Ziara Karamoko Alfa mo Labé : Retour sur un pan de la vie du fondateur de la sainte cité et la grande mosquée de Labé

LABE- Des milliers de personnes ont rallié la cité de Karamoko Alfa mo Labé pour honorer la mémoire de Alpha Mamadou Cellou Diallo dit Karamoko Alfa. La ville de Labé porte le nom de cet homme religieux à multiple dimension par affection. Les descendants de l’érudit constitués en fondation ont initié il y a 10 ans des retrouvailles annuelles pour la tenue de la Ziara Karamoko Alfa. Cette année encore, le devoir a été accompli pleinement.

De Son vrai Alpha Mamadou Cellou Diallo est le fils d’Alpha Abou Saliou et de Salimatou Fetti Sombili. Né en 1692 à Dioba, diountou(Lèlouma). C’est l’un des plus glorieux descendant de la branche des Kaaliduyaabhe issue de Kalidou ; 5eme fils de Mawnde, fils d’Illo Yaladi, arrière petit-fils de Bodhewal, ancêtre de la tribu des Diallo, lui-même fils d’Ougoubatou Ibn Yassiri et d’une princesse de Macina, de race Torodo.

Hassimiou Diallo, membre du bureau de la fondation Karamoko Alfa mo Labé a rappelé sommairement comment le destin a conduit le Saint à ce point culminant de Labé ou est bâtie la gracieuse mosquée qui porte son nom :

« Il s’agit d’une cérémonie annuelle organisée par la fondation Karamoko Alfa mo Labé pour commémorer toujours la mémoire de nos aïeux. De Karamoko Alfa mo Labé jusqu’à notre génération pour rappeler leur vie et leurs œuvres, ensuite mobiliser toute la communauté pour faire des prières, des bénédictions, des sacrifices pour le développement et pour la prospérité de notre pays. Karamoko naquit vers 1692 à Djoba(Diountou) dans la préfecture de Lélouma, son enfance c’est à Ley Billelses premiers pas à l’école coranique c’est à Sombili(Popodara) à l’âge de 7 ans, ensuite il est allé dans le Macina et au Fouta Toro dans le Bhoundou pour se performer. A son retour il fit le premier Jihad contre les mécréants à Hoorè Bougou (Kouramangui). Il décrocha une victoire inédite, ce qui donna espoirs aux autres combattants pour l’islam. A partir de là, l’organisation commence, de Hoorè Bougou, il remonte vers Popodara, Demben, Misside Hindè(Labé). C’est là qu’il murit le projet pour la mosquée. Il a rêvé de la partie où devrait être la mosquée. Cette partie qui abrite la mosquée s’appelait ‘’Bhoundou Lenguè’’. Dans le rêve, Dieu lui a montré où faire construire la mosquée. Le matin il expliqua cela à ses compagnons, puis il vint retrouver les signes sur place. En chemin il aurait rencontré un diallonké vers Telidjè auquel il a demandé où se trouve Bhoundoulenguè. Ce dernier lui aurait dit en Soussou, Labera (en bas), pour certains c’est comme ça que le nom de la ville est venu. Ils ont gardé le mot Labé au lieu de Labera ; d’autres disent que c’est le Diallonké célèbre qui s’appelait Mangalabé, c’est comme ça que le nom est resté. L’essentiel que Karamoko Alpha est remonté faire la mosquée où il a convié tous les sages du Fouta en compagnie de son ami diakanké Souman Fodé Diakhaby. C’est cette mosquée qui est là avec plusieurs changements dans les temps. Karamoko est décédé vers 1772 à l’âge de 80 ans. Il a laissé 8 enfants dont une fille Maama Aissata », explique Hassimiou Diallo.

Elhadj Mamadou Dian Diallo, journaliste fait partie de la 6eme génération des petits-fils de Karamoko Alfa mo Labé. Ce vétéran de la presse guinéenne est venu à Labé pour la circonstance. Il est plus que marqué de la tenue de la 10eme édition de la Ziara à la mémoire de l’Homme :

« Nous sommes fiers du devoir accompli, du sentiment de partage et d’union. Le patriarche qui est le fondateur de la Labé et de la mosquée a été un homme large, un homme d’une grande envergure. Karamoko Alfa durant toute sa vie il a mis l’accent sur l’unité, sur le développement, sur la cohésion sociale. Cela s’explique par la présence de toutes les communautés qui composent la ville sainte de Labé à la cérémonie de Ziara au compte de la 10 -ème édition. C’est toute la Guinée qui est représentée à cet évènement. Je suis de la 6ème génération des descendants de l’érudit. Moi, Mamadou Dian Diallo, je suis le fils de mon père, Elhadj Mamadou Samba Dougountounny, fils de Mody Oumarou, fils de Mody Mamadou samba Dougountouny, fils de MOdy Mamadou Oury, fils de Alpha Saliou fils direct de Karamoko Alpha Mo Labé (fondateur de Labé) »,a-t-il rappelé.

