Exode rural au Foutah : A Koubia, des villages menacés de disparition…

Village de Botoko

KOUBIA- L’exode rural est défini comme une « Migration des habitants des zones rurales, et principalement de la population agricole, vers les zones urbaines ». Au sens strict, il signifie « un départ en masse », selon le Larousse.

Botoko un village qui relève de la sous-préfecture de Missira, préfecture de Koubia, en moyenne Guinée, n’est pas épargné par ce fléau. Dans cette localité, où les populations vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage, l’exode rurale a atteint un seuil inédit. La bourgade risque d’être effacé du découpage administratif.

Le départ massif des habitants, notamment les bras valides à destination des villes, constitue une menace majeure. Botoko, est en passe de devenir un village fantôme, parce que vidé de ses habitants. A ce jour, il est occupé par une dizaine de personnes.

Des bâtiments flambant-neufs sont à l’abandon. Dans les maisons d’habitation, le constat est évocateur d’une localité en voie de disparition : des toiles d’araignées, des murs lézardés, des toitures décoiffées. Les visiteurs sont frappés par cette réalité déchirante. L’exode est sans précédent. Ceux qui résistent encore à la migration ont peur de voir ces maisons en dur s’écrouler sur des humains. Certains d’ailleurs ne sont là que pour s’occuper de leurs parents.

Entouré de ses petits-enfants, Elhadj Ibrahima Sory, centenaire et notable du village garde un hypothétique espoir que la terre de ses ancêtres ne disparaîtra pas un jour.

« Les adultes dans notre localité ici, c’est Bano, Souleymane, Kadiatou, Houleymatou, Hawa et moi. Le reste sont des enfants. Tous les natifs sont partis, ils sont intéressés par la recherche du bien-être. Au moins, si ceux qui sont riches acceptaient de revenir de temps en temps, rester un peu, ça allait sauver le village. Nous ne voulons pas que ces maisons s’écroulent, mais pour qu’une maison soit entretenue, il faut qu’elle soit habitée. Beaucoup de ces infrastructures sont bien faites, mais les toiles d’araignées ont fini par les entourer car toutes les portes sont fermées et personne ne vient ouvrir ces jolis bâtiments. Ils sont laissés à l’abandon », explique Elhadj Ibrahima Sory, le sage de la localité.

Les gardiens du temple

Thierno Souleymane Diallo, sexagénaire, est lui aussi natif de Botoko. Il se rappelle des années « 90 ». La belle époque.  Le village était animé, rempli de monde, avant que l’exode ne commence. Pour éviter que le village ne disparaisse, lui et sa famille ont décidé de rester.

« Dans les années ‘’90’’, il y avait beaucoup de monde ici et puis tout le village s’est vidé en un laps de temps.  Botoko est devenu un hameau isolé. Quand on fait le compte, on peut à peine atteindre une dizaine d’hommes en ce moment. Nous les aînées, nous sommes au nombre de deux. Moi et un autre monsieur dénommé Bano plus les cinq enfants que vous avez trouvés en notre compagnie. Nous sommes restés comme des gardiens du temple pour ne pas que notre village soit laissé à la merci du temps. Beaucoup de personnes ont tourné le dos à notre village. Pourtant, des ressortissants nous en avons beaucoup à Labé en ce moment. Ici à Botoko nous n’avons pas de lieu de culte et nous souffrons d’un manque d’eau, à un moment, nous avons pris l’initiative de réparer mais les moyens faisaient défaut. Toute la fortune que les gens de Botoko amassent ailleurs, le point de départ c’est chez nous », indique Thierno Souleymane Diallo.

Houleymatou Diallo, est l’une des rares femmes qui habite à Botoko. Elle évoque la solitude et interpelle les ressortissants du village.

« Nous vivons dans la nostalgie et la solitude, il n'y a pas beaucoup de monde ici. Lorsqu’il y’a des cérémonies, c’est nous seules qui sommes là, qui préparons et faisons tout le ménage. Nous souhaitons que nos parents reviennent afin que nous puissions prendre soin de notre village car tout ce que tu cultives ici réussit. Mais c’est lorsqu’il y’a des bras valides pour faire ce travail. Nous sommes là pour prendre soin de notre père, toutes ses femmes sont décédées, même si vous lui dites de partir en ville, il ne va pas accepter, nous sommes auprès de lui.

Parmi les cases qui sont là, certaines sont tombées, d’autres les toitures sont parties emportés par le vent. Les bâtiments en dur sont là mais il n’y a personne dedans. L’hôpital est très éloigné de nous. C’est soit nous partons à Nila, Tangaly ou à Korfo. Tous ces centres hospitaliers sont distants de nous. Il n’y a pas un forage fonctionnel ici, nous utilisons l’eau d’un puits » déplore-t-elle.

Si rien n’est fait par les ressortissants pour revenir ou investir dans la localité, Botoko risque d’être effacé du découpage administratif. Cette bourgade n’est pas la seule confrontée à ce phénomène. Au Foutah, plusieurs localités, vidées de leurs bras valide, sont en voie de disparition, à cause de l’exode rural.

Depuis Labé, Thierno Oumar Tounkara.

Pour Africaguinee.com

Créé le 25 mars 2022 12:52

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