Simandou, construction de raffineries, « découverte » de métaux stratégiques : Les confidences de Moussa Magassouba, ministre des Mines…

CONAKRY-La Guinée cherche à faire une cartographie précise de ses substances minérales. Mais la réalisation de cette ambition nécessite 682 millions de dollars. Comment palier à cet obstacle financier ? En attendant de trouver une solution, le Gouvernement a trouvé une alternative.

Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, le Ministre des Mines et de la Géologie, a annoncé que son Département a identifié 15 cibles pour les métaux stratégiques : Lithium, Cobalt, Nickel, Uranium, le fer rare. Moussa Magassouba révèle que les 12 mille échantillons collectés et analysés dans les grands laboratoires internationaux donnent des résultats extrêmement encourageants.

Dans cette interview, le Ministre des Mines et de la Géologie, a également évoqué le mégaprojet Simandou dont le financement estimé à 20 milliards de dollars us a été entièrement bouclé. Moussa Magassouba lève le voile sur son niveau d’avancement, ainsi que le projet de construction des raffineries exigées par le Général Mamadi Doumbouya aux compagnies minières. Entretien exclusif réalisé à Dubai en marge de la table ronde des bailleurs sur le PRI (programme de référence intérimaire).

AFRICAGUINEE.COM : Vous adressant aux investisseurs, vous avez beaucoup insisté sur la transparence et les efforts déployés par les autorités de la Transition dans la lutte contre la corruption. Pourquoi ?

MOUSSA MAGASSOUBA : Je suis convaincu qu’étant minier moi-même, un investisseur qui se décide pour aller dans un pays nouveau mettre son argent, fait des recherches d’abord. Donc, la toute première des choses, c’est de savoir le cadre juridique, la gouvernance : Est-ce que c’est un régime qui est corrompu ? Est-ce que c’est un régime qui se bat contre la corruption ? Comment les licences sont obtenues ? Est-ce qu’il faut faire des pots de vin ou bien il faut suivre la procédure normale ? La Guinée que j’ai connue dans un passé récent comme étant un pays à haut risque en matière de corruption d’après les différentes mesures internationales, il fallait quand-même rassurer ces investisseurs que depuis 2021, la donne a changé. Pour obtenir un titre minier, on n’a plus besoin de corrompre le ministre des Mines qui est là-bas. Vous présentez vos capacités techniques et financières, et c’est exclusivement sur les dispositions du code minier que ces titres-là sont octroyés. Donc il fallait que d’autres investisseurs soient rassurés déjà.

Deuxièmement, il fallait insister aussi surtout sur la transformation des matières premières. Puisque, on a commencé à exporter la bauxite depuis 1973. Je n’étais pas né. On continue à le faire. Nous connaissons ce que ça nous a donné. Alors, j’ai dit aux gens qu’on a exporté en 2023, 126 millions de francs. Si on transformait la totalité de ça, ça serait 33 millions 333 mille 333 tonnes métriques d’alumine. Cela est extrêmement important. Avec le prix d’alumine qui chevauche entre 371 et ça va aller dans les 500 jusque dans les 1000 mille dollars au fil du temps, ça c’est un Simandou chaque année si on transformait cette quantité de bauxite. Cela nous met comme numéro 1 au rang mondial en matière d’exportation.

Mais il faut préciser aussi que, nous ne voulons pas qu’on soit reconnu comme un pays de bauxite et de fer. Nous avons toute sorte de substances minérales. Malheureusement, à cause des moyens limités, nous ne sommes pas encore parvenus à faire une cartographie précise en République de Guinée, afin de situer chaque substance minérale pour que la simple part de 15% de la république de Guinée puisse monter à un niveau de telle sorte que le peuple de Guinée profite réellement de ces ressources. Mais l’Etat doit faire un travail préalable. Donc ce moyen-là, nécessite 682 millions de dollars. Comme on ne l’a pas, qu’est-ce qu’on a fait ? On a identifié 15 cibles pour les métaux stratégiques : Lithium, Cobalt, Nickel, Uranium, le fer rare.

La Guinée, on a distribué, on a identifié 15 à 20 cibles. C’est identifié, c’est répertorié. Nous avons collecté 12 mille échantillons, qu’on a envoyé dans les grands laboratoires internationaux. Les résultats sont là et extrêmement encourageants. Donc, il fallait dire ça, pour que d’autres investisseurs qui sont intéressés puissent venir. Notre pays, en dépit d’être la super-puissance en bauxite, en dépit d’être le détenteur du plus grand projet minier Simandou et des quatre blocs les plus riches du monde entier en matière de fer, on ne peut pas être révolu comme un autre pays du monde en matière de fer. Donc, il fallait quand-même parler de la diversification de nos substances minérales. Mais cela demande un investissement colossal dans la recherche de ces substances.

Par rapport à tous ces investissements qui sont annoncés, est-ce que, aujourd’hui on a la capacité vraiment de pouvoir absorber ces fonds et de les réinvestir dans d’autres secteurs ?

