Entretien exclusif : Les révélations du Juge Francis Kova Zoumanigui sur le « kidnapping » avorté de ses enfants…

CONAKRY-Africaguinee.com a été reçu ce mercredi 3 avril 2024 par Francis Kova Zoumanigui. C’est cet éminent magistrat qui dirige actuellement la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), institution judiciaire mise en place par les autorités de la transition pour lutter contre la délinquance financière et ses corolaires. La semaine dernière, deux de ses enfants ont été victimes de tentative d’enlèvement devant leur école. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à votre quotidien électronique, le président de la CRIEF, revient sur cette rocambolesque scène qui touche à sa famille.

AFRICAGUINEE.COM : Deux de vos enfants ont été victimes de tentative d’enlèvement devant leur école. Comment cela s’est passé ?

FRANCIS KOVA ZOUMANIGUI : Il y a deux de mes enfants qui ont effectivement échappé à une tentative d’enlèvement. Une fille et un garçon. Mais la fille, elle était en classe pour finaliser son évaluation. C’est le garçon de 13 ans, le plus âgé, qui était dehors avec ses amis. Il leur est généralement interdit de sortir de la Cour de l’école. Mais ce jour-là, l’enfant avec ses amis étaient dehors. C’est là qu’un individu est venu, il a cherché à les tromper.

Aux dires des témoins et ses camarades qui étaient avec lui, d’ailleurs ce sont ses amis qui ont empêché mon fils (de parler), ou l’ont d’ailleurs sauvé.  Quand le monsieur a commencé à demander leur identité, le nom de leurs papas, il a interrogé deux garçons, mais vu que ces derniers hésitent, il a changé de stratégie pour leur demander quelles sont les différentes parties d’une moto ? Là, les enfants ont commencé à décrire la moto. Il s’est particulièrement intéressé à mon fils pour lui demander qui est son père.

Le petit voulait répondre mais ses amis l’ont interrompu en demandant au monsieur pourquoi ils s’intéressent aux noms de leurs papas. Il a finalement dit ce n’est pas grave. Il a dit à mon fils de monter sur la moto, histoire de tromper la prudence des autres enfants. L’enfant était sur le point de monter sur sa moto, aussitôt ses amis l’ont tapoté en lui demandant : qu’est-ce que tu fais comme ça ? Le monsieur portait une sacoche, un sac en bandoulière qui contenait quelque chose aux dires des enfants. C’est qui les a effrayés un peu. Ils lui ont demandé ainsi : pourquoi tu t’intéresses à notre papa ? Et puis il a sorti son téléphone en faisant défiler des images et en montrant à mon fils. Mais l’un des amis à mon enfant lui a dit s’il pose des questions sur son père, de ne pas lui répondre. C’est ce qui a poussé l’enfant à être hésitant. Mais dès qu’il a sorti ma photo dans son téléphone, le petit était sur le point de lui avouer. Mais heureusement ses amis l’ont tiré de là, ils ont commencé à crier sur le monsieur. Et il a commencé à réagir en vociférant. Mais voyant que les gens voulaient l’interpeller, il a fui. Mais ce que les enfants m’ont expliqué, c’est quand ils ont vu mon image sur le téléphone du monsieur, c’est là qu’ils ont commencé à se douter.

Comment avez-vous été informé de cette histoire ?

Je quitte généralement le bureau à des heures un peu tardives. Je trouve que les enfants dorment déjà et je ressors également très tôt. Ce jour quand je suis rentré, l’enfant dormait. Mais le lendemain, il m’a interpellé en me disant que quelque chose de bizarre s’était passé à l’école. Il m’a décrit la scène.

Quelle a été votre réaction ?

Quand j’ai appris cette scène, ça m’a troublé parce qu’à la veille de ce scénario, il y a quelqu’un qui a tenté à plusieurs reprises de me corrompre ici. Et pour ce cas d’ailleurs, j’ai engagé une procédure contre la personne auprès de la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire), la suite, vous l’aurez car je n’hésiterai pas de sanctionner cette attitude. J’ai déjà l’attention des autorités en leur remontant toutes les pièces à conviction. C’est quelque chose que je compte bien sanctionner mais puisque la procédure est en cours je ne peux pas vous en dire plus.

