Cherté de la vie : La psychose s’empare des ménages… « reportage »

CONAKRY-De nombreux ménages sont frappés par les effets de la cherté de la vie en ce moment à Conakry. Consommateurs et commerçants, chacun se plaint de l’inflation. Pour toucher cette réalité du doigt, notre reporter a sillonné certains marchés de la capitale. Les citoyens rencontrés dénoncent une conjoncture économique difficile. Ils interpellent les autorités.

Fanta Condé est vendeuse au marché de Koloma dans la commune Ratoma. Elle explique les difficultés qu’elle rencontre ces derniers temps. « Pour vous dire la vérité, actuellement là ça ne va pas, la vie devient de plus en plus chère. Je vends des fruits mais je peux rester toute la journée sans voir un seul client. Le peu de clients qui viennent sporadiquement vers nous, ils se plaignent de la cherté de la vie. Tous disent qu’ils ne voient pas l’argent maintenant là« , témoigne cette vendeuse.

Cette autre vendeuse d’habits renchérit : « Actuellement, on vient ici pour se regarder. La fois passé, je suis resté une semaine sans voir un seul client. On ne sait pas ce qui ne va pas, mais depuis que j’ai commencé à vendre des habits, je ne pense si j’ai traversé une telle période. C’est difficile. Actuellement, même pour payer le loyer, j’ai de la peine. J’ai peur de touché mon capital parce qu’il y a des dépense inhérentes », explique SD, vendeuse d’habits de femmes au marché Sonfonia.

Mamadou Aliou Barry, conducteur de taxi se plaint aussi de cette cherté de la vie actuellement en Guinée. Il explique que ses revenus journaliers ont drastiquement baissé.

« Les guinéens vivent au jour le jour. Dire que la vie est très dure actuellement, c’est un euphémisme. D’habitude, je pouvais gagner 400 000 francs guinéens par jour, mais, maintenant, c’est à peine je gagne la moitié de cette somme. Les autorités doivent réfléchir à des solutions pour soulager la population », a-t-il indiqué.

Nous croisons Hassanatou Bangoura, venue acheter des condiments au marché d’Enco5. Elle ne cache pas ses peines. Cette ménagère lance un appel au colonel Mamadi Doumbouya.

« Nous demandons au président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya de nous venir en aide. Parce que le peuple de Guinée souffre de la cherté de la vie. Les prix ne sont pas stables. Ils augmentent du jour au lendemain. Les commerçants se plaignent de la rareté des clients. Il n’y a pas d’argent. Dans tout ça, c’est les femmes qui souffrent le plus« , a-t-elle dit.

La crise frappe aussi les vendeurs de pièces détachés. « Avant, lorsqu’on débarque un conteneur, une semaine après on lance une nouvelle commande en Europe chez nos fournisseurs. Parce qu’on écoule vite tout en laps de temps, mais maintenant on peut rester un mois sans écouler un seul conteneur. Depuis que nous sommes dans cette activité, on n’a jamais vu une crise pareille. Les difficultés sont énormes. Si cette situation ne change pas, c’est la faillite assurée », explique MDD, vendeurs de pièce détachées.

Pourquoi cette crise économique ? Nous avons interrogé l’économise Dr Alhassane Makanéra Kaké. Selon l’Universitaire, cette activité est provoquée par le ralentissement de l’activité économique.

« Lorsqu’on observe de près, on constate quand même qu’il y a la cherté de la vie. Économiquement, cela s’explique par le ralentissement des activités économiques. Et cela est observable au niveau même de la consommation. Si vous partez faire un petit sondage au marché, vous demandez aux commerçants, ils vous le diront. C’est récent. Un commerçant peut te dire que ça fait 4 jours, il a sa boutique ouverte mais il n’a aucun client. J’ai vu des vendeurs de téléphones qui m’ont dit ça fait une semaine, ils n’ont vendu que 800.000 Gnf. Alors qu’en temps normal, si on reculait en 2020, ils vendaient par jour le minimum 3 à 4000.000. J’ai rencontré tous ces gens-là.

Si vous partez sur la dimension la plus élevée, c’est regarder le nombre de bateaux qui venaient à Conakry et la quantité de marchandises qui sont débarquées. Vous allez vous rendre compte qu’il y a diminution. Si vous regardez l’achat des véhicules et l’évolution des plaques d’immatriculation, vous allez vous dire qu’il y a un ralentissement.  Là où c’est beaucoup plus visible en Guinée, c’est le marché de construction. Vous allez voir, les chantiers sont arrêtés. Pratiquement, on travaille de manière très ciblée et sélective.

Globalement, l’observation la plus banale montre qu’il y a un ralentissement de l’activité économique. Quand l’activité économique ralentit, il y a forcément diminution des ressources et ça va entraîner la pauvreté. Parce que les sociétés, les entreprises vont s’appauvrir quand ils ne peuvent pas faire face. Si les marchandises produites ne sont pas consommées, la consommation baisse, l’activité va forcément baisser. Cela va entraîner la baisse de la production et cela entraînera la pauvreté, le chômage« , a-t-il expliqué.

Comment palier à cette crise ?

« D’abord, il y a un premier aspect à ne pas négliger, l’État doit prendre des mesures incitatives à l’investissement. Ceci passe par des mesures liées à la création d’emplois et les financements des activités génératrices de revenus parce que la situation économique de la Guinée donne cette possibilité.

Par exemple, nous avons vu le secteur avicole qui s’est développé rapidement. Si c’est encadré, on va cesser d’importer les boulets d’ailleurs. Je vois l’oignon qui a grimpé à 700000 Gnf à un moment. Alors qu’on peut encourager la production de l’oignon.

L’État a la possibilité de financer et de révolutionner le secteur agricole qui est un vecteur de croissance. Et de l’autre côté, l’État doit pouvoir engager de grands investissements, mais avec un marché public transparent », a-t-il préconisé.

Reportage de Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com

Créé le 8 décembre 2023 10:04

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