Dubréka : Après le passage du Bulldozer, le désarroi chez certains citoyens…

Une victime des casses à Dukréka

DUBREKA-La campagne de dégagement des encombrants physiques sur le long des emprises de la route et les opérations de récupération des domaines de l'Etat, dans le Grand Conakry, laissent de nombreux citoyens dans le dénuement total.

A Dubréka, cette opération en coours se déroule sans aucun "état d'âme". Plongées dans le désarroi total, certaines victimes accusent le département de ville d'abus. Dans les journées du dimanche 14 et lundi 15 mars, certains citoyens de cette ville proche de Conakry, ont vécu l'un des pires moments de leur vie, quand les engins lourds du ministère de l’aménagement du territoire, sont entrés en action. Africaguinee.com a rencontré certains "sinistrés".

Dans cette ville périphérique de Conakry, les bulldozers ont rasé beaucoup de kiosques, bicoques et autres lieux de négoce situés aux abords de la route. Du KM5 jusqu'au centre-ville, tout au long de la route, on observe de vastes champs de ruines. Certains citoyens déguerpis accusent les agents de l’habitat d’avoir outrepassé ce qui était convenu. Ce qui constitue à leurs yeux un abus. Ils soutiennent avoir été dégagés sans aucun préavis. Une attitude qu’ils n’arrivent pas comprendre.

Aïssatou est commerçante à Dubréka gare routière, tout proche du marché situé non loin du palais de Justice. Dans la journée du lundi, le catapulter conduit par des militaires accompagnés par des agents de l’habitat sont arrivés dans son lieu de commerce. Ils ont procédé, à la démolition de leur lieu de travail. Elle a observé la scène, impuissante.

 « Hier lundi, ils sont venus à 10h, accompagnés de militaires. Mais bien avant, ils avaient coché plusieurs bâtiments de nos voisins. Nous ne faisions pas parties des boutiques à déguerpir. Nos voisins qui avaient été cochés, certains d’entre eux ont enlevé d’autres ne l’ont pas fait. Quand ils sont venus, ils ont cassé ceux dont les boutiques et kiosques étaient cochés. Ils nous ont dépassés. Mais quelques minutes après, ils sont revenus, on nous dit que c’est sur instruction du préfet, car celui-ci leur aurait dit qu’il ne voyait pas la gare routière, il aurait ordonné de tout casser. Sinon, même certains agents murmuraient qu’on ne devrait pas être déguerpis car nous n’occupons pas les emprises. Mais une des agents, apparemment leur cheffe nous a dit que quiconque nous dit de ne pas enlever, il nous a menti. Car, ils vont tout détruire », raconte cette mère de famille.

C’est dans le "sauve qui peut" qu’elle est sortie de sa maison. Dans cette atmosphère, elle affirme avoir tout perdu. 

« Nous ne nous attendions pas à cela, je suis rentrée dans mon kiosque pour faire sortir ma marchandise. Alors que certains venaient m’aider, d’autres profitaient pour me voler mes biens qui s’y trouvaient. Sans même que je ne finisse, ils ont dégagé mon kiosque et ont détruit le reste de ma marchandise », dénonce cette mère de famille assise avec un regard désespéré.

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Amadou Sow fait partie des victimes. Son kiosque a été démoli sans avoir été averti. Cordonnier de profession, ce père de famille raconte la scène avec beaucoup de mélancolie et de désespoir.  

« Quand ils sont venus, ils ont démoli tous ceux qui étaient cochés. Il y a une dame parmi leur équipe, celle-ci les a ordonnés de revenir casser tout, même ceux qui n’étaient pas concernés. Ils sont venus barrer les occupants, certains venaient pour aider et d’autres ont profité pour nous voler. La limite c’était à deux mètre, mais ils ont dépassé et finalement, ils ont tout détruit. Sinon, pour un premier temps, ils avaient épargné ceux qui n’avaient pas été cochés mais on a été surpris de les voir revenir en disant qu’ils ont reçu un ordre de tout casser », explique Amadou Sow.

Cette situation plonge ces victimes dans des difficultés. Amadou Sow, tout comme Aissatou, c’est à travers leur petit commerce qu’ils parvenaient à nourrir leur famille, payer le loyer et les vrais de de scolarité de leurs enfants. Ils se retrouvent dans le dénuement total.

« C’est une énorme difficulté pour nous du fait de se retrouver chez nous comme des étrangers. Sinon, dans un Etat, même si un citoyen occupe un domaine réservé, normalement, on ne doit pas utiliser la brutalité pour le déloger car, c’est après tout un responsable de famille qui a des charges. Nous avons tous des enfants, qui ont droit à l’éducation à la formation. J’ai trois enfants qui partent à l’école française et arabe. Tout ça demande de l’argent, mais avec cette casse que nous venons de subir, comment régler ça et payer les frais de loyer alors qu’on ne travaille pas ? S’il y a une possibilité de nous aider, que l’Etat le fasse car c’est vraiment difficile. On ne s’était pas préparé à subir une telle situation, là où je suis, il n’y a pas de riz à la maison ni d’argent. Nous demandons l’aide de l’Etat » lance Amadou Sow.

Cité à deux reprises par ces victimes, le préfet de Dubréka que nous avons tenté de faire réagir n’a pas pour le moment accepté de prendre nos appels. Pendant ce temps, le dégagement des emprises se poursuit dans la préfecture avec un énorme dispositif sécuritaire.

Nous y reviendrons !

Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 664-72-76-28

Créé le 16 mars 2021 17:50

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