Manque d’eau à Lélouma : Le calvaire des femmes de Bourgnèlé…

Une femme puisant de l'eau dans l'unique source du village

LELOUMA- L’eau est une denrée vitale. Mais dans certains endroits de la Guinée, château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, elle est un « luxe » voire même un trésor. Pour l’obtenir, il faut creuser, s’armer de patience et de courage. C’est l’autre paradoxe saisissant de la Guinée, arrosée par plus de 1 165 cours d'eau.

Dans la localité de Bourgnéelè, district de Djidaala, sous-préfecture de Balaya située à une dizaine de kilomètres du centre de la préfecture de Lélouma, la problématique de l’eau se pose avec acuité. Les femmes parcourent des kilomètres pour s’approvisionner en eau dans une source en voie de tarissement. Le calvaire est indescriptible.

L’eau puisée dans cette source n’est pas potable. Les citoyens se plaignent très souvent de douleurs abdominales. C’est par dizaine que les femmes s’alignent. Le seul puits dont dispose le village est à sec. Notre correspondant à Labé est allé à la rencontre de ces femmes. Elle raconte leur dur quotidien.

« Nous éprouvons des difficultés énormes pour trouver de l’eau pour nos besoins vitaux. Dans cette source, nous croisons les animaux venus s’abreuver. Après le passage de ces animaux, on ne peut pas puiser parce que l’eau devient sale. Il faut patienter pendant près d’une heure jusqu’à ce que les impuretés disparaissent. Une fois à la maison, il faut filtrer l’eau avant de l’utiliser. C’est un vrai calvaire. L’eau est sale, c’est même visible à l’œil nu, mais nous n’avons pas le choix », déplore Bailaou Diallo, la soixantaine.

Hassanatou Diallo, habite ce village depuis une vingtaine d'années, chaque matin dès le lever du jour sa première préoccupation est comment trouver de l’eau pour ses travaux quotidien de ménages. Elle prend la direction de l’unique source d’eau du village. En plus de la corvée d’eau, les habitants de ce village sont exposés à des maladies hydriques.

« C’est tout un problème pour avoir de l’eau dans notre village ici. Le matin nous ne pouvons rien faire d’abord dans nos concessions à cause de ce manque d’eau. On se lève à l’aube et nous cherchons de la compagnie parmi les femmes du village pour aller puiser parce qu’on a peur de s’aventurer toute seule dans la brousse. Nos maris sont inquiets à la maison quand nous sortons. Mais on n’a pas de choix. Nous faisons la queue ici pour gagner de l’eau. C’est devenu une habitude pour nous, on ne sent pas tellement la corvée. Nous parcourons plus de trois kilomètres dans l’inquiétude parce que nous laissons les bébés au village. Cette source nous la partageons avec trois autres villages à savoir : Bourouwi, Bouréko, et Doghnel. Lorsque nous lavons, le riz ou le fonio avec cette eau, nous la réutilisons pour le préparer. A la venue de la saison pluvieuse, nous avons des maux de ventre avec nos enfants. Tout cela est causé par les microbes et autres parasites contenus dans cette eau que nous consommons. Nous demandons aux bonnes volontés de l’aide pour trouver de l’eau potable », plaide Hassanatou Diallo, nourrice.

Le manque d’eau n’est pas la seule difficulté rencontrée par les habitants de Bourgnélè. Les malades sont transportés dans des hamacs vers le centre de santé à 18 kilomètres du village explique Mamadou Pété Diallo, chef secteur.

« On est conscient que l’eau que nous consommons n’est pas propres. Nos problèmes de santé sont liés à cette eau qui n’est pas suffisante.  Le centre de santé le plus proche est à presque 15 à 18 kilomètres. En plus, même si tu as un malade ici, certains il faut utiliser un hamac le porter à travers l’épaule pour les transporter au centre de santé. Je suis un relais communautaire au village ici, si un enfant tombe malade et qu’on n’arrive pas à le traiter, nous l’évacuons au centre de santé de Balaya », témoigne le chef du village.

Le maire de la commune rurale de Balaya a effectué une première visite dans cette source d’eau. Attristé par cette peine quotidienne endurée par les citoyens de cette bourgade, il a lancé un appel à l’aide à l’endroit des bonnes volontés pour porter assistance à ce village.

 « Nous avons vu le calvaire que rencontrent ces femmes pour trouver de l’eau, c’est ma première fois de venir à cette source. On a constaté que quand elles puisent l’eau devient boueuse. Il faut attendre des heures… ce n’est pas facile. Cette eau peut être source de maladies, c’est évident. (…) Si les trois villages se rencontrent ici au même moment pour la quête d’eau, il y aura des problèmes. Nous demandons de l’aide à tout le monde, aux résidents et ressortissants », lance le maire Mamadou Oury Diallo

Depuis Labé, Thierno Oumar Tounkara

Pour Africaguinee.com

Créé le 22 avril 2022 17:13

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