Fièvre jaune à Koundara : les précisions de Dr Kalouba Koivogui…

Dr Kalouba Koivogui

KOUNDARA-La préfecture de Koundara située au Nord-Ouest de la Guinée est frappée par une épidémie de fièvre jaune qui a déjà fait une dizaine de victimes sur près de 30 cas recensés. Comment en est-on arrivé là ? Africaguinee a interrogé le Directeur préfectoral de santé de Koundara.

AFRICAGUINEE.COM : parlez-nous de cette maladie apparue à Koundara ?

 DR KALOUBA KOIVOGUI : C’est depuis le mois d’octobre, l’hôpital préfectoral de Koundara a commencé à recevoir des enfants de moins de 15 ans, malades de fièvre accompagnée d’ictère. Au début, c’était de façon sporadique et isolée. 

Les médecins de la pédiatrie ont pensé que c’était un cas de paludisme grave qui était là. C’est ainsi qu’ils ont procédé au test rapide (TDR) du paludisme qui s’était révélé positif au niveau de chacun des enfants. Donc ils ont lié ça au paludisme grave, ils ont fait la prise en charge, il y a eu quelques-uns qui s’étaient améliorés. Mais au fur-à-mesure les cas venaient. Début novembre, on a constaté que les cas sont devenus nombreux. Cela a attiré l’attention de tout l’hôpital. C’est ainsi que le Directeur de l’hôpital préfectoral a notifié à la direction préfectorale de santé. En ma qualité de Directeur, je les ai instruis de faire des prélèvements, parce que ce qui est beaucoup plus inquiétant là-dans, les derniers malades qui venaient maintenant étaient associés au saignement. Donc il y avait la fièvre et le saignement.

Qu’est-ce qui a été fait par la suite ?

Dès qu’ils me l’ont dit, j’ai demandé à ce qu’ils procèdent au prélèvement et on va acheminer au laboratoire des fièvres hémorragiques de Coronthie (Conakry). Chose qui a été réalisée. Donc deux échantillons avaient été prélevés les 6 novembre. Les agents continuaient à recevoir les cas qu'ils prenaient en charge.

Nous avons alerté les centres de santé, les postes de santé et personnel de l’hôpital afin que tous les cas de fièvres soient orientés à l’hôpital, précisément au centre de traitement épidémiologique de Koundara (CETEPI).

Alors, ce n’est que le 19 novembre que nous avons pu avoir les résultats des deux échantillons dont l’un était positif à la fièvre jaune. Nous avons été informés par l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS).

Lorsque la maladie a été confirmée qu’est-ce que vous avez fait ?

Nous avons aussitôt activé notre centre d’opération d’urgence local de Koundara, nous avons mobilisé les agents, ensuite procédé à l’information de tout le personnel de santé. Nous avons fait la définition des cas que nous avons partagée dans toutes les structures de santé, pour leur demander d’orienter tous les cas qui présentaient des signes de fièvre. Nous avons fait également une enquête rétrospective à travers les documents des centres de santé, postes de santé, cabinets de soins pour voir si d’autres cas similaires n’étaient pas passés inaperçus dans ces structures. Alors nous avons pu recenser ces cas, on a documenté. Nous avons fait une base de données qu’on a communiquée à l’agence nationale de sécurité sanitaire. Nous avons rédigé des rapports, l’agence nous demandé de faire un plan de riposte parce qu’un cas de fièvre jaune est synonyme d’épidémie. Nous leur avons proposé un plan budgétisé qu’ils ont amandé.

Le ministère de la santé, à travers l’ANSS a mis en route une équipe de renfort au niveau de cette préfecture.  Cette équipe est arrivée il y a de cela quatre jours. Alors arrivée ici, ils ont convoqué une réunion de travail avec l’équipe cadre, le personnel de l’hôpital, on a fait une feuille de route, un protocole d’investigation. Ce qui nous a permis de sortir sur le terrain investiguer tous les cas probables. Avec la répartition géographique, trois axes ont été identifiés sur lesquels on a mis des sous-groupes qui sont allés pour investiguer autour des cas pour voir s’il n’y a pas d’autres cas dans les villages. Depuis trois jours ce travail est en train d’être fait et les cas suspects sont orientés au CETEPI.

