« Resurrection de Baldé Sadio » par Africaguinee.com: Émouvant témoignage de Ahmadou Lamarana DIALLO…

J’ai suivi avec émotion le documentaire de Africaguinee.com qui nous retrace l’histoire du célèbre artiste musicien pastoral Sadio Baldé. Je ne saurais exprimer exactement l’émotion que j’ai ressenti en voyant défiler les images du Fuuta Jalloo sur l’écran de mon téléphone avec le fond sonore de la célèbre chanson « Djere leele », cette mélodie qui a bercé mon enfance comme tout enfant de mon âge m’a replongé dans mes souvenirs et ravivé ma nostalgie. Ɓernde dogitay ka woowi.
Baldé sadio est cet artiste que tout poullo Fuuta actuel a entendu la musique a défaut d’avoir fredonné une de ses chansons. Le travail de Alpha Ousmane est remarquable voire historique, c’est grâce à ce documentaire que les légendes qui entouraient la vie et la mort de ce Guinéen sont enfin dissipées.
Quand j’étais enfant à Kindia au milieu des années 1990, il se racontait que cet artiste a été tué (ou empoisonné selon d’autres) par sa femme française avec laquelle il s’était lié sous condition de ne plus revenir dans son pays natal, que celle-ci aurait perçu comme une trahison que Baldé Sadio chante « ñalnde goo tun mi hootay Gine  » (un je retournerai en Guinée) qu’un interprète lui aurait traduit. On nous disait que les femmes blanches n’acceptaient pas que les noirs qui les épousent retournent en Afrique, et nous y avons crû dur comme fer. Ɗayre no yurmi!..
En grandissant j’ai compris que cette histoire grotesque ne saurait être vraie. Mais où avoir la vraie histoire ? Je ne sais pas, je ne connais nulle part où aller la trouver, aucune personne qui saurait me la procurer. ɓay hari gooto andaa.
Je me rappelle d’une publication d’un ami sur Facebook à la recherche des informations sur l’histoire de Baldé sadio, aucun commentaire parmi les dizaines qu’il a obtenu ne savait dire quelque chose au contraire la majorité des intervenants y compris moi-même exprimait le même souhait.
Entre-temps, une anecdote personnelle a invité de façon inattendue une chanson de Baldé sadio dans ma vie, l’écrivaine Burundaise Valerie Masumbuko me demande de lui traduire la chanson « mi hootay Gine » je m’aperçois immédiatement que ma traduction exprimait mon propre désir de retourner en Guinée, je me rends compte que je venais de passer une décennie à l’étranger. L’émotion m’envahit, le cœur lourd je passe une soirée d’anxiété et de nostalgie, le même soir elle publie une vidéo portant l’inscription « À mon mignan Lamarana Poulloh qui a la nostalgie après 10 ans en dehors de la Guinée » où elle apparaît vêtue en leppi et fredonnant la chanson de Baldé sadio.
Le flou autour de l’histoire de l’homme à la voix suave et la guitare aux notes qui rappellent le Country songs des Etats Unis d’Amérique, persista jusqu’au jour où j’ai découvert la première partie de ce documentaire, je vois le doyen Abdoulaye Diallo son ami et compagnon montrer une guitare, des photos et quelques objets personnels de l’artiste, ce fut une révélation, je compris enfin le sens du passage « goonga maa ngara Baydallaahi ».
Abdoulaye Carter Diallo, tenant la guitare de Baldé Sadio
Le mystère venait d’être percé, l’histoire tragique de Sadio de mon enfance laisse place à la vraie histoire, celle racontée par les témoins oculaires. Goonga kan feeñii
 Quelques jours plus tard je tombe par hasard sur le reste du documentaire, Alpha Ousmane est dans son village natal, Bhundu Teli, le doyen Saamely son frère, sa belle sœur et danseuse Sira Kamissa Baldé, son neveu Alimou et son ami d’enfance Elhadj Alpha Amadou Diallo, chacun relatant une partie de sa vie familiale, artistique et son aventure…. j’étais sur les nuages jusqu’au témoignage de son frère qui révèle que la famille n’a pas perçu un seul franc des droits d’auteurs de Bah Sadio depuis 23 ans. La tristesse et la colère remplacent ma joie. Je m’interroge qu’est ce qui a occasionné cette interruption brusque du versement de ces droits ? Peut-être un autre documentaire nous édifiera.
Alpha Ousmane Bah
D’ici-là nous demandons l’État et toutes les bonnes volontés de soutenir ce journaliste et ses collaborateurs, afin qu’il nous continue à redécouvrir ou a découvrir les richesses culturelles et historiques de notre chère Guinée. Félicitations à AOB d’avoir ressuscité Baldé Sadio dans nos cœurs. O jarnaama o weltanaama fota.
Si les américains ont Bob Dylan premier chanteur prix Nobel de littérature (2016) Sadio Baldé reste et demeure une référence pour la musique pastorale et source d’inspiration des nouvelles générations et ses chansons serviront à enseigner le Pular à l’image de la musique de Bob Dylan pour les apprenants de l’anglais. À ce titre il mérite des honneurs posthumes pour service rendu à la nation.
Quant à moi qui vis actuellement loin de ma ville natale avec la nostalgie je garde l’espoir que ñande goo mi hootay Gine.
Bonne fête d’indépendance à tous mes compatriotes.
Ahmadou Lamarana DIALLO
Professeur à L’AILM (Académie ivoirienne des langues maternelles)
Abidjan, Côte d’Ivoire.
Créé le 3 octobre 2023 14:56

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