Siaka Barry : « Cellou n’est pas mon allié mais… »

Siaka Barry

CONAKRY- Que compte faire l’ancien Ministre Siaka Barry après « l’agression » dont il a été victime à Siguiri et à Dinguiraye ? L’ancien Chef du Département des Sports et de la Culture regrette-t-il d’avoir soutenu Alpha Condé ? Fraîchement rentré de sa tournée, Siaka Barry a accepté de répondre à nos questions. Dans cette interview, le chef de file du parti « Guinée Débout » réagit également suite aux violences survenues lors du retour de Cellou Dalein Diallo à Conakry.

 

AFRICAGUINEE.COM:Lors d’une de votre récente tournée à l’intérieur du pays, vous avez été bloqué à la rentrée de la préfecture de Siguiri. Qu’est-ce qui s’est-il réellement passé ? 

SIAKA-BARRY :Merci à Africaguinee pour l’opportunité que vous nous offrez. Effectivement, j’ai entamé une tournée nationale qui ne devait pas d’ailleurs me mener seulement en Haute-Guinée. La tournée devait me mener à travers les quatre régions du pays. Nous avons commencé en Haute-Guinée pour connaissance de cause biens sûr. Parce que la politique aussi est une démarche qui vise à conquérir un fief. Notre parti initialement s’appelait MPDG (Mouvement populaire démocratique de Guinée), agréé en septembre 2011. Ce parti lors de son 7èmecongrès tenu le 18 Novembre 2018 m’a élu à sa tête et a décidé de changer de dénomination pour devenir le parti « Guinée Débout ». De ce fait, le 02 Février dernier nous avons procédé au lancement officiel de nos activités. Donc notre déplacement s’inscrivait dans le cadre du partage d’information avec nos militants à la base, pour montrer que des changements majeurs ont eu lieu, et montrer les nouvelles orientations et visions surtout face au contexte politique actuel. C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé d’entamer une tournée à travers le pays.

Que s’est-il réellement passé à la rentrée de la préfecture de Siguiri ?

Mon blocage à la rentrée de Siguiri par les forces de l’ordre n’a été que la partie visible de l’iceberg. J’ai été bloqué plusieurs fois dans mes mouvements. Il y a eu plusieurs entraves à ma liberté de circulation depuis plus d’une année. Mais vous avez en face quelqu’un qui ne parle pas, je n’aime pas médiatiser ce genre d’évènements parce que nous ne faisons pas la politique avec du sensationnel, sinon je suis à ma troisième fois d’être bloqué rien qu’à Siguiri. Il vous souviendra que j’ai été exclu du stade de cette même préfecture le 02 octobre 2017. Par la suite, j’ai été bloqué à Kindia et on m’a refusé l’accès à l’université de Foulayah. Pourquoi cette fois-ci, cela a fait beaucoup de remous, c’est parce qu’à partir du 02 février, nous estimons que nous avons lancé officiellement les activités d’un parti politique légalisé. Or nous sommes citoyens guinéens, jouissant de tous leurs droits  civiques et politiques, protégé par l’article 10 de la constitution, qui nous garantit la liberté de circulation et d’association. Maintenant, si ce citoyen veut venir à la rencontre de ses militants dans une préfecture comme Siguiri, c’est quand-même un grand étonnement qu’il trouve une entrave à sa liberté, telle que nous l’avons rencontré à Siguiri. 

Pour revenir aux faits, nous avons quitté Kankan pour rallier Siguiri afin d’entamer l’étape du Bouré où nous étions invités par nos militants. A la rentrée de Siguiri, dans le quartier Bafinda, nous avons été désagréablement surpris de voir des barricades le long de la route. Ces barricades étaient appuyées par des loubards et même par des forces de l’ordre (…), au premier constat, nous avons cru voir en ces forces de l’ordre une force d’interposition entre les loubards qui attaquaient nos militants et nos militants eux-mêmes. Mais au fil des évènements nous avons compris que les forces de l’ordre étaient venues effectivement prêter main forte aux loubards pour s’attaquer à nos militants. Pour ne pas donc ajouter à la tension, nous avons préféré reculer et nous replier sur Kankan afin d’éviter des blessés, des casses et voir même des pertes en vie humaine. Chose qui serait regrettable. 

Selon vous qui serait derrière cet acte ? 

A force d’être répétés, ces actes commencent à prendre des allures d’acharnement sur ma personne et sur le jeune parti politique que je pilote. A vous comme à d’autres confrères, j’ai déjà dit que je tiens une seule personne comme responsable désormais de ma sécurité et même de ma vie, il s’agit du président Alpha Condé. Je le tiens personnellement responsable de ce qui arriverait à ma vie et à ma sécurité. 