Est-ce que vous avez pu déterminer les causes de cette maladie ?

Nous avons mis en place une équipe d’entomologistes qui est en train de tourner aussi pour dénicher le vecteur de cette épidémie. Déjà ils ont constaté qu’il y a effectivement les larves de l’AEDS puisque la fièvre jaune est due à la piqure du moustique du genre (AEDS). Donc cela a été retrouvé dans certaines localités, un rapport va être élaboré et sera partagé. Mais pour le moment l’investigation continue et la prise en charge également. Les cas suspects sont référés au CETEPI.

Mais c’est une maladie qui est causée par la piqure de moustique chez l’homme. Les singes, généralement quand ils tombent malades ou meurent, c’est souvent les chasseurs qui annoncent très tôt l’épidémie. Ces singes-là peuvent être piqués par des moustiques au cours de prélèvement de leur repas sanguin, ils transportent les larves et ils injectent des personnes saines qui contractent la maladie.  Le moustique l’AEDS peut vivre en ville et au village parce qu’il y a des habitations qui sont entourés des marigots.

Depuis son apparition, avez-vous enregistré des cas de décès ?

Effectivement d’ici que le diagnostic ne soit confirmé, il y a eu des décès. Aujourd’hui nous sommes près de 27 cas dont 13 décès. Il y a eu des cas qui sont arrivés au CETEPI avec des tableaux très sombres, ceux-ci n’ont pas pu être sauvés. Donc en tout nous avons enregistré 13 décès y compris les décès communautaires.

Comment se manifeste cette maladie ?

Elle se manifeste par la fièvre. Dans sa phase aigüe, par les douleurs musculaires, les vomissements, l’ictère, la coloration jaune des conjonctives. Cette phase peut être compliquée mais il y a une période de rémission ou le malade se sent soulagé. Mais quelques jours après, la fièvre revient avec force, cette fois-ci accompagnée d’ictères, d’hémorragie, céphalées, myalgies, nausées.  Ces hémorragies peuvent être digestives et nasales ou au niveau de tous les orifices du corps. C’est aussi une maladie contagieuse à travers la piqure de moustique.  

D’abord c’est une maladie qui est causé par la piqure de moustique chez l’homme. Les singes, généralement quand ils tombent malades ou meurent, c’est souvent les chasseurs qui annoncent très tôt l’épidémie. Ces singes-là peuvent être piqués par des moustiques au cours de prélèvement de leur repas sanguin, ils transportent les larves et ils injectent des personnes saines qui contractent la maladie.  Le moustique l’AEDS peut vivre en ville et au village parce qu’il y a des habitations qui sont entourés, des marigots.

Quelles sont les couches les plus vulnérables face à cette maladie ?

Ce sont les enfants de moins de 15 ans. Ils constituent la couche la plus vulnérable face à cette épidémie.

Comment les populations doivent se prémunir de cette maladie ?

Nous sommes en train de sensibiliser à travers l’investigation. Nous faisons d’abords des prélèvements ensuite la sensibilisation. Nous avons tenu une réunion, les sous-préfets, les organisations de la société civile, les notables de la ville sous l’égide de monsieur le préfet.  Objectif : parler de la maladie, inviter les populations à se protéger contre les piqures de moustique en dormant sous des moustiquaires imprégnées.

Chaque sous-préfet a également tenu une réunion de sensibilisation au niveau de sa population. Les six sous-préfectures ont organisé cette activité et même dans les mosquées, la sensibilisation y est faite.  Nous avons également demandé aux populations d’accepter les entomologistes qui sont des chercheurs et qui sillonnent les différents ménages pour prélever les eaux de boissons, canaris et autres, susceptibles d’être à la base de cette maladie afin qu’elle soit éradiquée dans la préfecture.  

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (664-72-76-28)

Créé le 29 novembre 2020 10:25

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