Traque des sans-papiers en Angola : Les clarifications du doyen des ressortissants guinéens à Luanda…

LUANDA-Les autorités angolaises ont enclenché une campagne ratissage visant les sans-papiers de toutes les nationalités. Des guinéens font parties des personnes arrêtées par la police. Alors que les rafles continuent, notre rédaction a pu joindre ce samedi 26 août 2023 le secrétaire général de la communauté Ouest-africaine (CEDEAO) en Angola. Elhadj Kaaly Diallo qui est en même temps le doyen des guinéens dans ce pays lusophone donne des précisions autour de la traque des sans-papiers en Angola. Il confie qu’ils sont débordés.

AFRICAGUINEE.COM : Bonjour Elhadj Kaaly, vous êtes un haut responsable de la communauté Ouest-africaine en Angola où des rafles sont organisées par les autorités. Avez-vous un nombre approximatif des guinéens retenus par les services de l’immigration à ce jour ?

ELHADJ KAALY DIALLO : Le nombre exact de guinéens dans cette situation difficile, nous ne l’avons pas pour le moment. Ces jours-ci, je n’ai pas pu me rendre au centre de détention. Même si vous y allez aujourd’hui, demain tout change parce que chaque jour on envoie des sans-papiers. Nous cherchons à dresser la liste exhaustive des guinéens détenus. Les autorités angolaises ne remontent pas de listes aux différents bureaux des ressortissants des pays installés ici. Habituellement, c’est nous qui passons demander. Nous sommes un peu submergés ici, mais dès le début de cette semaine, nous irons prendre les dernières informations au centre de détention situé à 34Km de la capitale. J’ai pris rendez-vous également avec le commandant régional de Luanda la semaine dernière pour discuter avec lui sur toutes ces questions. Après cette réunion on saura quoi faire autour des guinéens concernés.

Quels sont les documents exigés aux étrangers particulièrement aux guinéens ?

Ils réclament un séjour légal. Si vous n’en disposez pas, ils ne vous relâchent pas du tout. Ces documents sont de plusieurs catégories. C’est soit un visa touriste, un visa permanent qui vous donne le droit de rester quelques temps dans le pays et repartir mais sans travailler. Le visa de travail existe également, c’est-à-dire quelqu’un vous déclare comme un employé de son entreprise. Il y a aussi un autre visa par les liens du mariage. La garantie de vivre dans le pays dépend de celle donnée par ta conjointe. Tous les visas ont une validité d’un an renouvelable. La carte de séjour qui indique que vous vivez dans le pays et que les autorités sont informées de votre présence, c’est la résidence permanente.

Comment on obtient ces documents ?

Ce n’est pas une vente directe, mais c’est une procédure longue et difficile. Donc, il y a des catégories. Pour certains, les visas ont expiré, ils n’arrivent pas à renouveler ou n’obtiennent pas de séjour. Nous avons des citoyens refugiés également. Si vous disposez aussi de titres de réfugié et d’asile, vous êtes libre circuler. Les agents de l’immigration vont partout, ils demandent les documents. S’ils sont authentiques, on vous laisse partir. Si le papier est contrefait ou que vous n’en disposez pas du tout, on vous retient jusqu’à ce que vous ayez votre billet de passage pour votre pays. La libération d’un sans-papier est conditionnée par l’achat du billet retour au pays. Dès que son parent envoie le billet ou l’équivalent du prix, il est automatiquement libéré pour rentrer en Guinée ou son pays d’origine. C’est le seul critère officiel.

Est-ce qu’il y a des nationalités ciblées spécifiquement ?

Ils ne ciblent pas un Etat. Aucun pays n’est ciblé, la situation concerne tout étranger en situation irrégulière en Angola. Il faut que les gens le comprennent. Vous avez vu dans les vidéos qui circulent nous étions avec le commandant régional de la police lors d’une réunion tenue mercredi passé. Il a demandé à ce que les ressortissants de tous les pays viennent s’entretenir avec lui et poser des questions pour comprendre mieux la portée de l’opération. Il a indiqué que l’opération ne s’arrêtera pas quoiqu’il arrive. Son service ira jusqu’au bout. Toutefois, il a précisé qu’aucun étranger ne sera traité comme un animal. Il y a des orientations pour respecter la dignité de chacun. Il est aussi dit si des agents viennent tomber sur vous alors qu’ils ne sont pas mandatés, d’autres services viendront arrêter ces agents aussi.

Il y a certainement des guinéens qui ont engagé des procédures d’obtention de titre de séjour. Cette catégorie est-elle exemptée de la traque ?

Il y a des reçus qu’on donne à la place jusqu’à la sortie des titres de séjour. Si vraiment les reçus sont authentiques et viennent des services de l’immigration il n’y a pas de problème. De ce côté aussi, le commandant a indiqué qu’il y a trop de courtiers aussi. Certains délivrent des faux reçus et donnent à des étrangers contre de l’argent. C’est au contrôle que tu te rends compte que ce n’est pas le bon document. Après ils sont arrêtés.

J’ai demandé au commandant de considérer tous les reçus délivrés comme des reçus authentiques parce que le citoyen ne sait pas. Il dit que ce n’est pas possible. Il y a des personnes qui font des reçus pour des étrangers avec des cachets sans que le dossier ne soient à l’immigration. D’autres agents aussi prennent des reçus authentiques, les photocopient et donnent aux nécessiteux sans que ces derniers ne se rendent compte directement.

Les femmes et les enfants sont-ils exemptés du contrôle ?

Lors de la dernière réunion, ils ont dit qu’ils ne distinguent pas, leur rôle c’est de retrouver tous les citoyens illégaux dans leur pays qu’ils soient hommes, femmes et enfants. Nous avons demandé une doléance de ne pas toucher nos femmes. Là, c’est déjà acquis, la police nous a rassuré à la minute qu’ils ne vont pas arrêter nos femmes. C’est une faveur.

Est-ce que les coûts pour accéder à ces documents sont accessibles ?

Si c’est dans un circuit normal, ce n’est pas si cher que ça. Malheureusement, des démarcheurs sont partout. C’est eux qui se mettent à surfacturer les documents. Ils jouent sur le moral des demandeurs. On te dit : « Je connais un officier, un directeur qui peut nous aider moyennant 1200 ou 1500 dollars en valeur actuellement ». Mais avant c’était jusqu’à 3000 dollars, c’est avec la dévaluation que c’est allé à 1000 et quelques. C’est l’équivalent de plus d’un million de Kuanza (monnaie locale NDLR)

On ne vous a pas remontés des cas de tortures ?

Dans ces cas de figure, ils ne maltraitent personne. Ils ne font rien de mal. On les prive de leur liberté pour les envoyer hors des villes où un grand centre est construit. Il y a des maisons, des infirmeries, des restaurants et cuisiniers qui font les repas pour eux. Tous les corps sont représentés, la police de l’immigration, la justice et d’autres services comme la santé. Ils sont tous là. Votre détention prend fin dès que le billet retour est là pour vous. Ce n’est pas la prison comme certains le pensent.

Entretien réalisé par Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 28 août 2023 00:18

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