Envisagez-vous de porter plainte devant une juridiction pour cela ?

Oui, j’ai envisagé sérieusement cela. Mais comme vous le savez, ce n’est pas la personne de Siaka Barry qui est aujourd’hui visée mais c’est une forme d’intimidation pour que nous reculions et pour que nous mettions fin à cette jeune révolution amorcée par nous. Puisque c’est l’action politique qui est visée par le gouvernement et le régime en place, nous avons décidé de nous concerter avec notre base, d’abord avec nos militants, avec les responsables du parti afin de prendre une décision commune. Décision qui va certainement nous mener à saisir les juridictions compétentes.

Au vue de cette situation que vous dénoncez, regrettez-vous d’avoir été aux côtés du président Alpha Condé ? 

Non, je n’ai aucun regret ! je le dis encore une fois, l’homme je l’ai suivi pour sa vision à l’époque. Il s’est défait de cette vision et de ce manteau. Le regret est plutôt dans son camp (…), moi je ne le regrette pas et je reste constant et droit dans mes bottes face à cette vision. Je n’ai pas changé mais plutôt le président Alpha Condé qui a changé. C’est lui qui a changé de costume et qui changé de vision. Le jeune Siaka Barry qui a accompagné la vision socialiste du président Alpha Condé quand il était opposant et qui avait cru que cette vision socialiste qui allait être mise en œuvre lorsqu’il serait au pouvoir. Ce jeune ne regrette pas, si c’était à refaire, je l’aurais refait dans le même contexte. Ce que je regrette surtout, c’est le fait que l’homme ait changé et je le regrette pour lui-même. Les risques de désagréments lui incombenti.  Il est le seul comptable devant l’histoire, devant les Hommes et devant Dieu. Je ne regrette pas mais je le plains au contraire. 

A votre avis le président serait-il mal entouré ? 

Non, je ne suis pas d’accord avec cette phrase lorsqu’on me dit qu’il est mal entouré. Mais plutôt, le président s’est mal entouré et il est responsable de ses actes, il a la capacité et la faculté de par la loi de choisir librement ses collaborateurs, de faire confiance à qui il veut, d’accepter et de se défaire de qui il veut. Donc si nous constatons que son entourage n’est pas bon, foncièrement c’est lui qui n’est pas dans la bonne vision. 

Quelles observations faites-vous des violences enregistrées lors du retour de Cellou Dalein Diallo à Conakry ?

C’est la même lecture que je fais de mon propre cas à Siguiri et à Dinguiraye où j’ai été la cible d’une unité mixte armée, gendarmerie, police, pour se déplacer en rase campagne pour aller déloger notre convoi. C’est donc la même lecture que je fais, c’est un recul de l’Etat de droit et de la démocratie. Certes Cellou Dalein n’est pas mon allié mais devant n’importe quelle injustice nous sommes quand-même indignés. C’est un recul grave de la démocratie, de l’Etat de Droit, c’est un déni des principes démocratiques qui régissent notre pays. Mais je crois aussi que c’est une attitude qui frise l’intimidation. Les gens voudraient procéder par des actes malveillants en une forme d’intimidation de tous ceux-là qui peuvent constituer une entrave à leur rêve maléfique. Ce que je perçois en filigrane derrière tout cela c’est certainement une volonté d’étouffer toutes velléités de résistance à un tripatouillage constitutionnel. Nous disons donc à ceux- là, y compris le président de la république Alpha Condé, s’il est dans cette lancée, que personne ne peut ramer à contre-courant de la volonté du peuple. Ce peuple s’est déjà doté d’institutions, qu’elles soient fortes ou faibles, ces institutions sont à respecter. 

Pour terminer, je dirais auxguinéens et  à nos  nombreux militants, surtout ceux de Dinguiraye et de Siguiri qui sont restés frustrés du fait qu’ils  n’ont pas pu communier avec leur leader, de garder la patience et de rester serein et de ne pas céder à la provocation. Nous venons de très loin (…), en guise d’exemple nous avons d’ailleurs le professeur Alpha Condé qui a subi assez d’injustice avant d’accéder au pouvoir. Je dirais donc que les acquis démocratiques doivent être fondamentalement préservés dans l’unité, dans la cohésion sociale et surtout dans la solidarité fraternelle entre tous les guinéens. Nous, nous inscrivons en tant que parti de l’opposition dans ces valeurs là et nous pensons que sans ces valeurs aucune paix n’est possible en Guinée.

 

Entretien réalisé par :

BAH Boubacar LOUDAH

Pour Africaguinee.com

Tél. 🙁 +224) 655 31 11 13

Créé le 26 février 2019 12:04

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