Africaguinee.com, un média utile (Par Bailo Binta)
Je veux être. Quoi ? Soldat, Journaliste, etc.
Ouf ! c’est très simple !
Sais-tu être cruel et sans scrupule ? Oui monsieur. Alors tu feras un bon soldat !
Et toi, as-tu un Avis (surtout et donc sur n’importe quoi) ? Oui monsieur. C’est super. Car c’est sûr que tu feras un excellent journaliste.
« Simple caricature », m’objectera le lecteur. Et pourtant, c’est comme ça que nombre des guinéens raisonnent au sujet de ces deux professions (et d’autres). Mieux (ou pire), dans ces professions, le recrutement n’échappe pas à cette logique d’élection du médiocre, j’allais dire, d’érection du médiocre en absolu Normal.
Tout le monde peut-il être soldat ou journaliste ? Non (j’espère que ce Non me vaudra toutes les faveurs des héritiers autoproclamés du « Noneur » de 1958 !). Mais concession. Je pose que tout le monde peut s’autoriser le titre de journaliste. Par conséquent, que l’organe de régulation (devenu un des bras forts de la police politique de la jungle au pouvoir), délivre une carte de presse à tous ceux qui en demande. A bon demandeur salut !
Cependant, tout ce qu’écrivent ceux qui ont une carte de presse n’est pas du journalisme. Car le substantif Journalisme va de pair avec les épithètes Bon et utile. Dans sa fronde anti-classiciste, le pape du romantisme français disait qu’il n’y a pas de mots roturiers et des mots sénateurs. Soit. Sans vouloir offenser ce dieu de la Lyre (par le détournement de sa formule), je dirais tout de même qu’il y a du journalisme roturier et du journalisme sénateur, parce qu’il y a des sujets roturiers et des sujets sénateurs mais aussi un traitement roturier et un traitement sénateur de ces sujets.
Ceux qui choisissent des bons sujets (en partant chercher la bonne et utile information) et en font un traitement rigoureux, font du journalisme sénateur. C’est ce que fait Alpha Ousmane Bah. Il traite toujours de sujets intéressants et utiles. Jamais de titres racoleurs sans contenu ; jamais de interviews désarticulées avec des questions de coq-à-l’âne.
Je passe le reportage qu’il avait réalisé au sujet d’une école-masure dans un coin de je ne sais plus quelle ville ; je passe également son reportage sur un autre coin reculé du fameux château d’Afrique où la population s’empoisonnait depuis une éternité avec une eau de source que nul bétail ne devrait boire. La liste est trop longue. Je m’arrête sur le reportage qu’il vient de réaliser sur Bah Sadio. Ce travail est tout simplement formidable.
Car Bah Sadio était une légende (au sens le plus prosaïque du terme). Désormais, on sait que, avant de devenir un artiste, il est (je le dis au présent, car « l’art est un anti-destin », dit l’autre) avant tout un homme, né quelque part, qui a une famille et qui est mort suite à une maladie. Jusque-là on savait qu’il était un NOIR qui a épousé une blanche à qui il avait promis de ne jamais quitter la France. Cette dernière l’avait assassiné après s’être faite interpréter son morceau Hotin kamin par un peul. Elle avait vu dans ce morceau l’expression publique de la sournoiserie du NOIR Bah Sadio.
En réalité, de tout cela, il n’en est rien. Témoignages de première main à l’appui, le reportage d’Alpha Ousmane Bah, nous éclaire minutieusement sur le parcours de Bah Sadio. Ainsi donc, la légende meurt et la légende (Bah Sadio) apparaît au grand jour. On ne saurait trop remercier le journaliste qui a réalisé ce reportage et le média pour lequel il travaille. Car il s’agit là d’un journalisme qui article soucis de la connaissance et souci de la promotion de l’art.
Cependant, si ce reportage me réjouis, il me sidère et me révolte aussi. Car je viens d’apprendre qu’aux yeux du BGDA et de Soul Bang’s, Bah Sadio n’est pas ou plus un artiste. Il n’est même une personne, c’est-à-dire, quelqu’un qui a une famille. Ces droits d’auteurs ne sont plus versés à sa famille. Quant à Soul Bang’s, il reprend Diéré lélé sans informer la famille de Bah Sadio : c’est seulement à la veille de la sortie du clip qu’un des membres de la famille en est informé. Là encore, on sait pour quelle raison : c’est pour éviter le même scandale que celui qu’avait suscité la reprise de Bhoulon ndiouri par sa femme.
Justice : il faut que le BGDA règle cette histoire de droits d’auteurs non versés depuis vingt trois ans et que Soul Bang’s s’acquitte de son devoir. Je soutiens toute initiative dans ce sens. Justice et réparation !!!
Une fois encore, bravo à Alpha Ousmane Bah et à Africaguinée. La légende sans la légende continue !
Créé le 3 octobre 2023 07:45Nous vous proposons aussi
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