Présidentielles en Guinée: Entretien avec Jean-Marie Doré

Jean Marie Doré, leader de l'UPG

CONAKRY-L'organisation des élections présidentielles du 11 octobre fait grincer des dents. Le montant de la caution (800 millions), le nombre de candidats…, autant de sujets abordés avec Jean-Marie Doré. L'ancien premier ministre espère participer à ce scrutin qui suscite des passions dans le pays. Entretien!

Africaguinee.com : On vient de fixer la caution à payer  pour l’élection présidentielle à 800 millions GNF et aussi le plafonnement de la campagne à 20 milliards. Qu’en dites-vous ?

Jean-Marie Doré : Je crois  que l’amplification de la caution d’une élection à une autre, n’est pas de nature à favoriser  l’émergence de tous  les problèmes d’opinions, parce que la démocratie se caractérise aussi par l’aménagement  du cautionnement qui est une nécessité. Mais si on l’exagère il devient un vote censitaire. Si la fortune  vient supplanter le droit de vote des citoyens, cela entame gravement  la capacité des citoyens à participer massivement  à l’expression du suffrage des citoyens. Il est normal  qu’il y ait une caution, parce que l’Etat fait des dépenses. Cette caution sert à rembourser aux dépens  des partis qui ne dépassent pas le seuil des 5%, les dépenses effectuées par  le gouvernement pour  l’impression des cartes d’électeurs, pour l’impression des panneaux  de photo des candidats. Mais il faut que ça soit fixé de façon raisonnable  pour que la participation des problèmes d’opinion soit effective.

Africaguinee.com : Nous remarquons une augmentation de 100%, puisqu’en 2010 quand vous étiez premier ministre, c’était 400 millions. Qu’en dites- vous ?

Ça me paraît aller à contre sens du but qu’on voudrait atteindre, parce que si la caution d’une élection à une autre est doublée sans que cela ne soit justifiable,  avant d’ailleurs la caution était à 20 millions puis 30 millions, la progression était normale. Mais à partir de 400 millions jusqu’à 800 millions, cela me parait excessif.

Africaguinee.com : le mardi 11 août 2015, on vous a vu à l’investiture du président Alpha Condé comme candidat à l’élection présidentielle, apparemment tout joyeux. Est-ce un signe de rapprochement entre vous ?

Vous croyez  que les Guinéens doivent être tristes partout où ils passent ?  Le fait d’aller rire dans une ambiance où tout le monde est content, ne signifie pas que l’on s’approche où que l’on s’éloigne. N’oubliez que nous sommes quatre amis,  Bah Mamadou, Siradiou Diallo, Alpha Condé et moi. Nous avons lutté sur tous les fronts pour que les lois fondant  et instituant le système démocratique ne restent pas lettres mortes.  Nous sommes des amis et dirigeons des partis qui ont chacun une méthode, une expression. Donc, ceci compris, je trouve tout à fait normal que quand les militants d’Alpha Condé organisent un congrès pour choisir leur candidat, s’ils m’invitent que j’y aille.

Africaguinee.com : Oui mais à l’investiture de Cellou Dalein Diallo vous n’y étiez pas ? 

Parce que j’étais  en mission à l’intérieur du pays. Je suis rentré le lundi  dernier à minuit.

Africaguinee.com : Justement par rapport à cette mission, votre parti vous à plébiscité non seulement comme président de l’UPG, mais aussi  comme futur candidat à l’élection présidentielle de 2015. Vos impressions ?

C’est un pléonasme de dire que nous étions contents. Les gens donnaient pour mort notre parti, mais il s’est réveillé avec tam-tam et trompette. C’est que nous sommes présents  sur le terrain surtout, le président du parti est un militant comme un autre, si les citoyens lui font confiance, il a le devoir d’être content au lieu de s’attrister. Mon ami Kassory est venu me cherché pour qu’on participe à la convention du RPG, et on a été.

Africaguinee.com : De plus en plus on parle d’une coalition qui réunirait  des partis politiques  issus de la région forestière. Comment se fera le choix du candidat de cette coalition pour la présidentielle?

