Dr Moussa Konaté : « La Guinée est prête à faire face à n’importe quelle urgence… »

Dr Moussa Konaté, DG de la PCG et président de la commission logistique de la riposte aux épidémies Ebola et Covid19

CONAKRY-Il y a un an, l’épidémie de la Covid-19 était déclarée pour la première fois en Guinée. Depuis, c'est une lutte acharnée qui a été déclenchée pour enrayer la propagation de l'épidémie. Fortes de l'expérience acquise dans la gestion de la crise d'Ebola (2014-2016), les autorités sanitaires, sous le leadership du président de la République, appuyées par les partenaires, ont pu se mobiliser pour faire face à cette nouvelle urgence sanitaire. Dans cette bataille sanitaire en cours, la Pharmacie Centrale de Guinée (PCG) que dirige Dr Moussa Konaté, joue un rôle prépondérant. La PCG-SA qui préside la commission logistique est l'un des maillons fort de la chaine de riposte.

Dans cette interview, Dr Moussa Konaté, Directeur Général de la Pharmacie Centrale de Guinée, président de la commission logistique Covid-Ebola, parle de l'action de la Centrale d'Achat dans le cadre la riposte en cours. Pour lui, la Guinée peut s’enorgueillir. Et pour cause ? Dans l'espace ACAME (Associations des centrales d’achats des médicaments essentiels en Afrique) c'est le seul pays qui a sa centrale d’achat impliqué dans la riposte contre les épidémies. Il assure que la Guinée est prête à faire face à n'importe quelle urgence sanitaire.

Expliquez-nous comment fonctionne la commission logistique de la riposte COVID-19 ?

DR MOUSSA KONATE : Notre pays s’est lancé dans un programme de lutte contre la COVID depuis un an. Dès la déclaration de la pandémie en Guinée au mois de mars 2020, le ministère de la Santé a pris un acte mettant en place les différentes conditions pour appuyer l’ANSS (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), structure chargée de la gestion des crises sanitaires dans notre pays. La commission logistique soutient toutes les autres commissions. A juste titre, elle est présidée par la Pharmacie centrale de Guinée. Je vous rappelle qu’elle est la centrale nationale d’achat de la République de Guinée. A ce titre, elle est l’outil de mise en œuvre de la logistique intégrée du ministère de la Santé. Tout ce qui rentre dans le pays passe par la Pharmacie centrale de Guinée, de la réception au stockage jusqu'à la distribution aux bénéficiaires. Donc, c’est à ce titre que la logistique a été confiée à la Pharmacie centrale. Dans cette commission, vous avez les logisticiens de tous les partenaires qui évoluent dans la chaine d’approvisionnement. Parmi ces partenaires, vous avez l'OMS (organisation mondiale de la Santé), le PAM (programme alimentaire mondiale) qui est notre collaborateur directte en matière de logistique. D’autres directions nationales et d’autres entités professionnelles notamment l’ordre des pharmaciens, l’inspection de la pharmacie se retrouvent dedans. C’est une commission qui est composée de professionnels venant de partout.

Cette commission a pour rôle de concevoir, d’équiper, de recevoir les intrants et de les distribuer. Elle conçoit aussi la stratégie de logistique en matière de riposte, mais aussi élabore la liste des besoins d’intrants pour la riposte et s’occupe de la réception, du stockage et de la distribution. En matière de conception, dès que la commission a été mise en place, le premier travail consistait à élaborer les axes logistiques en matière de distribution, mais aussi de se mettre en collaboration avec la commission prise en charge, pour identifier les listes de prise en charge. C’est la commission logistique qui a équipé les sites de prise en charge. Le site de Gbéssia, quand il a été mis en place, c’est la commission logistique en collaboration avec la Commission prise en charge, qui a pu faire équiper ce site. C’est également la même chose au niveau du site de Nongo et de Kénien. Donc, en matière de prise en charge des malades au niveau des centres de traitement, la commission logistique a pour rôle d’équiper ces sites pour qu’il y ait une meilleure prise en charge pour nos médecins qui y travaillent. Au-delà de l’équipement des sites de prise en charge, la commission logistique élabore ce que nous appelons la liste des besoins. Souvent en matière d’urgence, dès qu’il y a un retard dans l’élaboration de la liste des besoins, automatiquement il y a un retard au niveau de l’approvisionnement. Dès qu’il y a un retard dans l’approvisionnement, la prise en charge ne se fera pas de façon efficace et efficiente. Nous avons élaboré ce que nous appelons la liste des besoins : les médicaments, les kits d’hygiène, les équipements de protection individuels et les engins roulants.

