Mountagha Kann, entrepreneur agricole à Kindia : « Comment mes champs de manioc et d’ananas ont été dévastés… »

KINDIA-Les incendies de champs agricoles peinent à être endigués dans la région de Kindia, en Basse Guinée. Mountagha Kann, un jeune entrepreneur agricole qui travaille dans le domaine de l’agriculture industrielle vient d’être victime. Ses champs d’ananas et de manioc situés à Foulayah ont été dévastés par un incendie le dimanche 24 mars 2024. La victime qui s’est confiée à Africaguinee.com dénonce un acte criminel et appelle les autorités à agir.

AFRICAGUINEE.COM : Vous avez été victime d’incendie dans vos plantations. Expliquez-nous ce qui s’est réellement passé ?

MOUNTAGhA KANN : C’est dans la journée du 24 mars 2024, aux environs de 11h midi qu’on m’a appelé pour m’informer qu’il y a le feu dans mon champ de manioc d’un hectare et demi et un champ d’ananas de 28 000 pieds, tous situés à Wontinko Foulayah. Je me suis déplacé pour aller voir. Et effectivement, il y avait le feu qui avait fini de consumer le champ d’ananas. Aucun plant n’est sorti et le champ de manioc aussi, la plus grande partie, près d’un hectare, est allée en fumée. Donc, on n’a vu aucune personne, rien du tout. On n’a pas vu de trace du début du feu et nous n’avons aucun mobile pour déterminer l’origine et qui a mis le feu.

Qu’est-ce vous avez entrepris comme action dans l’urgence ?

Quand j’ai vu cet incendie dans mon champ, la seule chose que j’ai faite, c’est d’aller auprès des autorités et de faire une déclaration d’incendie. Comme vous le savez, on ne peut jamais mener les enquêtes à leur terme. Donc, je ne suis pas là pour dire qu’il faut faire des enquêtes, qu’il faut chercher Paul ou Pierre, car on ne trouvera jamais la personne qui a incendié ce champ. Sur le site, il n’y avait aucun mobile pour déterminer le criminel. Donc, on n’a que nos yeux pour pleurer, et ce qui est fait est déjà fait. J’ai perdu énormément d’argent, d’efforts physiques et financiers.

A combien pouvez-vous estimer vos pertes ?

Pour le moment, je ne peux pas estimer le montant perdu en termes d’investissement. Mais pour mettre en place un hectare de manioc, j’ai dépensé énormément d’argent. Le champ l’ananas demande beaucoup de moyens et son entretien demande beaucoup d’argent surtout en cette période de saison sèche. Il faut arroser le champ régulièrement 3 fois dans la semaine, il faut payer les gens pour le faire, acheter le carburant. A côté, il faut désherber, toutes ces activités-là demandent de l’argent. Alors, chaque semaine, il faut dépenser. Donc je ne peux pas dire exactement et en attendant de faire le bilan pour savoir exactement combien j’ai investi jusqu’à ce stade.

Le champ de manioc s’étend sur un hectare et demi de plus de 8000 m². Il est parti en fumée, il ne reste presque ½ hectare. Pour les ananas, tout a été consumé : 28.000 plants, rien n’a été sauvé. On ne peut rien récupérer là-bas.

Est-ce que c’est la première que vous êtes victime d’un incendie de ce genre ?

C’est la deuxième fois. Mais la première fois, comme il y avait déjà une ceinture, un pare-feu, il y a certes eu le feu, mais on a très tôt pu le maitriser. Nous avions empêché le feu de traverser et brûler nos champs, mais cette fois-ci on n’a rien pu faire.

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités surtout au nouveau ministre de l’agriculture et d’élevage ?

Ce que nous demandons aux autorités, c’est de nous aider à protéger le foncier agricole. Parce que je ne comprends pas pourquoi et pour intérêt quelqu’un aurait de brûler un champ d’une personne. Il faut que les agriculteurs et les éleveurs soient séparés et que les agriculteurs soient protégés des éleveurs parce que c’est le seul mobile qu’on a là-bas. J’appelle les autorités à nous aider à réglementer ce secteur et à protéger les agriculteurs. Parce qu’il n’y a pas l’assurance agricole en Guinée.