Pour la diversification de ces minéraux, nous on ne s’est pas assis, parce qu’on a parlé de 190 millions (…). On a ciblé à travers le pays 15 à 20 cibles qu’on est en train de poursuivre. On a prélevé des échantillons, ça coûte cher. Ça coûte 45 dollars pour analyser un seul échantillon. Donc, imaginez si vous avez 12, 13, 20 mille échantillons, ça fait combien de milliers de dollars ? Donc, il fallait démontrer à ces gens-là qu’on a fait du travail, et si vous venez, nous, nous sommes des spécialistes. On connaît vos problèmes, on connaît vos difficultés. Nous travaillerons en tant que État avec vous pour minimiser vos risques et accélérer les processus pour que, plus d’investissements viennent dans notre pays.

Parlant de Simandou, votre collègue, le ministre de l’Economie et des Finances disait tantôt qu’il n’est plus dans la phase de projet. Comment l’expliquez-vous ?

Bon, en ce qui nous concerne nous les miniers, Simandou reste encore un projet. Mais je dis que le projet Simandou est devenu irréversible. Ce mot est extrêmement important. La république de Guinée a 50 projets, plus Simandou. A date, Simandou continue d’être un projet qui est en phase de développement. Donc, jusqu’à l’inauguration, à l’expédition de la première tonne de minerai de fer, Simandou est un projet minier en phase de développement. Qu’est-ce à dire ? 35% des infrastructures ferroviaires, portuaires, sont déjà exécutés. On est sur des tunnels et des ponts. Ce travail-là continue sans beaucoup de fanfares. Mais, l’aspect surtout d’irréversibilité du projet Simandou, qu’est-ce cela veut dire ? Ça veut dire qu’on a signé tous les documents contractuels, mais aussi on a eu 100% de financement du projet.

Voulez-vous dire que tout est bouclé ?

Tout est bouclé depuis le 28 décembre 2023. Nous sommes dans le deuxième mois maintenant pour le financement Simandou. C’est ce qui m’a fait dire ce mot « irréversible « . Je ne pouvais pas le dire avant le 28 décembre. Le 27 décembre, je n’ai jamais tenu ce mot. Donc, le projet Simandou est en phase d’exécution. Mais c’est devenu pour le peuple de Guinée un projet irréversible de notre développement économique, social.

Est-ce que d’après vous, le rendez-vous de 2025 sera respecté ?

De toutes les façons, c’est un méga projet. Je suis un minier, c’est ce que je fais toute ma vie. Un projet, est un projet. Une seule journée d’arrêt va proroger d’une journée extra. Quand on dit, 31 décembre 2025, cela veut dire que toutes les conditions étant réunies, il n’y aura pas de perturbation dans l’exécution. Toutefois, s’il y a des évènements non planifiés, il faut tenir compte de ça. Mais on assume que tout va être très bien comme ça. Le 31 décembre, on a exigé, parce qu’il fallait avoir un chronogramme agressif mais réaliste, pour donner à ces gens-là. Parmi ces partenaires, il y a un qui était là ça fait 26 ans, bientôt 27 ans. Mais cela ne s’est jamais fait. Donc, il fallait donner un chronogramme, parce que si la date-là n’est pas respectée, ce n’est pas la Guinée qui perd. On a déterminé les pénalités par mois jusqu’à une année. Après une année, si le projet n’est pas fini, l’Etat se réserve le droit de retirer complètement. Donc nous avons mis tous les gardes fous pour respecter les intérêts de la république de Guinée.

Où en est-on dans la construction des raffineries ?

Le 8 mars 2022, le chef de l’Etat a invité au palais présidentiel toutes les sociétés minières qui évoluent dans le secteur de la bauxite. Là, il a fait un cadeau qu’aucun autre pays n’a encore fait à des sociétés minières. Il a dit à ces sociétés, « Je vous autorise à vous mettre en des groupes ». Puisque qu’on a 12 sociétés minières. Chaque société minière est obligée dans son contrat avec l’Etat, de réaliser une raffinerie. Mais, d’un point de vue environnemental, nous, nous pensons que, est-ce que la Guinée mérite d’avoir 12 raffineries ? Cela va détruire l’environnement. Donc, on a invité les sociétés minières à venir nous rencontrer, pour qu’elles se mettent ensemble. Les 5 groupes ont été formés.

Alors, nous sommes en discussion avec ces 5 groupes pour que ces raffineries soient réalisées. On n’est pas qu’un pays de la bauxite. A côté de ça, il y a la raffinerie d’or. Aujourd’hui, je suis heureux parce que ce projet-là continue très bien, et pour information, la toute première raffinerie de la république de Guinée va être inaugurée à partir d’ici décembre 2024, et ça va être l’une des meilleures raffineries du continent africain. Vous pouvez dévoiler cela.

Entretien réalisé à Dubaï par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 17 février 2024 21:48

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