Monique, vendeuse d’huile de palme : « Avec ce commerce, j’ai construit une maison… »

Monique Loua

NZEREKORE-Dans la préfecture de Nzérékoré, en Guinée forestière, la production, le commerce d’huile de palme, constituent l'une des principales sources de revenus de nombreuses femmes. A l'occasion de ce mois de mars dédié aux Femmes, notre correspondant dans la région forestière est allé à la rencontre de ces braves femmes, installées dans le quartier Gonia, principal lieu de négoce de l'huile rouge, dans la commune urbaine de N'Zérékoré. 

Autrefois très florissant, la filière de la production de l'huile a été connu un "coup d'arrêt", occasionné par la survenue l'an dernier de la maladie à coronavirus et maintenant la résurgence du virus Ebola. Les prix ne sont plus stables sur le marché et la demande chute. Les vendeuses se plaignent.  

Mère de 4 enfants, Monique Loua s’est lancée dans le commerce d’huile rouge il y a 19 ans avec un fonds de roulement de 200.000 Gnf. C'est grâce à ce commerce qu'elle parvient à prendre en charge sa famille. Cette mère de famille a pu construire sa maison et améliorer son activité.

« C’est en 2002 que j’ai commencé ce commerce. On prenait le bidon d’huile de 20 litres à 17.000 Gnf à l'époque. Je n’avais que 200.000 Gnf comme fonds de roulement. Et je prenais 10 bidons au début. Aujourd’hui, je peux acheter jusqu’à 50 à 100 bidons. Ça dépend de ce que je gagne sur le terrain. Depuis que je me suis lancée dans le commerce d’huile, je remercie Dieu, je parviens à satisfaire mes besoins vitaux. Grâce à ce commerce, j’ai pu construire une maison et je me suis achetée une machine d’extraction d’huile de noix de palme. J’ai quatre enfants et c’est grâce à ce commerce que je parviens à les prendre en charge», témoigne Monique Loua.

Si avant, elle s'en sortait très bien, cette commerçante, explique que le commerce d’huile n’est plus rentable actuellement. L'une des principales causes est liée aux effets de la crise sanitaire.

«Avant, il y avait plus de gain dans le commerce d’huile. Quand on achetait des bidons d’huile rouge, il pouvait avoir un écart de 10 à 20.000 Gnf entre le prix d’achat et le prix de vente. De nos jours, il y a beaucoup de personnes qui se lancent dans le commerce d’huile. Si tu as des clients dans les villages avec lesquels tu prends un bidon, par exemple, à 130.000Gnf, ils viennent acheter à 140.000 Gnf. Ce qui fait qu’on ne gagne plus beaucoup de bénéfices. Avant, l’huile était moins cher. Mais, actuellement, le prix est élevé. A cause de la maladie, les gens ne travaillent pas et cela impacte notre commerce. Avant tu pouvais trouver plus de 50 femmes dans les villages pour l’achat de l’huile, actuellement, on n’en trouve que 8 à 10 femmes. Avant, on vendait le bidon d’huile de 20 litres à 120.000, 130.000Gnf, maintenant c’est entre 150 et 160.000 Gnf», témoigne-t-elle.

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Il y a de cela 25 ans que Mariam Camara se lançait dans le commerce en détail d’huile rouge à Nzérékoré. Persévérante, cette femme ravitaille ses clients dans les quatre coins du pays.

« J’ai commencé par un bidon de 10 litres et je revendais en détail. Après, j’ai commencé à prendre 20 litres, petit à petit j’ai évolué. Aujourd’hui, je peux acheter jusqu’à 200 à 300 bidons. J’ai des clients un peu partout à Conakry, Labé, Siguiri qui envoient de l’argent pour que j’achète de l’huile pour eux. Le début n’a pas été facile, mais avec la persévérance, je suis parvenue à m’en sortir. Mon marie et moi avons pu soutenir nos enfants grâce à ce commerce », explique-t-elle.

Ayant perdu son époux depuis 5 ans, Eugénie Kolié parvient à subvenir au besoin de sa famille grâce à son commerce d'huile de palme. Elle témoigne. « J’ai perdu mon mari il y a 5 ans. Il m’a laissé avec 7 enfants. La charge était trop. C’est grâce à ce commerce que j’ai pu les soutenir jusqu’aujourd’hui. Mon mari était enseignant. Il ne gagnait pas grande chose. C’est grâce à ce commerce que j’ai pu soutenir les enfants dans leur cycle scolaire. Le plus petit aujourd’hui fait la 5ème année et il étudie dans une école privée. Grâce à Dieu, je parviens à satisfaire leur besoin. Aujourd’hui, j’ai trouvé une parcelle dans laquelle je compte construire bientôt pour, au moins, arrêter de payer les frais de location. Actuellement, j’embarque des bidons d’huile pour Siguiri. Là-bas il y a ma fille qui réceptionne puis, elle fait la vente et m’envoie l’argent par transfert», confie la veuve Kolié Eugénie.

Le commerce d’huile reste confronté à des difficultés liées, notamment, à la variation brusque des prix. C'est ce que confie Monique Loua.

« Par moments, tu peux aller acheter de l’huile, à ton retour, tu trouves que le prix que tu avais laissé a diminué. Tu ne pourras pas dire que tu vas garder. Tu es obligé de sortir vendre à perte pour continuer à faire ton commerce. Parfois, à ton retour, tu trouves qu’il y a la rareté sur le marché. Comme ça le prix monte automatiquement. Il y a des hauts et des bas c’est valable pour le commerce. En ce qui concerne l’envoi à Conakry, il y a assez des difficultés. Tantôt, ils vont te dire le bidon n’était pas rempli, ou on t’envoie l’argent petit à petit.», précise Monique Loua.

 « Le commerce ne marche pas actuellement. A cause des maladies, il y a beaucoup de personnes qui ont peur de venir ici. Ils disent qu’il y a la maladie chez nous. Donc, je demande au gouvernement de se battre pour éradiquer ces maladies», ajoute Mariam Camara.

 

Paul Foromo SAKOUVOGUI

Correspondant régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré

Tél. : (00224) 628 80 17 43

Créé le 11 mars 2021 10:41

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