Les partenaires techniques et financiers de la Guinée se sont mobilisés pour soutenir la riposte.  Comment est-ce que ces dons sont gérés ?

La commission logistique, après l’élaboration de la liste des besoins qui a été vulgarisée, nous avons bénéficié des apports des partenaires. Je précise que dans le cadre de la COVID, les premiers mois de la riposte, l’apport de la partie nationale était autour de 70% avec l’implication personnelle de monsieur le Président de la République. A lui seul, il a pu mobiliser plus de 55% d'apports matériels et équipements pour la riposte. Cela est extrêmement important.

Alors, les intrants qui sont livrés au ministère de la Santé à travers l'ANSS sont reçus par la commission logistique. A la réception, il y a ce qu’on appelle le procès-verbal de donation signé de deux parties. Automatiquement, ces donations sont introduites dans un système de gestion. Je précise qu’il y a un logiciel de gestion qui ne gère que les intrants COVID. Pour la PCG, ce logiciel est distinct du logiciel des gestions quotidiennes des activités de la PCG. Alors, tous les bons de sortie d’un intrant de Covid, sont signés par la direction générale de l’ANSS. Chaque donation est tracée. Tout ce qui a été donné dans le cadre de la riposte peut être, à ce jour, identifié, tracé pour savoir à qui est-ce que ce don est parti. Vous avez quatre lieux de stockage à savoir : Un à la PCG, un à la direction générale de l’ANSS, un à Kényen et un à Manéah. Tout cela se fait dans un cadre de gestion, de collaboration, de coordination. Parce que pour répondre à l’urgence, il faut de la rapidité dans l’efficacité et l’efficience.

Quels sont les acquis de la riposte ?

C’est bien évidement la PCG qui a toujours présidé la commission logistique pendant la riposte Ebola et après Ebola on a été renforcé et sur le plan logistique et sur le plan des ressources humaines. C’est ce qui a permis d’ailleurs à la commission logistique actuelle d’aller très vite dans l’élaboration des besoins. Aujourd'hui, notre pays est prêt à faire face à n'importe quelle urgence. L’urgence d’Ebola 2014 nous a permis de nous préparer pour l’urgence COVID. L’urgence COVID a permis à notre système de logistique national d’être outillé en termes de renforcement des capacités des personnels, mais aussi en termes d’infrastructures.  

En termes de perspectives, qu’est-ce que vous avez comme programme ?

Les perspectives c’est l’extension et l’amélioration des capacités de stockage. Aujourd’hui, dans notre pays, il faut absolument renforcer notre capacité de stockage national. Quand il n’y a pas une bonne capacité de stockage, la gestion devient difficile. Au-delà des capacités des stockages, il faut renforcer les capacités logistiques roulantes. Aujourd’hui, ce sont les camions obtenus dans le cadre de la riposte contre Ebola en 2015 qui sont utilisés pour faire face à la COVID-19 et aussi à Ebola. Ces camions ont l’âge de 5 ans et si ces capacités logistiques ne sont pas renforcées tant au niveau de la Pharmacie centrale qu’au niveau de l’ANSS, dans les années avenir on aura encore des difficultés. En termes de perspectives, il faut aller dans le renforcement des capacités logistiques. Figurez-vous quand il était question de recevoir des vaccins Ebola qui exigent -80°c, il a fallu faire recours à certains partenaires et heureusement en termes d’anticipation, il y avait ces congélateurs de -80°c, mais à un nombre pratiquement insuffisant. Ce sont des dispositions qu’il faut prendre aujourd’hui dans tout le pays pour que notre pays soit prêt à répondre.

Je termine en disant que notre pays peut s’enorgueillir parce que c’est le premier pays dans l’espace ACAME (Associations des centrales d’achats des médicaments essentiels en Afrique) d’avoir sa centrale d’achat s’impliquer dans la riposte contre les épidémies. Et cette expérience a été vendue à Genève en mai 2017. Ce qui a valu à la Guinée aujourd’hui un leadership en termes de la coordination logistique dans une urgence sanitaire.

L’interview réalisée par Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel: (00224) 666 134 023 

Créé le 15 mars 2021 10:47

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