Zone de l’aéroport de Conakry : L’angoisse de certains citoyens, menacés de déguerpissement…

CONAKRY- Le déguerpissement annoncé dans la zone de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry fait des mécontents. Les familles concernées sont partagées entre, incompréhension et angoisse. Reportage.

L’opération pilotée par le Ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire chargé de la récupération des domaines spoliés de l’Etat va toucher plusieurs infrastructures y compris des écoles. Toutefois, ce ne sont pas tous les bâtiments qui sont concernés.

Cette campagne ne vise que les immeubles bâtis, jugés non conformes au règlement d’installation dans les environs de l’aéroports. Selon Mory Condé, cette action s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des réformes pour une urbanisation moderne, adaptée aux défis du développement des infrastructures aéroportuaires.

A Gbessia Port 2, l’école primaire éponyme a déjà été cochée. Des croix sont visibles partout à la devanture et derrière les bâtiments à deux étages. Ce sont des signes que cet établissement et d’autres doivent être démolis. Dans ce quartier, les équipes dépêchées par le département de l’Urbanisme et de l’Habitat, ont presque terminé les opérations d’identification. Tous les bâtiments à étages situés le long de l’aéroport ont presque été cochés, a constaté sur place un reporter d’Africaguinee.com, ce samedi 13 avril.

Nous avons fait les mêmes remarques à Faban et Yimabayah. En plus des immeubles d’habitations appartenant à des privés, ce déguerpissement va toucher même des Mosquées. Sur les lieux, les citoyens qui seront impactés ne cachent pas leur mécontentement.

Trouvée assise dans sa véranda, chapelet en main, Hadja Diakagbè Camara est dans l’angoisse. Entourée par les membres de sa famille, elle rappelle que l’immeuble où elle habite a été construit par son défunt époux. Ses enfants l’ont achevé.

« Je suis vieille et malade. La construction de cette maison a débuté en 1987 par mon défunt époux. De nos jours, ce sont mes enfants avec leurs maigres moyens qui l’ont achevé. Et subitement, on vient nous dire un seul jour de quitter les lieux. Ici, ce n’est pas un étage. Mes enfants envisagent de construire un duplex. Voyez vous-mêmes, l’endroit n’est même pas achevé. Pourtant, nous sommes loin de la cour de l’aéroport », pleure cette mère de famille qui habite au quartier Gbessia Port 2.

Elle invite le président Mamadi Doumbouya d’avoir pitié des occupants. « Nous n’avons pas où aller réellement. Je ne peux pas voir un investissement colossal de mes enfants partir à néant », a lancé Hadja Diakagbè Camara.

Nfaly Camara, un autre citoyen qui réside depuis années à Gbéssia Port 2 trouve que cette façon de faire des autorités ne pourra jamais faire avancer le pays. « C’est un beau matin qu’on a vu ces croix sur notre cour, il y a de cela cinq jours. On nous demande de tailler notre immeuble R+1 qui est là. Je trouve ça dommage et ce n’est pas normal ça. Chez les autres, ils construisent même des immeubles de R+4, R+5 à côté de l’aéroport mais il n’y a jamais de problème. Nous ne sommes pas là pour faire du mal à notre nation. On a économisé de l’argent pendant plusieurs années pour construire cette maison et un beau matin quelqu’un vient la cocher et nous demande de quitter, c’est vraiment difficile », s’indigne ce citoyen.

M. Camara explique plusieurs bâtiments situés le long de la cour de l’aéroport ont été marqués. « On se demande pour quelle raison parce que c’est nous les citoyens qui sommes proches de la cour de l’aéroport qui nettoyons ici et on le fait parce qu’on aime la Guinée. Ceux qui sont dans l’aéroport ne nettoient jamais par-là».

Fodé Soumah loge dans un immeuble R+2 à Gbessia Port 2. Il confie que tous les occupants cherchent déjà à déménager pour ne pas être surpris.

« Ça fait vraiment peur de voir des croix sur sa maison. Déjà on commence à réfléchir sur comment et où aller chercher une autre habitation. Cet immeuble a été construit sur autorisation, c’est l’administration elle-même qui a autorisé notre bailleur de construire ce bâtiment mais à deux étages puisqu’il voulait construire un immeuble de R+4 ou R+5 mais l’autorisation qu’il a eue c’est R+2. Donc ce qui veut dire qu’il est dans les règles », témoigne ce citoyen qui est dans l’incompréhension.

Mohamed Camara, propriétaire d’un immeuble R+1 déjà coché partage la même incompréhension. Il compte saisir la justice. « Quand ils ont coché mon immeuble, ils nous ont demandé de se présenter au ministère de l’urbanisme avec toute la documentation. Chose que j’ai faite dès le lendemain. Mais à ma grande surprise, quand je suis arrivé au Ministère de l’Habitat, on m’a conduit dans le bureau de l’inspecteur général.

Quand je lui ai posé la question de savoir ‘’pourquoi la croix sur ma maison qui est en règles’’.  L’inspecteur m’a répondu qu’il n’avait de pas d’information. Il ajouté qu’on lui a juste demandé de nous recevoir avec les documents et qu’après ils allaient nous rappeler. J’ai contacté mon avocat, nous allons porter plainte contre le Ministère de l’habitat et de l’urbanisme. Parce qu’on ne peut pas venir détruire ce que quelqu’un a cherché durant des années. Je ne vais pas me laisser faire, mon conseil va gérer cette affaire », a-t-il martelé.

A suivre !

Reportage réalisé par Oumar Bady Diallo et Dansa Camara

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 666 134 023

Créé le 15 avril 2024 09:13

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