Dr Lounceny Nabé : ‘’Le taux d’inflation est passé de 21% en décembre 2010 à 10,5% à fin 2013, contre 9,0% à fin 2014’’

Dr Lounceny Nabé, Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée

CONAKRY- Le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée a fait ce dimanche soir un exposé des résultats obtenus depuis 2011 par son institution. Dr Lounceny Nabé, a dans une déclaration dont copie a été transmise à notre rédaction, évoqué entre autres résultats, la chute du taux d’inflation qui est passé de 21% en décembre 2010 à 10,5% à fin 2013, contre 9,0% à fin 2014.

Le Gouverneur de la première banque du pays,  a également annoncé que la Guinée a atteint quasiment tous les critères de convergence de la CEDEAO relevant de la Banque Centrale à fin 2014.

Nous vous livrons l’intégralité de la déclaration du Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Dr Lounceny Nabé…

 

Déclaration de Monsieur le Gouverneur de la BCRG à l’occasion du 55ème anniversaire de la monnaie guinéenne le 1er mars 2015

Chers compatriotes,

Le 1er mars marque la date anniversaire de l’accession de la Guinée à la souveraineté monétaire. Cette date constitue un moment de commémoration qui donne toujours l’occasion de passer en revue l’histoire de notre monnaie.
Comme vous le savez, dans la foulée de son accession à l’indépendance, le 2 octobre 1958, la Guinée s’est attelée à cet attribut de la souveraineté nationale. Ainsi, la Banque de la République de Guinée (BRG) est créée le 29 février 1960 et, le 1er mars, c’est-à-dire le lendemain, on a assisté à l’émission du Franc guinéen. Et pour conforter le dispositif institutionnel, la BRG est transformée en Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) le 27 juillet 1961.
Le 1er mars de cette année, le Peuple de Guinée fête le cinquante cinquième anniversaire de sa monnaie dans un contexte marqué par la crise sanitaire liée à la fièvre hémorragique à virus Ebola, ayant entraîné des conséquences énormes aussi bien sur le plan humain que sur le plan économique et financier dans notre pays.

Chers compatriotes,

Il me paraît opportun, en ce jour de célébration, de focaliser l’attention sur les principaux axes des réformes menées par la BCRG au cours de l’année écoulée, les résultats obtenus et les défis qui nous attendent pour les prochaines années.

Au niveau des réformes,

La Banque Centrale a élaboré ses nouveaux statuts qui ont été promulgués le 02 juillet 2014. Ces statuts renforcent son indépendance et favorisent la transparence de ses activités. Les principaux éléments nouveaux de ces statuts sont la recomposition du Conseil d’Administration de la Banque Centrale, la création d’un Comité de Politique Monétaire et d’un Comité d’investissement des réserves de change.

Dans le domaine monétaire et de change, la Banque Centrale a poursuivi sa politique de desserrement rendue possible grâce au maintien de la tendance baissière du taux d’inflation. A ce titre, l’année 2014 a été marquée par la baisse du taux directeur au mois de juin 2014 de 16% à 13%, et celui des réserves obligatoires au mois de novembre de 22% à 20%.

La Banque Centrale a poursuivi ses interventions sur le Marché Interbancaire des Changes (MIC), avec pour principal objectif la stabilisation du taux de change en vue de réduire la pression de la demande de devises sur le marché des changes, et par ce canal, sur les prix des biens et services. Durant l’année 2014, ce marché a enregistré cinquante-deux (52) séances au cours desquelles la Banque Centrale a alloué un montant de 211,344 millions de dollars US, soit une hausse de 24% par rapport à 2013. Ces opérations ont permis l’approvisionnement en devises des banques pour satisfaire les besoins d’importations exprimés par les opérateurs économiques.

Au niveau de la supervision des Institutions financières, la Banque Centrale s’est attelée à édicter les textes d’application de la nouvelle loi bancaire et de la loi sur le crédit-bail promulguées respectivement en 2013 et en 2014. De même, la loi sur la Microfinance et le code des assurances ont été révisés et transmis au Gouvernement pour examen et adoption par le Conseil des Ministres. Ces textes de loi ont pour objectif de renforcer le contrôle des Institutions Financières  en vue d’accroître leur résilience.

