Pr. Maladho Siddy Baldé : «Le NON de 1958 n’a eu que des effets positifs pour la Guinée…»

CONAKRY-La Guinée s’est débarrassée du joug colonial français en votant « NON » le 28 septembre 1958 lors d’un référendum historique. Cette date mémorable reste gravée dans les annales de l’histoire du pays. Ce vote rappelle aussi le courage du peuple de Guinée et de son Premier Président Ahmed Sékou Touré à rompre toute relation avec la France du Général Charles De Gaulle. Africaguinee.com revient sur cette page avec le Professeur Maladho Siddy Baldé, historien et enseignant-chercheur à l’Université général Lansana Conté de Sonfonia. Interview !

AFRICAGUINEE.COM : Le « NON » du 28 septembre 1958 a été le catalyseur qui a permis à la Guinée d’accéder à son indépendance.  Pourquoi la Guinée s’était-elle distinguée des autres territoires francophones en votant Non ?

PROFESSEUR MALADHO SIDDY BALDÉ : Je suis très précis sur certains concepts. Le vote du 28 septembre 1958 n’est pas un fameux vote. C’est un vote historique, de fierté, de mobilisation, un vote exemplaire dans l’histoire de la colonisation française. Ce vote me rappelle beaucoup de choses, mémorables et historiques. La Guinée a voté Non, non pas par méconnaissance, par ignorance ou par accident, c’est un aboutissement logique d’un long processus de développement historique. Autrement dit, c’est un processus sur la mobilisation entière d’un peuple majeur. Une éducation politique d’un peuple qui prend conscience de son rôle historique. Donc, la Guinée, a obtenu une opportunité rare dans l’histoire, qu’une puissance coloniale vienne avec un projet politique, qui demande de choisir entre la liberté ou la non liberté.

Pour un peuple mobilisé, un peuple conscient, prêt à sauter sur une telle occasion, eh bien, c’était l’occasion solennelle. Ce n’est pas par accident ou par coïncidence que la Guinée a voté Non au référendum proposé par Charles De Gaulle. Et, la rencontre entre De Gaulle en 1958 et les autorités guinéennes, ayant à leur tête, Ahmed Sékou Touré, était déjà un signe annonciateur de ce qui va arriver le 28 septembre 1958.

De nos jours, d’aucun estiment que c’est cette audace de feu Ahmed Sékou Touré qui continue d’avoir des répercussions sur la Guinée. Partagez-vous cette analyse ?

Encore une fois, je rectifie. Ce n’est pas de l’audace. Et ce n’était pas l’acte d’un seul individu. C’est une consécration d’un long processus, d’une mobilisation et une prise de conscience d’un peuple, qui arrive à prendre une position, un acte politique. Donc ce jour-là, ce n’était pas l’individu Ahmed Sékou Touré qu’il fallait voir. C’est le porte-parole d’un peuple qui a pris conscience de son devoir, de son rôle, qu’il fallait voir et comprendre. Ce n’est pas une question d’individu, c’est une question de peuple majeur et qui était prêt à assumer ses rôles et ses responsabilités. Pour moi, il y a une répercussion.

Le Général De Gaulle à Conakry

C’est que, le peuple de Guinée continue à assumer ses rôles et ses responsabilités, il continue à s’affirmer comme un peuple majeur et responsable. Maintenant, si vous voulez parler des faiblesses ou dire que la Guinée souffre parce qu’elle a voté le 28 septembre négativement, je dis que non. La Guinée, on ne voit que l’aspect positif, hautement responsable, qu’elle a démontré en 1958 au sein de l’ensemble du système colonial français en Afrique. Et certainement, vous devez retenir que la Guinée a été le deuxième pays dans le monde dans le système français à prendre ses responsabilités et le premier pays en Afrique noire à prendre ses responsabilités.

Pensez-vous que le Non n’a apporté que du bonheur à la Guinée ?

Historiquement, pour moi, il n’a apporté que du bonheur. Le bonheur politique, le bonheur pour la dignité, etc. Nous avons acquis trois choses fondamentales : nous avons acquis un territoire indépendant, nous avons acquis un état souverain, nous nous sommes montrés comme un peuple majeur. Et ça, on ne peut aller l’acheter nul part.

A cette nouvelle génération partagée entre des positions ambivalentes sur le sens du vote de septembre 1958 quel message avez-vous à lui adresser ?

Je lance un appel fraternel, un appel citoyen à l’ensemble du peuple de Guinée, particulièrement aux jeunes (la nouvelle génération), pour qu’elle se souvienne de cet acte. Qu’ils sachent que cet n’est pas une simple coïncidence. C’est un acte réfléchi, historique, qui distingue la Guinée comme un peuple majeur, qui fait du guinéen un homme et une femme responsables devant l’histoire, devant les destinées du pays. Les difficultés sont inhérentes à tout développement historique. Mais moi j’estime que la Guinée a tiré beaucoup plus de bénéfices que de difficultés, de challenge ou de défis.

Ahmed Sékou Touré

Cette jeunesse doit mobiliser les forces, multiplier les efforts pour faire de la Guinée un pays de paix, de liberté mais aussi un pays de bonheur, de sécurité, de cohésion nationale, d’entente, un pays dont les communautés sont intégrées les unes, les autres. La Guinée n’a aucune raison de défier cela. Aucune raison de se diviser, aucune raison de distinguer une ethnie sur une autre ou de distinguer une région sur une autre. Tous les guinéens que nous sommes aujourd’hui, on est venu trouver la Guinée en place.

Dansa Camara DC 

Pour Africaguinee.com

Créé le 28 septembre 2023 11:09

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