Ecrivaine et membre de la famille de Karamoko Alfa mo Labé, Hadja Djeinabou Koumanthio Diallo est présente dès les premières heures de la matinée pour la mémoire de son arrière grand-père. Elle salue la forte mobilisation :

« Je suis d’abord ravie de retrouver tous les membres de la famille. Les gens sont venus de loin pour prendre part à la Ziara. Je suis aussi que la mémoire de Karamoko Alfa soit respectée, il fut un grand homme qui a beaucoup fait pour la communauté, pour l’islam. L’on se rappellera que c’est un homme à plusieurs dimensions, d’abord un grand guerrier et un grand soldat, mais c’est aussi et surtout un érudit qui avait mémorisé le coran pour l’enseigner. C’est un pilier important dans la mise en place de l’Etat théocratique du Fuuta. L’une de ses dimensions, socialement il est imbattable. Il a non seulement fondé la ville de Labé, à côté, il a prévu que la ville allait abriter une mosaïque de culture, il a ouvert la ville de Labé à tous, la diversité est impeccable à Labé, ce qui continue encore », explique Hadja Djeinabou Koumanthio Diallo.

La coordination nationale des Fulbè et Haali pulaar a répondu à l’invitation. La forte délégation était conduite par le premier Vice-président Elhadj Ibrahima Onatol Diallo aussi descendant de l’érudit Alpha Mamadou Cellou Diallo dit Karamoko Alpha Mo Labé :

« La coordination s’est retrouvée à Conakry après avoir reçu une lettre d’invitation et de faire part pour participer à la grande Ziara des familles de Karamoko Alfa mo Labé. Une délégation a été désignée, en outre elle comprend Mamadou Saliou Diallo, Elhadj Baaba Gallé Camara, Hadja Oumou Diallo tous vice-présidents et moi-même Ibrahima Diallo Onatol premier vice-président. C’est avec grand plaisir que nous nous sommes retrouvés ici, parce que la coordination accorde une importance ancrée à la formation, à l’éducation, à la tenue des prières et à l’invocation du tout puissant pour répandre le bonheur et la miséricorde sur les populations guinéennes », se réjouit la deuxième personnalité de la coordination nationale des Fulbè et Haali pulaar.

Un lien très fort a existé entre Alpha Mamadou Cellou Diallo dit Karamoko Alpha Mo Labé et les Diakanké à travers leur ancêtre  Souman Fodé Diakhaby est venu à Labé sur invitation du fondateur de la sainte Cité pour l’aider à mieux implanter l’islam. Elhadj Mamadou Cissé de la 7eme génération des petits fils de Souman Fodé Diakhaby rappelle les liens :

« Karamoko Alfa mo Labé, dès son arrivée à Labé, son premier ami et confident c’est Karamoko Souman Fodé. Karamoko Alfa a dépêché Balla Tounkara (l’ancetere des Tounkara) au Soudan( actuel Mali) pour aller chercher le père de Souman Fodé, qui est Souleymaneba Diakhaby. Le père dit qu’il est empêché mais il peut envoyer son fils Souman Fodé pour apporter son soutien au chef de Labé pour l’islam. Karamoko Alfa et Souman Fodé ont multiplié les prières, finalement la grande mosquée de Labé est bâtie. Un peu avant, à chaque fois qu’on construisait, une partie tombait pendant la nuit. Quand les deux ont uni leur communion, la mosquée est restée intacte. La ville de Labé est née autour de cette mosquée devant nous. Karamoko Alpha était visionnaire, un homme ouvert. Il a prévu la place de chacun dans la ville, même les passants, ceux qui viennent juste passer une nuit et repartir. Sa place est mentionnée quelque part dans les 4 Alludje de Labé qui représentent aussi les 4 portes d’entrée de la grande mosquée. Chacun a sa part. La famille de Karamoko Alfa n’a pas oublié les relations entre leur ancêtre et le nôtre. Il nous conviait à tout. Les Kaldouyankés de Labé et les Diakankés se vouent tous les respects entre eux. Nous sommes heureux d’être à cette 10eme édition de la Ziara », témoigne Elhadja Mamadou Cissé.

Les communautés se donnent rendez-vous l’an prochain pour la même cérémonie et ce, après trois jours de lecture de coran, des prières au compte de la 10eme édition. Tout a été clôturé dans l’après-midi de ce samedi 17 Février 2022 par le grand Fidaou et la lecture de Kathmul ghur’an

Alpha Ousmane Bah

Pour africaguinee.com

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Créé le 18 février 2024 09:12