Fermeture de « Kunfabo » en Guinée : Les révélations « choc » de Fadima Diawara…

CONAKRY-Kunfabo, une entreprise spécialisée dans la conception et la Commercialisation de Téléphones Mobiles ferme ses portes en Guinée. L’annonce a été faite par sa fondatrice, Mme Fadima Diawara. L’entrepreneure accuse l’ANIES (agence nationale de l’inclusion économique et sociale), d’être à l’origine de cette fermeture.  Et pour cause, cet Établissement public administratif de l’Etat guinéen aurait refusé de payer son entreprise ses prestations. Un contrat de livraison de 40 000 téléphones. Cette situation qui pénalise la firme contrainte aujourd’hui de mettre les clefs sous le paillasson. Dans cette interview, Fadima Diawara fait des révélations sur l’accord qui liait Kunfabo à ANIES. Elle interpelle les autorités.

AFRICAGUINEE.COM : Dans une récente tribune vous vous êtes attaquées à certaines entités de l’Etat, qui selon vous, sont en train d’anéantir les jeunes qui veulent investir en Guinée. Pourquoi ?

FADIMA DIAWARA : Kunfabo est une entreprise technologique qui a exécuté un contrat au nom de l’ANIES, (agence nationale de l’inclusion économique et sociale). On l’a accompagné dans son projet de transfert monétaire pour fournir des téléphones pour les personnes bénéficiaires de ce transfert monétaire. On a exécuté ce contrat depuis 2021, on a un bon de commande qui atteste cela, on a un accord tripartite signé par toutes les parties prenantes. On dispose également d’un bon de commande et de livraison, signé par la direction générale de l’ANIES.

Depuis 2021, ça fait deux ans demi, on n’a pas de perspectives de paiement. Cela constitue un manque à gagner énorme dans la comptabilité de Kunfabo. Ce qui fait que Kunfabo est obligée de fermer ses portes pour le moment en Guinée. Donc, à date, nous avons fermé nos locaux en Guinée jusqu’à ce qu’on soit rétabli dans nos droits. Parce que Kunfabo s’est endetté auprès des banques et partenaires également pour pouvoir exécuter cette commande de l’ANIES. On n’a pas de retour de la part de la direction générale de l’ANIES. Il n’y a aucune de visibilité sur une perspective de paiement. Ce qui m’a amené à alerter les gens, les autorités. Il fallait ce coup de cœur pour faire entendre notre voix, et annoncer la fermeture de Kunfabo en Guinée. La cause de cette fermeture est liée au non-paiement de notre dû par l’ANIES.  Également, nous avons interpellé les autorités afin qu’elles se penchent sur ce sujet. Actuellement, on a fermé l’entreprise, licencié les travailleurs. Je pense que ce n’est pas une bonne image pour notre pays.

Combien d’appareils avez-vous livré à l’ANIES dans le cadre de cet accord ?

Nous avons personnalisé et livré 40 000 téléphones à l’ANIES.

A la suite de votre tribune, l’ANIES a fait un communiqué dans lequel la direction a démenti l’existence d’un contrat qui lierait votre entreprise et à l’institution. Qu’en dites-vous ?

Je pense que c’est une façon de manipuler l’opinion publique et c’est de la mauvaise foi. Le bon de commande prouve à suffisance que nous avons un contrat avec l’ANIES. Ils disent qu’on n’a pas un contrat mais ils oublient qu’on a un accord tripartite signé. Ils ont omis cette partie en disant qu’il n’y a pas un contrat.

De toute façon, s’il y a un bon de commande signé par la direction générale de l’ANIES, un bon de livraison signé par la même direction, un accord tripartite dont ils sont signataires, ça veut dire qu’ils prennent part à cette opération. Ça prouve à suffisance que l’ANIES croit en cet accord. Et, ils sont responsables de notre fermeture en Guinée. C’est aussi une façon pour eux de s’expliquer de façon malsaine dans cette affaire.

A combien peut-on estimer le montant dû ?

Pour cette commande, on parle de plus de 3 milliards de francs guinéens. Kunfabo s’est endettée pour réaliser cette opération. Donc imaginez, deux ans et demi d’endettement, les pourcentages qu’on doit payer sur ces crédits sont plus grand que les trois milliards de francs guinéens maintenant. Parce que ça fait plus de deux ans. Et les banques n’ont pas pitié dans de pareilles conditions.