C’est déjà fait. On s’est réuni et on n’a pensé que la multiplicité des candidatures n’est pas une voie efficace de se faire comprendre du citoyen. On sait d’avance, dès l’énoncé des noms des partis, qu’aucun n’atteindra le but des partis politiques. Parce que tout le monde sait qu’un parti est crée pour la conquête du pouvoir. Si face à des grands partis comme le RPG ou l’UFR on crée 20 partis en face, il est évident qu’aucun des 20 ne pourra passer  le seuil minimum. Par contre si vous allez en rang serré, vous composerez le menu de telle manière que les ingrédients soient abondants. Je crois que c’est une voie d’efficacité. C’est une bonne chose d’aller  vers les grands regroupements. C’est  non seulement efficace pour gagner, mais constituent aussi un réservoir pour  le choix dans les successions.

Africaguinee.com : Est-ce qu’il y aura des primaires vu que vous, Dadis, Gandhi Tounkara, le ministre papa Koly Kourouma  ambitionnez tous de briguer la magistrature suprême du pays ?

Ils ne m’intéressent  pas. Vous m’avez posé une question sur mon parti et ses activités. Les autres c’est leurs affaires, ce qu’ils font  ne m’intéressent  pas. J’ai affaire à des gens qui ont la volonté de faire la même chose que moi, on uni nos forces. Mais s’il y a des forces périphériques divergentes, cela ne m’intéresse pas.

Africaguinee.com : Que pensez de la détention du député Ousmane Gaoual Diallo suite à une altercation qu’il a eu avec l’opérateur économique Diouldé Diallo ?

Non ce n’est pas une altercation, mais une agression contre la personne physique de M. Diouldé. Il faut dépassionner ça. L’Assemblée Nationale a commandé des véhicules, la société de M. Diouldé a été copté pour fournir les 112 véhicules des députés plus les véhicules de service. Ce qui fait, je crois 124 voitures. Moi par exemple il a fallu un mois pour que j’aie ma voiture. Du dehors on ne comprend pas. Mais il y a tout d’abord l’influence du ministère des finances, de la douane, il y a toute une opération. Les véhicules ne peuvent pas venir d’un coup. Je crois d’ailleurs qu’il y a huit personnes qui n’ont  pas encore été en possession de leurs voitures dont trois députés de la mouvance. Donc ce n’est pas une affaire politique, mais plutôt une question de répartition. Alors ce que je crois savoir que M. Gaoual est allé dans les locaux de Tané pour  demander sa voiture et Diouldé lui a dit qu’il n’a pas de voiture à lui donner, mais plutôt d’aller s’adresser au secrétaire général  de l’Assemblée Nationale. Mais il a tenu à ce que ça soit  Diouldé qui est le responsable des commandes.  Djouldé  lui a dit qu’il a une lettre dans laquelle il est dit que tout député qui voudrait une voiture de s’adresser au secrétariat de l’Assemblée, mais il a passé outre . Pendant ce temps Diouldé était entrain de manger dans son bureau, Gaoual a pris le verre il l’a cassé. Il était accompagné de deux gardes du corps. Puisque Diouldé continuait de manger  il a pris le contenu du verre il l’a jeté au visage de M Diouldé, d’après les témoignages qui m’ont été rapportés de façon concordante. Heureusement qu’il s’est protégé les yeux pour ne pas recevoir les tessons dans ses yeux. Par contre il était grièvement blessé et  les employés de Diouldé qui étaient là, qui voulaient venir au secours de leur patron ont également été molestés par les gardes du corps qui accompagnaient  Gaoual.

Un acte comme celui-là,  qu’on soit député ou ministre ce n’est pas bon. Il n’est pas permis d’aller au domicile des gens bien que cet endroit soit un commerce d’agresser les gens. Ici c’est un flagrant délit, il n’y a pas d’interprétation à ça. La loi dit en son article 48 que le député est protégé contre les arrestations, l’emprisonnement, mais que le député n’y échappe à la poursuite que si une enquête en cours laisse présumée qu’il est coupable. Dans ce cas, il peut écrire à l’Assemblée Nationale de lever l’immunité pour qu’on fasse des enquêtes. Mais en cas de flagrant délit, le procureur poursuit, sans demander l’autorisation de l’Assemblée. Parce que c’est un flagrant délit, il ne peut pas nier, il n’a pas à constituer des témoins, on l’a pris la main sur les faits (…) La justice est dispensée  de faire la procédure d’information et de la demande de mise à jugement du coupable. J’ai écouté des discours à l’Assemblée disant que l’arrestation est illégale. Non,  ce n’est pas parce qu’un député est de mon parti que lorsqu’il commet une faute il  faut l’absoudre parce qu’on n’a pas demandé l’avis du  groupe parlementaire.

