Suisse: Les ambitions d’Abdoul Ghoudoussy Baldé, candidat du Parti socialiste

ghoudoussy

Genève-Un jeune guinéen sera candidat pour les élections communales de la ville de Genève. Ancien étudiant et chef du bureau d'Africaguinee.com à Genève, Abdoul Ghoudoussy Baldé veut relever un nouveau défi:  renforcer la cohésion sociale à Genève.Loin de la Guinée, il n'oublie pas son pays d'origine qui prépare activement les élections présidentielles en Octobre 2015. Dans cet entretien, M. Baldé lève un coin du voile sur son parcours et ses ambitions pour la Genève, sa ville d'adoption et la Guinée.Exclusif!

Africaguinee.com : Vous êtes candidat du Parti socialiste (PS) pour la ville de Genève. En tant que jeune guinéen issu de l'immigration que représente pour vous cette candidature?

Abdoul Ghoudoussy Baldé : Cette candidature représente  pour moi l’expression d’une double reconnaissance  à l’égard de mon pays d’origine, la Guinée et de mon pays d’accueil, la Suisse, d’une part, et d’un engagement militant qui a toujours été mien depuis le collège, d’autre part.

Arrivé ici en 2003 en tant qu’étudiant inscrit à l’Université de Genève, je me suis vite rendu compte que je devais tout faire, malgré les impératifs de survie d’un étudiant étranger obligé de combiner études et travail (petits boulots), pour être un ambassadeur digne de ma famille et de mon pays, la Guinée.  Je me suis donc attelé à cet objectif dans tous les milieux auxquels j’ai appartenu au sein  de la population genevoise. Que ce soit dans le milieu académique, associatif, professionnel, etc., il était toujours indispensable de se démarquer positivement aussi haut que possible pour  restaurer et/ou préserver l’image de mon pays. C’est vraiment ce sentiment de devoir de responsabilité vis à vis de mes origines qui m’ont accompagné dans ce processus continu d’intégration, de participation et d’affirmation.  À partir de là, tout devenait facile pour aller vers l’acceptation et l’assimilation des lois, de la culture et du mode de vie du pays d’accueil, tout en restant soi-même.

Ma reconnaissance vis-à-vis de mon pays d’adoption est aussi immense que le devoir d’exemplarité envers mon pays d’origine est grand.D’abord, c’est grâce l’esprit de solidarité internationale de la Suisse que j’ai pu, bien évidemment en remplissant les conditions d’admission en vigueur, avoir le visa d’étude  et accéder à l’Université de Genève. J’ai aussi profité du meilleur cadre d’études, comme beaucoup d’autres africains (étudiants étrangers en général) grâce à l’effort des contribuables suisses.

Quant à mon engagement militant qui s’est manifesté tout au long de mon parcours académique et associatif, il s’adresse à travers cette candidature, à tous les enfants suisses dont  au moins l’un des parents  est issu de l’immigration, pour leur dire que c’est bien possible qu’ils soient des représentants et garants de nos institutions. Il leur donc suffit d’avoir la formation nécessaire, le sentiment d’appartenance et la volonté de servir. Ce message, s’il est compris, représente pour moi, une victoire.

Le passage de la vie d’un étudiant étranger à celle d’un citoyen (électeur et éligible) est forcement long et parfois sinueux. Il est donc, à mon sens, intéressant de mettre ce parcours et les expériences accumulées, à profit pour exprimer mon engagement, partager mes convictions, lancer un message  et solliciter les suffrages des mes concitoyen-ne-s genevois-es afin me mettre à leur écoute et à leur service dans l’animation de la vie de notre cité.

C’est là le sens de mon engagement !

Si vous êtes élu quelles seront vos priorités?

Ma priorité reste et demeure la cohésion sociale.  Notre commune, « Ville de Genève » est l’une des plus importantes des communes suisses. Avec plus de 200.000 habitants dont plus de 40% d’étrangers, la Ville de Genève est un creuset de cultures diverses et complémentaires.  Pour profiter de cette richesse de savoir –faire et de savoir-être, la cohésion sociale est et sera au centre de mes actions. Les discours et attitudes divisionnistes  que les populistes du MCG  (Mouvement citoyen Genevois)  et UDC (Union Démocratique du Centre)  imposent actuellement au paysage politique suisse, sont à combattre et à déconstruire. Je proposerai avec mes collègues socialistes, une alternative, des solutions réalistes et responsables aux problématiques de la sécurité  et de l’environnement urbain, de l’emploi, du logement  et du vivre-ensemble ; à la place de la peur, des amalgames, et autres affabulations simplistes de l’extrême droite.

Avec votre expérience sur la politique Suisse,  quel regard portez vous sur la Guinée qui prépare les présidentielles?