Nous avons expliqué et interpellé l’équipe dirigeante de l’ANIES, il n’y a pas de retour, c’est un blackout total. On a interpellé les autorités en adressant des lettres au cabinet du premier ministre, à la Présidence, au Secrétariat général du gouvernement, à la ministre des Petites et Moyennes entreprises, au ministre postes, télécommunication et de l’économie numérique, ils sont tous courant. J’ai fait cette sortie pour interpeller l’opinion et attirer l’attention des autorités. J’ai fait cette sortie en connaissance de cause, parce que j’ai mes preuves, c’est donc pour interpeller une fois de plus. Je ne suis pas en bras de fer avec l’ANIES. Ce que je veux, c’est que les autorités puissent les pousser à payer notre argent.

Quelles sont les parties signataires de cet accord ?

Dans cet accord, on a la société générale des banques en Guinée, Orange Guinée, l’ANIES et Kunfabo. Ce sont les quatre parties signataires de l’accord tripartite. L’accord dit que Kunfabo fournit les téléphones, la société générale a donné le prêt à Kunfabo pour financer cette opération. Et Orange qui hérite des téléphones de Yup qui était la filiale de Orange Money de Kunfabo mais qui a fermé. Yup a fait faillite et fermé ses portes. C’est ainsi que ANIES a donné le contrat de Yup à Orange Guinée pour continuer l’opération afin de ne pas paralyser le projet. On a cet accord, eux-mêmes ils le reconnaissent dans leur communiqué qu’ils nous doivent de l’argent. Maintenant, s’ils essaient mettre cet accord à côté pour jeter le discrédit sur les gens, je me dis que c’est de la mauvaise foi et de la manipulation pour confondre les gens.

Selon vous, qu’est-ce que cette attitude peut engendrer comme conséquences ?

Ça n’encourage personne. En tout cas moi ça ne m’encourage pas. C’est pourquoi je dis qu’on ferme nos portes de Kunfabo en Guinée. Mais heureusement, l’Afrique est un continent. Si ce n’est pas la Guinée, ça sera un autre pays.

Nous allons choisir un pays d’adoption. Mais pour le moment, nous demandons que l’ANIES nous paie ce qu’ils nous doivent, que l’Etat essaye de voir avec eux comment nous mettre dans nos droits. Parce que c’est un EPA, qui engage donc l’Etat. Tant que nous ne sommes pas en payés on n’ouvrira pas en Guinée et on continuera nos activités dans un autre pays d’adoption.

La Guinée a tout de même changé de dirigeant depuis le 5 septembre 2021 et le Colonel Mamadi Doumbouya, l’actuel président, dans ses premiers mois au pouvoir était réceptif aux porteurs de bons projets comme vous. Est-ce que vous avez tenté de le rencontrer dans ce sens ?

Je suis en Guinée régulièrement, mais honnêtement je n’ai pas eu le temps de rencontrer le président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya.  Mais pour le cas du non-paiement de notre dû par l’ANIES, il y a eu beaucoup de changement depuis le 5 septembre. Après, on a pris attache avec la nouvelle équipe dirigeante, on a communiqué avec eux. La dernière réunion que j’ai eue avec l’ANIES, c’était le 12 septembre passé 2023, je suis allée dans leurs locaux et difficilement on m’a reçue, parce que l’actuelle équipe, notamment le Directeur général et sa suite ne voulaient pas me voir. J’étais obligée de forcer un rendez-vous pour qu’ils m’expliquent pourquoi ça se bloque. C’est vrai que c’est (une nouvelle équipe), mais ils sont là-bas depuis plus d’une année, donc ça n’explique la lourdeur administrative. Même s’il y a de la lourdeur, ça ne peut pas s’expliquer parce qu’il y a des gens qu’ils paient quand-même. Qu’ils y mettent de la volonté pour nous payer aussi.

Qu’est-ce que vous sollicitez concrètement ?

Je veux être rétablie dans mes droits. Qu’on me paie pour que je puisse payer mes partenaires, les banques parce que là c’est ma crédibilité qui est en jeu. Kunfabo n’est plus crédible sur le marché guinéen à cause de cette situation que nous vivons, aucune banque locale ne veut nous prêter de l’argent, aucun investisseur ne veut mettre de l’argent dans Kunfabo Guinée ce qui veut dire que Kunfabo est paralysée, vue que nous sommes en rouge, on s’est endettés pour exécuter ce contrat. Dans tous les cas, on ne gagnera plus rien dans les trois milliards de francs même s’ils nous paient. Moi, ce que je recherche, c’est de pouvoir payer les banques auxquelles je dois de l’argent, redevenir crédible au niveau de ces banques pour pouvoir prendre d’autres et continuer mes activités et faire en sorte que les investisseurs ne doutent pas de notre crédibilité.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 21 octobre 2023 14:43

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