Fermeture prolongée des frontières : du « pain béni » pour la contrebande dans le nord du pays…

Alpha Condé, président de la République de Guinée et son homologue sénégalais Macky Sall

MALI-La préfecture de Mali Yembering qui dispose de trois postes frontaliers avec le Sénégal, est devenue une véritable passoire. Alors qu'officiellement, la frontière demeure fermée (depuis septembre 2020), la contrebande a trouvé une aubaine pour se faire pleine les poches. Des conducteurs de mototaxis notamment, jouent le rôle de passeurs pour permettre aux voyageurs de traverser la frontière (des deux côtés).

Tout s'organise de Mali centre à la frontière. Si à  Koundara, le trafic commence au coucher du soleil, dans la zone de Mali, il n'y a pas d'heure. C'est à tout moment. Mais la contrebande tombe dans la surenchère. La persistance de la fermeture de la frontière est devenue un "pain béni" pour eux. Le coût du transport a triplé de 10.000 FCFA à  30.000 Fcfa entre Mali centre et Kédougou, une distance d'environ 120 Km. Un tarif disproportionné instauré par les conducteurs de mototaxis qui maitrisent les raccourcis pour atteindre le territoire sénégalais. A leur tour, les agents de sécurité de mèche avec eux, jouent aussi le jeu pour en tirer profit. Chacun coopère pour se faire remplir les poches. Les autorités communales locales sont inquiètes à cause des risque de propagation de la pandémie.

"Franchement, nous ne savons pas qui va arrêter ce trafic. Le mouvement est plus intense qu'en temps normal avec tous les risques de propagation de maladies présentement. Personne ne demande les papiers test covid-19 ou de pass sanitaire à la frontière, parce que, agents de sécurité et passeurs travaillent en complicité dans la clandestinité. Les taxis sont là, ils font tranquillement leur business. Nous n'avons aucun mandat d'agir puisque, c'est la frontière qui est fermée et non la ville", regrette un conseiller communal de Mali centre qui indique que le mieux serait  d'ouvrir la frontière et exiger les papiers de santé.

La mise en oeuvre de l'accord de coopération militaire signé entre la Guinée et le Sénégal en juin dernier, et qui était censé accélérer le processus de la réouverture des frontière piétine. Du coup le calvaire continue pour les voyageurs. Mamadou Allareeni Souaré, vendeur de fruits Dakar dit avoir été ruiné financièrement durant son voyage pendant la fête de tabaski. Il témoigne :

"Entre Mali centre et Kedougou sur le territoire sénégalais, les conducteurs réclamaient  25.000 FCFA  avant l'augmentation du carburant. Maintenant, c'est 30.000 CFA ou l'équivalent. Si vous êtes dans une localité proche de la frontière, vous payez 10.000 FCFA, ça dépend de la distance. Pour ce qui est des barrages, les agents guinéens  n'ont qu'un seul point à  Louggue. Il y a trois autres barrages sur le territoire sénégalais avant Kédougou centre. A chaque poste, c'est 1000 FCFA si vous avez une carte nationale d'identité, à défaut c'est le double que vous payez. Entre Kidougou et Dakar, c'est 10.000Gnf en bus sur une distance de 701 km. Avant les sénégalais ne faisaient pas payer, mais maintenant, ils nous disent que vos propres agents vous demandent de l'argent. Donc, nous allons demander à notre niveau", explique ce guinéen vendeur de fruits à Dakar.

Aissatou Bailo Ly mère de trois enfants réside aussi au Sénégal, mais à chaque hivernage, elle rentre dans son village à  Mali avec son mari pour faire l'agriculture. Mais cette fois, elle est venue seule. Elle relate le calvaire qu'elle a subi lors de la traversée de la frontière.

"Sur le territoire sénégalais, j'ai tranquillement voyagé comme d'habitude. C'est à  partir de la frontière, qu'on prend la moto pour la Guinée. Mais j'ai regretté  pourquoi je suis venue. Le conducteur m'avait dit de payer aussi pour mes 2 gosses et ma tête. Après, les militaires ont aussi demandé leur part. Partout où  tu passes, tu donnes un peu. Apres évaluations, mes frais de route avec mes enfants, j'ai remarqué que ça avoisine les 100.000 FCFA (1.600.000 GNF) jusqu'à  Hansaghéré, située dans la périphérie de la commune urbaine de Labé centre. C'est dur de voyager présentement sur cet axe. On te dépouille de tout, tu rentres bredouille chez toi", confie-t-elle.

Saifoulaye Diallo conducteur de moto taxi que nous avons interrogé a témoigné que le trafic est dense en ce moment sur cet axe.  Les affaires marchent bien pour lui.

"Les gens voyagent beaucoup par ici. A tout moment, il y a un qui vient solliciter nos services. Soit, ils payent le transport et les frais de barrage, j'arrange le reste ou bien ils payent les frais de barrage à chaque point de contrôle. Rien n'est caché, c'est flagrant. Il arrive des  jours où  je peux aller 2 fois et revenir. Ceux qui nous accusent de surenchère, ne comprennent rien sur l'amortissement de nos motos. Les frais de carburant et l'entretien. Ensuite, de temps en temps il faut trouver quelque chose pour les agents sur la route au risque de t'interdire le trajet. 30.000 FCFA ce n'est pas assez sur les routes que vous connaissez. Sur le territoire sénégalais, de Kédougou à Dakar c'est bitumé. Ils font le voyage en bus. Mais ici, tu ne peux pas prendre des risques de transporter quelqu'un pour 50.000 ou 100.000 GNF. Ça ne suffit même pas pour le carburant", explique cet habitué  de l'axe.

Injuste

B.D pour sa part regrette le coût élevé du transport. "Nous avons toujours souffert sur ce tronçon entre Kédougou et Mali-centre même en temps normal. On nous réclame 10.000 Fcfa sur moins de 120km alors que nous payons le même montant pour 701 km entre Kédougou Dakar, c'est injuste. Aujourd'hui avec la fermeture de la frontière, le tarif a triplé à moto du côté  de la Guinée. Sans compter les tracasseries routières qui avoisinent les 15.000Cfa. Il faut qu'on ouvre les frontières maintenant pour faciliter la mobilité aux gens.  La mobilité  est indispensable pour nous. Les conducteurs aussi profitent de la situation pour hausser les prix comme ils veulent".

Alpha Ousmane Bah(AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 93 45 45

Créé le 9 août 2021 19:16

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