À mon avis, l’un des plus grands problèmes de notre pays, la Guinée, c’est d’avoir créé une corporation de politiciens professionnels. Quand un homme politique n’a que pour métier, la politique, il y a bien problème.  Un homme ou femme  qui n’a pas un savoir-faire (métier) lui permettant de subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches parallèlement à son engagement  politique n’est là que pour se servir et non pour servir….bref !  S’engager en politique c’est proposer, convaincre afin de partager avec le plus grand nombre un projet dont l’objectif ultime est la réalisation du bonheur collectif.

La Guinée telle qu’elle est aujourd’hui, a plus besoin de pratiques démocratiques qu’autre chose. C’est cette troisième dimension de la démocratie qui est la plus importantes des toutes, car sans pratiques démocratiques les institutions et les principes n’ont aucun sens, car n’importe qui peut, par ses humeurs et son refus de jouer le jeu, gripper la machine.  Pour preuve, les présidents changent mais les hommes de mains et les mentalités restent les mêmes depuis des décennies !

Force doit être donnée aux pratiques démocratiques, au respect (de la loi, de l’autre, des engagements..), à la tolérance et à la saine contradiction. C’est un impératif pour les gouvernants et les gouvernés pour la survie de la nation.

Aux acteurs politiques de la Guinée à la veille des élections présidentielles, je rappellerai que le pays n’est pas un bien privé. Leur légitimité réside dans leur capacité à convaincre (et non de vaincre) le plus grand nombre de nos compatriotes sur l’efficience de leur projet politique. Personne n’a le droit de mettre en péril le vivre-ensemble pour se maintenir au pouvoir ou pour y accéder.

Aux militants, je rappellerai qu’aucune influence sectaire et égoïste ne devrait altérer leur capacité d’analyse et de prise de décision responsable face à l’avenir.

En revenant à l’expérience de la politique suisse, je vous dirai que c’est le modèle rêvé pour les pays africains compte tenu de la diversité démographique, géographique et linguistique de ce pays, à l’instar de la Guinée et de beaucoup de pays  du continent qui cherchent encore la voie. 

La stabilité de la Suisse tient tout d’abord aux pratiques démocratiques qui s’exprime par le pouvoir référendaire et d’initiative du peuple, et à l’esprit de tolérance et de partage des ses citoyens. Cet esprit se manifeste à tous les échelons du pouvoir, de la commune à la confédération en passant par le canton. Trois régions géographiques et quatre langues officielles. Chaque suisse y trouve son compte dans le strict respect des pratiques et des lois de la république.

Vous êtes un modèle d'intégration pour beaucoup de jeunes. Quel message adressez vous à un jeune guinéen candidat à l'immigration?

Je n’ai pas la prétention d’être un modèle (rires).  J’ai plutôt essayé de garder à l’esprit ce pourquoi je me suis embarqué à bord d’un avion, un lundi 13 septembre 2003, à l’aéroport  International Gbessia, d’une part,  et de m’adapter à la société d’accueil en me soumettant aux lois et obligations tout en exerçant mes droits.

Je commencerai par reconnaître à tout être humain le droit d’explorer le monde à la recherche d’une vie meilleure. Que l’on soit appelle expatrié, immigré ne change pas grand’ chose. Ce qui est  propre à chaque société d’accueil c’est la fixation des conditions d’organisation de ces mouvements.

En ce qui concerne les candidats à l’immigration Européenne (et Suisse en particulier),  pour éviter les mésaventures il faut être conscient de son profil d’immigrant avant d’entamer les démarches. …. Etudiants, regroupement familial, investisseur.

-Un investisseur avec un minimum de CHF 200.000  peut facilement s’établir fructifier une affaire s’il en a la capacité, je sais qu’un tel profil est plutôt rare vers chez nous.

-Regroupement familial : c’est permis de rejoindre son conjoint/conjointe dans la plupart des pays européens. Pour le cas de la Suisse, il faut que le résident prouve sa capacité financière à prendre en charge l’arrivant-e.

-Etudiant : C’est encore possible par beaucoup de pays européens avec la condition de maitriser au moins une des langues du pays être préinscrit sur dossier dans un institut de formation.

Pour la Suisse depuis  plus  de dix ans  les visas sont très rares pour  les ressortissants guinéens.

-Immigration clandestine : d’une manière générale, ceux qui suivent cette filière meurtrière, dangereuse et parfois sans issue sont les plus braves de nos jeunes, qui avaient pour la majorité, un business florissant et une vie de famille épanouie.  Ce que je peux recommander à cette catégorie c’est de ne pas sacrifier tant d’effort et de stabilité pour du rêve. Vaut mieux continuer à travailler pour prospérer sur place et se donner les moyens de venir en vacances par ici. Le fait de liquider son affaire pour acheter du rêve se transforme le plus souvent en cauchemar. C’est valable pour ceux qui vont en Angola dans les mêmes situations.

Entretien réalisé par SOUARE Mamadou Hassimiou

Pour Africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 11

Créé le 1 avril 2015 14:32

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