La république violente, La république violentée : Quelle république pour la Guinée?

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BORDEAUX-« Le chef de l’Etat arrive, je lui cède ma place ! La préséance lui revient ! C’est ce que j’ai fait. Il a prononcé son laïus. Et, après, j’ai repris mon témoignage. Je ne peux pas faire autrement. Je suis républicain ! ». Témoigne, Monsieur Cellou Dalein Diallo, Président de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).                      

L'image est saisissante, le contraste nous interpelle. La Constitution consacre à l'alinéa 1, de son article premier, « La Guinée est une République unitaire, indivisible, laïque, démocratique et sociale. […] », Ce qui dans le fonctionnement de nos institutions nous renvoient à des valeurs et des principes fondamentaux auxquels l'Etat, le peuple et le citoyen doivent promouvoir et respecter.

De quoi s'agit-il exactement ? Et pourquoi cela devrait il nous intéresser? Voilà deux questions qui vont construire notre raisonnement aux vues de l'état de la République en Guinée et du danger que l'on puisse relever du comportement de nos élites.

Gustave Le Bon, anthropologue, psychologue et homme politique français, dans son livre " La psychologie des foules.", ne disait-il pas que « Le véritable progrès démocratique n'est pas d'abaisser l'élite au niveau de la foule, mais d'élever la foule vers l'élite. »? Cette citation doit trouver son écho dans la réalité observée ´ de la démocratie politique et institutionnelle en Guinée. Car le spectacle que nos élites politiques offrent au peuple indique clairement que le but du scénario est de rassembler et de tirer profit de la foule pour des fins électoralistes,

Il vous souviendra dans le jeu politique, démocratique et institutionnel depuis l'avènement de cette démocratie en 1990, du pluralisme politique à travers le multipartisme en Guinée, on assiste progressivement à la désacralisation de la République (des citoyens).

Plusieurs incidents ont émaillés le cours de l’histoire politique et démocratique de la Guinée. On peut rappeler entre autres : la campagne électorale de l’élection présidentielle de 1993 Alpha Condé (RPG) et Lansana Conté (PUP). Ensuite, la campagne électorale de l’élection présidentielle de 1998 Ba Mamadou (UNR) et Lansana Conté (PUP). Dans le contexte de la transition en 2010, dans l’entre deux tours de l’élection présidentielle, suite aux évènements de Siguiri, le Général Sékouba Konaté dans le souci d’inviter les deux candidats en lice et à la rencontre de Cellou Dalein Diallo, a (garde rapprochée) eu une vive altercation avec, Bah Oury, 1er Vice – Président de l’UFDG. Et enfin le dernier date, lors du symposium du parti de l’unité et du progré (PUP), à la mémoire de Lansana Conté, qui a vu le Chef de l’Etat et le leader du premier parti de l’opposition se mettre en scéne devant le peuple. Les contextes de ces trois affaires sont différentes,  mais se ressemblent sur un point, car mettant en scène le Chef de l'Etat et Président de la République face à des challengers (opposition politique). Loin de toute idée de faire porter les germes de cette attitude à une entité politique donnée. Mais la démarche consiste à présenter les faits dans leurs similitudes pour pouvoir analyser les données politiques.

Dans le scénario actuel, l'exception guinéenne comme une particularité dans la manifestation du jeu démocratique conduit les acteurs politiques à porter atteinte aux institutions de la république. Institutions dont ils sont à la conquête ou exercent des attributions à leurs noms. Cette réalité, ne reflète guère la maturité démocratique et républicaine de la part des différents acteurs,

La République et les valeurs républicaines appellent au respect des institutions, à la loyauté envers elle et à la dignité de la fonction détenue.

Cela doit être dit et observer par le pouvoir actuel et se refléter dans son comportement institutionnel, comme il est posé dans son serment « […] je jure devant le Peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la constitution, des lois, et des décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale. […] ».

Aux citoyens et au peuple, les valeurs de la république telles que consacrées par les dispositions des articles 22 et 23, doivent se refléter dans leurs quotidiens, car elles constituent le sens de la création de l'Etat de Guinée et de l'aspiration des pères fondateurs, des pères réformateurs de la république qui ont appelés et souhaités la construction d'une Nation.

Si depuis 2010, le peuple se réjouit de l'arrivée d'un civil au pouvoir, de l'organisation d'élections démocratiques  qui favorisent la participation du citoyen aux affaires politiques et institutionnelles de l'Etat, les gouvernances politiques et institutionnelles semblent menacées la République dans son existence. La violence s'érige en mode de gestion politique et institutionnelle. Les lois de la République semblent être muettes face à cette triste réalité. La justice gardienne des libertés, des droits fondamentaux et garante des institutions est inexistante et réduite à de simples formalités procédurales sans suites et sans effets. Pendant ce temps la République est pris au piège.

L'avenir de la république doit échapper aux réalités que nous observons dans l'attitude des institutions et des communications véhiculées. Il  doit être protégé et soumis au respect des valeurs et principes qui l'incarnent.

Quelle leçon a tirée des récents événements qui ont eus lieu lors du symposium du parti de l'unité et du progrès PUP, à la mémoire de l'ancien Chef de l'Etat et Président de la République? Mémoire dit- on?

La constitution de 2010, en son article 44, consacre que « Les anciens Présidents de la République prennent rang protocolaire immédiatement après le Président de la République dans l'ordre de l'ancienneté de leur mandat et avant le Président de l'Assemblée Nationale. Ils peuvent être chargés de missions spéciales par le Président de la République. Ils bénéficient d'avantages matériels et d'une protection dans les conditions qu'une loi organique détermine. ». Il était donc de la responsabilité de l'Etat et du respect de la république que le pouvoir actuel et dans le futur ne laisse pas cette commémoration à la famille politique du défunt président. Car au-delà de toute considération et reconnaissance politique, ce dernier a été de par son statut et par sa fonction Président de la République. La constitution lui consacre des privilèges et reconnaissance institutionnelle qui dépasse le clivage, l'enjeu politique et électoraliste qui est apparu dans les derniers événements. Cela doit être corrigé et inscrit dans le programme de la Chancellerie Nationale en Lettre d'Or, pour la mémoire collective et celle de la république.

Souleymane TOURE

Bordeaux-France

Créé le 22 décembre 2014 19:48

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