En outre, la Banque Centrale a favorisé l’adoption par le Gouvernement du document portant stratégie nationale de Finance inclusive qui permettra, dans les années à venir, aux consommateurs qui n’ont pas accès aux services financiers classiques, de bénéficier de services de proximité à faible coût.  Cette stratégie nationale de Finance inclusive est une réponse à la préoccupation du Président de la République, le Professeur Alpha Condé et de son Gouvernement qui l’inscrivent dans la perspective générale de  réduction de la pauvreté tant en milieu rural qu’en milieu urbain, en particulier chez les femmes et les jeunes.

Chers compatriotes,

En termes de résultats, les mesures de consolidation des réformes engagées par la Banque Centrale depuis 2011 ont permis d’obtenir des résultats probants en matière de politique monétaire et de change, ainsi que de supervision du secteur financier. A cet égard :

•    la masse monétaire s’est accrue de 12,2% en glissement annuel correspondant aux besoins de l’activité économique ;

•    le franc guinéen s’est stabilisé de sorte que l’écart de change entre les marchés officiel et parallèle s’est situé pour l’ensemble de cette période autour de 2 % ;

•    les réserves de change ont été maintenues à plus de 3 mois d’importations à fin décembre 2014 ;

•    le taux d’inflation en glissement annuel qui était de 21% en décembre 2010 est tombé à 10,5% à fin 2013 pour se situer 9,0% à fin 2014. Ce qui a permis à la Banque Centrale d’atteindre son objectif d’inflation à un chiffre.
Chers compatriotes,

Dans le domaine de la coopération Sous-régionale, conformément à ses prérogatives, la Banque Centrale a pris part aux différentes rencontres organisées par les instances ouest africaines chargées de conduire le Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO à savoir l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO) et l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO).

Je suis heureux de vous annoncer d’ailleurs que presque tous les nouveaux critères de convergence de la CEDEAO relevant de la Banque Centrale sont respectés à fin 2014, alors qu’aucun critère ne l’était à fin 2010.

Je voudrais également porter à votre connaissance que  le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO a entériné l’approche progressive pour l’aboutissement à l’union monétaire en 2020 lors de la  44ème session plénière tenue à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, les 28 et 29 mars 2014 en lieu et place de l’approche à deux vitesses jusque-là en vigueur.

Concernant la coopération avec les Institutions de Breton Woods, il faut souligner que le Conseil d’Administration du FMI a approuvé la 5ème revue du Programme appuyé par la Facilité Elargie du Crédit (FEC) le 11 février 2015, ce qui va permettre de porter les décaissements en faveur de la Guinée au titre de ce Programme à environ 193 millions de dollars US.

S’agissant de la coopération avec la Banque Islamique de Développement (BID), la Banque Centrale a apporté son appui dans la supervision des projets financés par cette Institution, en collaboration avec sa représentation locale, l’Administration et le Contrôle des Grands Projets (ACGP), les entités bénéficiaires et les unités de gestion des projets.

Au niveau de la coopération avec la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Centrale a bénéficié de l’appui financier de cette Institution dans le cadre du projet du Système National des Paiements dont la mise en œuvre a été confiée à l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO).
Chers compatriotes,

Si la célébration de ce cinquante-cinquième anniversaire est un instant d’intense réflexion sur notre avenir, elle nous donne aussi l’occasion de penser aux défis énormes que nous sommes amenés constamment à relever.

A ce titre, la Banque Centrale continuera à mettre en œuvre une politique monétaire prudente pour la maîtrise de l’inflation, indispensable pour créer les bases d’une croissance économique forte et durable. Elle compte poursuivre les efforts de reconstitution des réserves de change de la Nation afin d’atteindre et de maintenir un minimum de six (6) mois d’importations.

Elle continuera également à construire ses Agences à l’intérieur du pays pour renforcer le processus de bancarisation de l’économie.

La modernisation du système des paiements et le développement de la monétique constituent aussi des défis importants à relever.
Enfin, la Banque Centrale entend mettre un accent particulier dans le renforcement de la recherche afin de disposer des meilleurs indicateurs d’aide à la prise de décision pour la conduite de la politique monétaire.

Chers compatriotes,
Je ne saurai terminer mon intervention sans renouveler ma gratitude aux partenaires au développement pour leur assistance technique et financière constante au programme de développement économique de la Guinée, sous le leadership du Président de la République,  le Professeur Alpha Condé.
Bonne fête à toutes et à tous.

Je vous remercie.

 

Créé le 2 mars 2015 21:20

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