Maférinyah : A la rencontre des communautés impactées par le projet Simandou… « les poissons se font rares »

FORECARIAH- Maférinyah et Kabak font partie des localités traversées par le projet Simandou. Longtemps resté en « jachère », cet ambitieux projet commence enfin à se concrétiser. Ces derniers mois plusieurs actes ont été posés par le Gouvernement et ses partenaires allant dans la sens de l’exploitation de cette gigantesque mine de fer située dans le sud de la Guinée.

Ce projet minier est détenu par Winning Consortium Simandou (Blocs 1 et 2) et Rio Tinto SIMFER (Blocs 3 et 4). Suite à l’arrivée de nouvelles autorités le 5 septembre 2021, les choses se sont accélérées et cela a permis la signature d’un accord-cadre entre l’État guinéen et les entreprises adjudicatrices pour un développement harmonieux du projet et la création de la Compagnie du trans-guinéen (CTG) pour la construction et la gestion des infrastructures.

Un cratère causé des travaux de dynamitage

Le développement du projet nécessite un chemin de fer long de 650 km, traversant les quatre régions naturelles du pays et d’un port au sud-ouest pour l’exportation du minerai. Mais il faut mobiliser 15 milliards de dollars. Vue sa taille et son caractère intégré mines plus infrastructures (Port et chemin de fer), le projet représente des enjeux socio-environnementaux considérables. À date, ces impacts sur l’environnement et les communautés riveraines se font déjà sentir. Un journaliste du site Africaguinee.com est allé à la rencontre des communautés impactées par les travaux en cours du projet dans la préfecture de Forécariah (Maférinyah et Kabak).

Nous commençons notre périple par Singuélen, une localité de la sous-préfecture de Maferinyah. Safiatou Camara veuve et mère de famille, a vu son champ complètement détruit suite aux travaux du projet. Elle explique avec dépit sa souffrance :

« Nous avons travaillé dans ce champ toute l’année mais malheureusement la moisson ne sera pas bonne puis que le riz est pratiquement ravagé par les travaux des sociétés qui évoluent dans cette localité. J’ai onze (11) enfants et je n’ai personne d’autres pour m’aider à les nourrir. Mon mari est décédé, j’ai payé la main d’œuvre pour les travaux champêtre mais je constate qu’après ce financement le résultat sera nul puisque le champ est inondé d’huile de moteur et d’autres substances provenant des chantiers de la société.

Cette exploitation a détruit tout mon champ. Si on ne m’aide pas c’est la famine qui risque d’e s’installer chez moi cette année. Nous connaissons bien les membres du comité de suivi des impacts. Ils nous rendent visite régulièrement tout en visitant nos champs aussi. Les autorités aussi sont informées de notre situation. Nous leur demandons de nous aider à mieux vivre des fruits de nos travaux champêtres. Nous ne sommes pas contre l’exploitation dans la zone mais ils doivent épargner nos champs des impacts négatifs », elle explique cette mère de famille.

Alseny Soumah un autre citoyen de la même localité, confie que sa maison et celles d’autres habitants ont été détruites suite à des dynamitages. Ce citoyen interpelle les autorités sur leur situation : « Depuis l’arrivée de ces sociétés minières dans la zone nous subissons assez de dommages. Les dynamitages ont des conséquences graves sur nos concessions. Quand on les interpelle ils viennent juste pour constater après sans suite. Pour mon cas, dès qu’ils ont fait le dynamitage la première fois, j’ai directement constaté des fissures sur ma maison. Ensuite, ils ont fait une série de dynamitage. Aujourd’hui, la maison est complètement détruite et je n’ai pas de moyens pour la reconstruire. C’est pour cette raison que nous demandons au gouvernement d’intervenir entre nous et les sociétés qui évoluent dans cette zone« , lance-t-il avec insistance.

Mamasta Cissé est une habitante de Touguigniré port, toujours dans la sous sous-préfecture de Maferinyah. Cette femme de ménage pratique la pêche dans cette zone depuis des années. C’est avec des larmes aux yeux qu’elle explique les problèmes que les pêcheurs rencontrent depuis l’arrivée des sociétés dans leur localité.

 » Je vis ici avec mes enfants depuis plusieurs années. Nous vivons de la pêche. Depuis plusieurs mois maintenant, ma pirogue et mes filets de pêche sont en rade. Tout est complètement gâtés suite à des travaux qui sont en train d’être faits en mer par des chinois. Ils sont en train de mettre des cailloux dans l’eau pour permettre à leurs bateaux de passer. Depuis qu’ils ont mis ces cailloux là-bas dans la mer où nous pêchons, les poissons se font de plus en plus rares », révèle cette dame.

A Kaback, BOUNDOU SOUMAH est le chef de port adjoint. Il affirme que depuis l’arrivée des chinois dans cette zone les populations n’arrivent plus à faire la pêche. Il invite les autorités à leur venir en aide

« Depuis que les chinois ont commencé la construction de leur port, ils ont mis des cailloux dans l’eau pour permettre à leurs navires de passer. Alors, ces cailloux nous empêchent de faire la pêche. Aujourd’hui, on peut mettre 30 litres dans nos pirogues motorisées pour aller pêcher mais nous revenons les mains vides. Or, nous avons des bouches à nourrir. C’est pour cette raison que nous demandons au gouvernement et surtout au ministère des mines et de la géologie de nous venir en aide sinon on risque de tomber dans la famine », plaide le chef de port adjoint de Kaback.

A suivre…

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com

Créé le 29 décembre 2023 09:06

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