Présence signalée de « terroristes » en Guinée : Les vérités de Bah Oury…

Bah Oury, leader de l'UDRG

CONAKRY- « Notre pays est en proie à des activités terroristes ! » Cette annonce faite par le ministre de la Justice, Charles Alphonse Wright, le 17 novembre 2023, suscite des réactions. Interrogé par Africaguinee.com sur « menace sécuritaire », l’ancien ministre de la réconciliation nationale Bah Oury a livré son analyse. Le président du parti UDRG soulève des zones d’ombres. Entretien exclusif !

AFRICAGUINEE.COM : Il y a juste une semaine, les autorités judiciaires ont signalé la présence de terroristes sur le territoire guinéen. Comment réagissez-vous face à cette annonce ?

BAH OURY : Depuis des années, j’attire l’attention de tout le monde sur le fait que le développement du terrorisme est lié à des facteurs qui sont d’ordre sociologique et d’ordre sociétal. Les conditions qui ont fait que l’idée du terrorisme s’est développée dans le Sahel, sont : la pauvreté, des zones enclavées, l’absence de sécurité, des gouvernances non équitables qui développent des dynamiques ethno-stratégiques. Nous pouvons les retrouver partout. Tout cela concourt à faire prospérer des sentiments de révolte au niveau d’une frange des populations.

C’est la raison pour laquelle, la question de la stabilité, la question d’une meilleure gouvernance, la question d’une équité et la lutte farouche et déterminée contre les attitudes ethno-stratégiques des certaines des élites africaines, sont indispensables pour prévenir des situations où l’hydre terroriste pourrait prospérer.

A l’heure actuelle, nous, nous sommes à l’intérieur du pays dans le cadre de la prolongation des activités liées aux recommandations des assises pour sensibiliser les populations sur les processus de réconciliation nationale. Cela va aussi dans le sens de prévenir des velléités terroristes qui peuvent être réelles.

J’ai vu dans des dépêches comme quoi, des terroristes sont en Haute-Guinée et en Guinée forestière, et qui chercheraient à travailler dans les mines et qui ne cherchent pas à faire du mal.  Comment on peut traiter des gens comme étant des terroristes et qu’ils viennent se promener dans notre pays à la recherche du travail ? Cela veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est soit, ce ne sont pas des terroristes, donc, c’est des populations qui cherchent à gagner leur vie en cherchant du travail. Donc la question qui est posée est celle de savoir : Sont-ils des terroristes ? Sont-ils vus avec des armes ? Ont-ils commis des actes ? Sont-ils des populations qui devant des désespoirs cherchent une zone où trouver du travail et gagner leur vie ? Il faut clarifier.

Et de ce point de vue, les autorités judicaires doivent être très claires sur la définition de ce qui est terroriste et de ce qui ne l’est pas. Parce que tout le monde est présumé innocent avant d’être accusé d’être terroriste. Donc je pense que, d’abord, il faut qu’il ait une définition claire et un constat judiciaire qui peut amener quelqu’un à être traité de terroriste. Pour le moment, personnellement, je ne le vois pas.

Selon vous, quelles mesures nos autorités doivent-elles envisager pour prévenir de cette menace ?

D’abord, je pense que la gestion de ce dossier relève en principe du conseil de la défense nationale, qui doit incorporer des entités étatiques importantes y compris la présidence, le ministère de la défense, le ministère de la sécurité, le ministère de l’administration du territoire, bien entendu le ministère de la justice. Je ne citerai que ceux-là. Mais je dois dire que c’est une question de très haute importance et qui est éminemment politique et stratégique au plus haut de l’Etat guinéen. Il ne peut pas être traité comme un dossier subalterne qui peut être traité par un secteur aussi soit-il sans une concertation globale de l’ensemble des entités qui doivent être impliquées dans la gestion de ce dossier éminemment sensible.

On est dans un pays où les suspicions sont profondes. Il y a déjà certains qui voient une manœuvre un peu « tordue  » pour retarder le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Est-ce que vous pensez à de telles manœuvres ?

Je ne pense pas à de telles manœuvres. D’ailleurs, la meilleure manière de prévenir ces velléités ou éventuellement le développement des dynamiques à caractère « terroriste » dans notre pays, c’est de faire correctement ce qui doit être fait dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel. La meilleure prévention, c’est une meilleure gouvernance. Respecter le processus tel qu’il est engagé et restaurer une politique en conformité avec les attentes et les espoirs de la population. C’est cela qui permet d’assurer la cohésion nationale et l’unité du pays. Cela est indispensable. La lutte contre le terrorisme c’est avant tout le renforcement de la cohésion nationale et la consolidation du vivre ensemble.

Aucun pays ne peut être victime d’attitude ou d’attaque terroriste si le vivre ensemble et la cohésion sont pris en compte par tous les secteurs dans la société. D’où le fait aujourd’hui, dans le sens du développement de la sensibilisation pour la réconciliation nationale, ce n’est pas parce qu’il y a des conflits antérieurs majeurs en Guinée, c’est surtout pour prévenir d’éventuels conflits, d’éventuels dynamiques de déstabilisation de notre pays en renforçant le vivre ensemble et la cohésion nationale. Si cela est fait, la Guinée avec bien entendu, l’appui des autres aspects politiques, sécuritaires…, peut faire face à n’importe quelle menace émanant de ce phénomène.

A suivre…

Dansa Camara

Pour Africaguinee.com

Créé le 23 novembre 2023 09:11

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