Recyclage de pneus usés à Conakry : un véritable problème de santé publique…

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CONAKRY-Il n’y a pas de sot métier, enseigne le dicton. A Conakry, la pauvreté aigue pousse certaines femmes à embrasser des métiers qui les exposent à de graves risques sanitaires. Aujourd’hui, elles sont nombreuses ces femmes qui ont choisi comme métier le recyclage des pneus usés. N’ayant pas d’autres sources de revenu, elles incinèrent ces pneus pour récupérer les fils de fer qu’elles revendent au marché pour gagner un peu d’argent afin de subvenir à leurs besoins. Ces femmes vivent souvent dans l’anonymat, dans des conditions très précaires. Africaguinee.com a rencontré l’une d’entre elles. 

Cecile Millimono âgée d’une quarantaine d’années est recycleuse de pneus usés depuis 7 ans. Une  activité qui consiste à  brûler les pneus et recycler les fils  de fer en rondelle. Ces fils une fois récupérés, sont pliés par tas avant d’être drainés sur les différents marchés. Ces fils sont très convoités dans les ménages pour la cuisson. En effet, ces fils bien enchevêtrés par tas sont placés en suppositoire dans le fourneau. Là-dessus on met le charbon, une manière pour les femmes d’économiser le charbon. Cécile vit des revenus tirés de cette activité avec sa famille depuis des années. 

Sous un soleil de plomb, Cécile Millimono ploie les fils de fer recueillis dans la cendre noire des pneus qu’elle a incinérés la veille à 1heure du matin. Elle mène cette activité à la décharge d’ordures de Dar-es-Salam. Sans gangs ni bavettes de protection, elle est vêtue en pagne et un foulard à la tête. Elle n’a pas d’autres alternatives que de faire ce travail malgré les nombreux risques sanitaires qu’elle encoure.    

« Nous faisons ce travail pour nos enfants, un jour s’ils vont grandir ils pourront nous aider à quitter ici.  On a choisi ce travail difficile mais nous avons beaucoup d’intérêts parce qu’on ne quémande pas, on ne demande pas à quelqu’un de nous accorder un crédit. Le prix de la scolarité de mes enfants c’est ici j’enlève, je m’habille et j’habille mes enfants ici. Nous faisons cela, ce n’est pas parce que ça nous plait mais nous n’avons rien à la maison et mon mari est décédé. Actuellement, c’est moi qui nourris mes enfants. A Conakry il n’y a pas un marché où on ne vend pas ces fils. Ils achètent en gros avec nous et gagnent des intérêts dedans. Nous vendons à 1 000 francs guinéens un enchevêtrement de fils, mais au marché les détaillants revendent à 1 500 francs, parfois ceux qui sont en ville vendent à 2 000 francs. On s’en sort et on rend service. C’est pourquoi nous avons décidé d’exercer  cette activité », affirme Cécile avec fierté alors qu’elle manille les fils entre ses doigts. 

Cette activité a changé positivement la vie de Cécile.  Elle arrive à joindre les deux bouts avec ce métier qui lui procure un revenu pour subvenir aux besoins de sa petite famille.  

« J’ai beaucoup gagné dans cette activité et mes enfants n’ont pas faim. On paye la location et tous nos besoins financiers c’est ici. Et actuellement, beaucoup de femmes font l’économie dans l’utilisation du charbon pour la cuisine », précise-t-elle. 

Difficultés…

Comme dans toute activité, celle du recyclage des pneus aussi a ses difficultés. Cécile est consciente des conséquences négatives liées à la pratique de cette activité, mais elle n’a pas d’autres alternatives.

« Des foisOn a  des maux de corps mais si tu n’a pas les moyens tu es obligé de faire ça pour assurer les besoins de ta famille.  Donc tu acceptes de souffrir jusqu’à un jour si tu meurs c’est fini. On souffre, on nous insulte et on nous demande de quitter mais nous n’avons pas le choix.  Avant on ramassait les sachets en plastiques, on pèse par kilo, on revend au marché. Mais depuis longtemps ils ont fermé l’usine qui était ici. Ensuite, quand le déguerpissement a commencé,  les agents sont venus gâter nos marchandises. Quand je calcule, la perte peut dépasser 5 millions de francs guinéens. On est en train de nous demander de quitter.  Mais si on nous enlève ici comment on va subvenir au besoin de nos familles ? », s’interroge Cécile.

Cette dame a explique qu’elle achète ces pneus usés avec des jeunes au Port et à Dixinn gare. « On paye un pneu à 15 mille francs guinéens. Le prix  du déplacement, c’est 20 mille francs guinéens. Une fois  arrivée en bas de la décharge, on paye d’autres jeunes qui vont nous les transporter ici. Après on les brûle à 1 heure du matin, le matin on vient ramasser les fils de fer pour commencer le travail. Pendant la journée ce n’est pas bon de le faire à cause de la fumée», raconte-t-elle.  

Cécile est consciente des dangers qui la guètent, mais elle minimise les risques. « Il y a des dangers parce que le feu a beaucoup de risques mais même le charbon de bois tue les gens. On n’a vécu cela ici.  Nous n’avons pris aucune disposition, mais nous travaillons avec intelligence pour réduire les risques. Ce n’est pas la fumée des pneus qui nous dérange, mais plutôt la fumée des ordures qu’on brûle ici. Surtout pendant cette période  de soleil, des fois on n’arrive même pas à ouvrir les yeux. Certains d’entre nous tombent malades mais de toute les façons un être humain quand la maladie vient que tu respires la fumée ou pas tu vas tomber malade », philosophe-t-elle.  

Cécile demande au Gouvernement de l’aider à trouver un autre travail. « Nous sommes fatiguées de faire ce travail et certains ont pris de l’âge, même moi. Mais je n’ai pas les moyens de quitter pour faire le commerce. C’est pourquoi le Gouvernement doit aussi nous aider ».

Interrogé, un spécialiste de la Santé a indiqué que l’inhalation de la fumée dégagée par les pneus  provoque des maladies pulmonaires. « Ces fumées retentissent sur les poumons pas sur le cœur. Généralement, au fil du temps ça empêche la respiration », alerte Dr Camara.  

A rappeler que le maire de la commune de Ratoma a récemment pris une décision interdisant cette pratique à cause des conséquences sur la pollution de l’environnement. 

 

Un reportage de Bah Aissatou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 14

Créé le 2 juin 2019 19:14

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