Après, je reste moi-même. Aller jusqu’à vouloir enlever mes enfants ou mon enfant, c’est quelque chose qui ne m’impressionne pas. Seulement que ça nous interpelle.

Vous dites que cette tentative d’enlèvement de deux vos enfants ne vous ébranle pas, mais tantôt vous déclarez avoir été troublé. Expliquez-nous ?

Ce jour, je me suis rendu compte qu’on veut s’en prendre à mes enfants alors qu’ils n’ont rien à voir dans ça. De toutes les façons, la main de Dieu est sur mes enfants. Ils n’auront aucun problème par la grâce du seigneur.

Est-ce que ça ne vous pas tout-même ébranlés ?

Non, ça ne m’ébranle pas du tout. Ma mission qui est là, je vais l’accomplir sainement. Je vais garder la même attitude. J’ai dicté une ligne de conduite ici qui n’est conforme qu’à la loi. Je reste moi-même, je ne changerai pas et rien ne va m’arriver par la grâce du seigneur.

Est-ce qu’à date, des dispositions particulières ont été prises au niveau de l’école où étudient vos enfants ?

Oui des dispositions ont été prises, et moi-même j’en ai pris d’autres pour la sécurité de mes enfants. C’est des enfants, il arrive des fois où ils trompent la vigilance des agents de sécurité pour aller ailleurs mais dans tous les cas, mes enfants, ils ont la protection de Dieu.

Pensez-vous que de tels agissements sont liés au fait que vous (Président de la Crief) êtes engagé dans la lutte contre la corruption, détournement des deniers publics et autres infractions de ce genre ?

Je ne peux pas être dans leur esprit pour le savoir mais ce qui reste clair, je reste moi-même. Ma lutte-là n’a pas commencé à la Crief, il y en a qui le savent. J’ai fait le tribunal de Dixinn, les gens savent ce que je combattais, au tribunal de commerce ce que j’ai mené comme lutte, j’ai dénoncé d’ailleurs, preuves à l’appui, et donc je ne changerai pas. Si quelqu’un veut attenter à ma vie, je crois que c’est Dieu qui va résoudre son problème car je suis dans la bonne main du seigneur. Et c’est en cela que je reste moi-même.

Le jour où on tenterait de m’ébranler ici, c’est ce jour que je vais démissionner et aller au village, je ne suis pas né là-bas, mais je travaille sereinement au village. Et ça parce que j’aurais été incapable, mais pour le moment je me sens capable d’assumer cette fonction. Je veille sur tous les conseillers d’ici. Même le parquet de la CRIEF, on collabore dans le sens d’éviter tous les cas de malversation, corruption et de concussion. Rien ne va nous détourner de cette voie. Je reste ferme là-dessus. Tous les secteurs de la CRIEF, je suis renseigné au peigne fin, et même les interférences aussi je vais les combattre jusqu’à la dernière énergie, d’ailleurs je n’aurais pas de dernière énergie parce que j’aurais longue vie par la grâce de Dieu.

Vous parlez de démission au cas où on tenterait de vous ébranler. Vous voulez dire quoi exactement ?

Le jour où je vais peut-être être affaibli, sans soutien, je vais alerter sauf dans l’impossibilité. Mais le jour où je serai aussi incapable, jugez-moi aussi. Le jour où je ne serai pas ce juge qui accomplit sa mission, je vais au village et je m’y couche. Pour le moment c’est loin de là, c’est à ma retraite. Mais d’ici là, je vais continuer à mener ce combat parce qu’il faut majorer la masse critique, il y a des jeunes qui ont besoin de suivre cet exemple. Les gens ont besoin de la moralisation de la vie publique, ce pays-là a trop souffert, il faut qu’on le reconnaisse. Aidons le pays même contre rien. L’Etat nous a donné tout, en retour nous devons être corrects envers cet Etat.

A suivre…

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 3 avril 2024 18:04

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