pour aller tenter ma chance vers là-bas.

Je suis parti à Dakar où je suis resté pendant 3 ans. La période de Coronavirus m’y a trouvé. Maintenant au temps de la Covid-19, ils ont fait le lotissement des terres qui nous restaient. En faisant le lotissement, il y avait un mes oncles paternels du nom de Thierno Baïlo, le seul qui était en vie (Paix à son âme), celui-ci avait demandé à mon grand frère Djouldé de nous informer du lotissement qu’ils comptaient réaliser dans nos domaines. Il a demandé à ce qu’on soit informé et associé, mon grand-frère lui a promis de le faire alors qu’il ne l’a jamais fait. Mais puisqu’il avait déjà un plan avec son groupe, il est allé le faire avec les trois autres sans informer mon petit frère et moi.

Ils sont allés le faire sans nous. Après lotissement, ils ont dit que c’est 75 parcelles qui sont sorties là-bas. Mon grand-père avait laissé trois garçons et deux filles. Dans les conditions normales, les deux filles qui sont nos tantes devraient avoir leur part mais ils les ont écartées lors du partage. Avec les 75 parcelles pour la famille, mon père s’est retrouvé avec 11, les deux autres chacun a eu 32 parcelles. Même ces onze on ne les a pas encore.

J’ai d’ailleurs demandé les papiers de lotissement, ils ont refusé. J’ai leur ai demandé comment pouvaient-ils faire un tel travail sans donner les papiers car c’est ce qui légalise au moins leur acte. Opposé à leur démarche, je suis allé à la préfecture pour saisir le premier responsable. Le préfet les a convoqués. Il y a eu des discussions, là-bas, le préfet leur a fait comprendre qu’ils n’ont pas raison. Il a dit qu’ils ne peuvent pas faire le lotissement sans l’accord de tous les membres de la famille et sans que l’habitat ne délivre un papier justifiant cela. Le préfet leur a demandé de revoir leur travail en réconciliant la famille pour ne pas que l’affaire aille loin.

C’est ce qu’Elhadj Bobo et Thierno Alpha n’ont pas accepté. C’est ainsi que le préfet m’a recommandé de porter plainte auprès du tribunal de première instance de Labé. Mais à la justice, ils ont difficilement accepté de juger l’affaire parce qu’il y avait les mains noires de l’habitat et les gens de chez nous derrière.

Voyant donc que la procédure n’avançait pas, j’ai quitté Labé pour venir à Conakry et essayé de rencontrer des cadres du ministère de la justice pour m’aider à ce que le dossier connaisse une suite. C’est ainsi que certains ont appelé pour demander à ce que la vente soit annulée et que la terre soit remise à la famille. Ils sont tombés d’accord sur ça. Je me suis retourné à Labé après cet acquis verbal.

Alors, le président du tribunal a demandé de faire l’assignation, et que par la suite on fera le jugement. Le jugement a été, il y a eu un transport judiciaire, c’est là-bas qu’ils ont constaté que les quatre complices ont fait le lotissement tout en laissant certains domaines alors qu’ils appartiennent à la même famille. Selon eux, il y avait 150 parcelles alors qu’avant mes démarches ils avaient déclaré que 75. Mon avocat a sollicité à ce que la vente soit annulée. Mais l’habitat a cherché à convaincre la justice de Labé pour qu’ils cherchent à convaincre mon avocat même moyennant quelque chose. Cette proposition, je l’ai aussitôt déclinée.

Je l’ai refusée parce qu’on a des petits frères de nos autres oncles paternels et puis mon petit-frère handicapé. Ceux-ci n’ont pratiquement rien eu. J’ai demandé l’annulation pure et simple de la vente. J’ai réclamé les papiers aussi pour essayer de préparer les papiers de chaque enfant et sa parcelle. Ils n’ont pas accepté ma proposition. C’est ainsi que mon avocat a sollicité à ce que le dossier soit transféré à Conakry.

Finalement ils ont transféré le dossier avec toutes les difficultés. Ils ont envoyé le dossier sans le référé (le numéro du dossier). Il a fallu plusieurs démarches pour qu’on envoie le numéro du dossier. A Conakry, depuis que le dossier est arrivé là il n’y a pas eu quelque chose de concret.

Après avoir échoué dans leur agissement les complices à savoir mon grand frère, l’imam, le chef de quartier m’ont menacé à Labé en disant que toute personne qui assistera une de mes cérémonies sera exclu des activités sociales et n’aura pas de soutien lors de ses cérémonies.

Qu’est-ce que vous réclamez désormais ?

Ce que je demande à l’Etat, aux autorités judiciaires, c’est de penser à moi et à mes petits frères encore moins âgés dont un handicapé. Nos parents nous ont laissés des biens qui sont en train d’être détournés par d’autres personnes. Si on a ces biens, avec un partage juste et équitable, on peut s’organiser et vivre sans faire de la mendicité dans la rue. Moi, je suis diplômé depuis 2014 mais faute de soutien je n’ai pas eu où me débrouiller. Aujourd’hui j’ai mes quarante ans, sans femme, sans foyer ni enfant, donc rien.  Qu’on nous aide.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 21 juillet 2023 20:06

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