Le fait d’appartenir à un groupe parlementaire n’est pas une garantie de non poursuite. La seule garantie de non poursuite, c’est quand il y a une enquête contre un député, le résultat doit être soumis au président de l’Assemblée Nationale qui, après consultation des organes de l’Assemblée décide si malgré  tout, il faut poursuivre ou non. Mais le flagrant délit, le procureur passe outre. Il n’est pas tenu de solliciter l’avis du président de l’Assemblée. A mon avis, un parti politique doit savoir sanctionner son militant quand il a un certain comportement parce qu’à la fin, ça rejaillit négativement sur le parti. Le fait de demander au député qui s’est rendu coupables de coups et blessures sur la personne ne diminue pas le parti. Au contraire cela montre qu’au sein de ce parti qu’il y a la discipline. Et que l’on sait  séparer les bonnes graines de l’ivraie. Si l’on mélange tout à l’immunité parlementaire on arrivera une situation de conflits.

Africaguinee.com : Face à la menace de Boko-Haram, le président Alpha Condé a dit que la Guinée pourrait envoyer des soldats si les pays concernés en sollicitaient. Quel est votre avis sur cette question ? 

Mais c’est normal. La Guinée le Nigeria, le Niger, le  Cameroun, le Mali font partie de  la CEDEAO. Et la CEDEAO est frappée de plein-fouet par les attaques sans réplique significatives des armées des pays touchés.  La Guinée doit apporter son soutien parce que c’est une zone relativement connue de nos armées. Par contre je m’étais opposé à l’envoi de nos soldats en Djibouti, parce que le climat de ce pays n’était pas supportable par nos soldats, les gens le savent. Mais au Nigéria il y a la partie de la Forêt et de la savane. Donc ici le niveau d’entrainement de nos soldats leur permet  de se déployer sans trop de dommage.

Africaguinee.com : Mais est-ce que cela n’exposerait pas notre pays face aux attaques de Boko Haram ?

C’est si nous ne faisons rien, quand Boko Haram dans la pire des situations aura pris solidement racine, au Nigéria, au Mali au Burkina…la Guinée sera broyée par un petit effort, donc il faut une anticipation. La meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer mais en conformité avec les réalités du terrain. Moi je suis d’accord avec nos chefs des armées pour ça. Le premier devoir d’un chef d’Etat c’est de défendre l’intégrité territoriale de son pays et la sécurité de ses citoyens. C’est s’il ne faisait rien que cela allait être grave. La Guinée est exposée à plusieurs sortes de maux. Il y a non seulement la menace Boko-Haram  qui s’est mué en Etat Islamique, mais on laisse ici, pour des raisons qui m’échappent fleurir les semences de Boko-Haram(…). Vous voyez toutes ces femmes voilées ce n’est pas normal, on ne sait pas ce qu’elles cachent sous le voile. Je pense qu’il faut presser le président Alpha Condé, de prendre des dispositions réglementaires de manière  légale interdisant le port du voile dans la rue. Si nous voulons être sérieux il faut interdire cela, il ne faut pas que la religion serve de prétexte au développement d’individus mal intentionnés qui cachent leurs visages dans la rue. Il faut que la police puisse identifier  tous les citoyens du pays. Quand tu es chez toi il t’est loisible de porter ton masque, mais dès que tu franchis le seuil de ta porte pour dehors il faut que tu sois identifiable. C’est la sécurité collective qui est en question, ce n’est pas une affaire de gouvernement seulement. Ce n’est pas parce que M. Alpha Condé a fait le discours parce qu’il à peur, mais c’est son devoir et sa charge de veiller à ce que tous les criminels soient identifiés. Donc je suis solidaire de toutes les déclarations qu’on ferait dans ce domaine pour identifier tout le monde. Celui qui veut aller se couvrir vont au couvent, or la Guinée n’est pas un couvent.

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 31 11 12

Créé le 16 août 2015 11:39

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