Santé: la femme et le poids de la stérilité (reportage…)

Maternité Ignace Deen

CONAKRY-La stérilité est un sujet tabou en Guinée. Pourtant de nombreux couples en souffrent. Dans la société guinéenne, en cas d’infertilité dans un couple, la femme est souvent pointée du doigt. Dans certains cas, face à de telles situations, la femme est exposée à la violence conjugale, la stigmatisation, l’abandon, la calomnie et de brimades de toutes sortes. Tant disque dans d’autres, le couple se donne les mains pour trouver un remède.

Après 3 ans de mariage, madame M.C n’arrive pas à concevoir. Une situation qui la ronge moralement. Avec ses 30 ans révolus, elle traverse des moments pénibles au sein de son couple et vit sous les menaces de sa belle famile. Désespérée, cette citoyenne de la commune urbaine de Coyah, une préfecture située à la rentrée de Conakry, est traitée de sorcière par sa belle-famille, qui l’humilie dans le voisinage parce que n’ayant pas pu procréer.

« Depuis trois 3 ans  je  n’ai pas eu d’enfants et  je souffre beaucoup.  Quand je suis dans la maison familiale personne ne me considère.  Ma belle-mère et  mes belles-sœurs sont  en train de dire que je suis sorcière. Mais moi je sais que l’enfant c’est un don de Dieu», raconte la dame, qui peut cependant se soulager du soutien qu’elle a de son époux. Ce dernier   avoue qu’il subit la pression de ses proches pour divorcer, mais il préfère rester avec son épouse et continuer de suivre des traitements.

 «  Mes parents me demandent de divorcer avec ma femme et de me remarier. Mais moi, je préfère soigner ma femme. Nous sommes allés  ensemble chez les tradi-praticiens et à l’hôpital », a affirmé  l’époux de M.C, mécanicien de profession.

Sa femme elle, est soumise à toute sorte de rituelles pour concevoir. Pour vaincre sa stérilité, sa belle-mère l’oblige quelquefois à faire des pratiques rituelles aussi surréalistes qu’absurdes, sans résultats probants. Jusqu’à présent, aucun signe de grossesse.

 « Lors d’une cérémonie de baptême dans la famille, mes belles-sœurs m’ont trainé dans le sang du mouton qui a avait été  égorgé à l'occasion.  On nous a dit que si tu fais ça à une femme elle fera des enfants. Puisque je subissais toute sorte d’attaques,  j’étais obligée d’accepter », se souvient-elle.

Si certaines personnes n’ont aucune croyance à ces pratiques ancestrales, la  veille Mariama Diallo est certaien que cette méthode traditionnelle marche bien.  «  Fatim, la femme à mon petit- frère  avait  fait  5  ans sans faire des enfants, mais quand on l’a trainé  une fois dans le sang du mouton qu’on avait égorgé lors d’un baptême, quelques mois après elle est tombée enceinte d’un garçon », explique la vielle.  

Madame M.D est une autre jeune-femme qui a fait 5  ans de  vie conjugale sans enfants. Elle témoigne sa souffrance. « Mon mari, mes beaux-parents m’accusent d’être stérile, à cause du fait que mon époux  avait eu des enfants avec une autre femme.  C’est pourquoi, il a longtemps refusé de se rendre à l’hôpital pour suivre un traitement.  Mais, tout à basculer après une visite médicale du couple. Après un examen chez le gynécologue, les résultats ont révélé que mon mari est atteint d’une azoospermie  (absence de spermatozoïde, ndlr) tant disque moi, je souffrais d’une infection », confie la jeune femme, interrogée dans un hôpital de Conakry.

Les causes de l’infertilité chez la femme sont multiples, explique le Dr Loua Avit, gynécologue-obstétricien à l’hôpital national de Donka. Parmi elles, il a cité certaines infections dues au trichomonas et le  fibromyome de l’utérus (fibromes) qui bouche les trompes. 

Comment se fait le traitement ?

Ce gynécologue-obstétricien recommande  des examens systématiques pour  situer le médecin sur le traitement et une échographie.  « Si les trompes au niveau de l’appareil génital de la femme sont bouchées, il faut  des antibiotiques et des corticoïdes », explique le médecin.

Par ailleurs, soutient-il, certaines complications sont dues aux mauvais traitements suivis par les femmes  chez des tradipraticiens, qui, selon lui  ne font pas de diagnostic.   « Les femmes  viennent aux derniers stades de la maladie, après avoir commencé chez les tradi-praticiens. C’est quand ça ne va pas, elles s’orientent chez un gynécologue », déplore ce médecin. 

Selon le Dr Loua, au moins deux femmes se font consulter chaque jour pour des problèmes liés à la stérilité.

Sabou Gnouma, une  structure de tradi-praticien qui fabrique des médicaments  à base de plantes se défend. « Ces médicaments  sont conçus en poudre  et en liquide emballés dans des caoutchoucs et bouteilles. Ces deux  produits peuvent   soigner plusieurs maladies comme la syphilis, la gonococcie, l’hémorroïde, la chaude pisse et le nettoyage des reins. Beaucoup de personnes viennent ici pour payer ces médicaments qui coûtent entre GNF 10.000 à  GNF 15.000.  Ces produits sont pris avec une cuillerée à soupe matin et soir par le couple, pour une durée d’un mois. Mais, pendant le traitement, le rapport sexuel est interdit», a expliqué ce tradipraticien qui rassure de l’efficacité de son  traitement. 

 

BAH Aissatou

Pour africaguinee.com

Tél. : (+224) 655 31 11 14

 

Créé le 24 novembre 2016 19:27

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