Oyé Guilavogui : ‘’Pourquoi nous avons augmenté le coût des appels téléphoniques ?’’ (Interview exclusive)

Oyé Guilavogui, Ministre des Postes et des Télécommunications  Photo-Africaguinee.com

CONAKRY- Pourquoi le gouvernement de la Guinée a revu à la hausse le prix de l’appel téléphonique ? Le Ministre d’Etat en Charge des Postes et Télécommunications, Oye Guilavogui est revenu de long en large sur cette décision gouvernementale, qui connait déjà un ‘’tollé’’ général au sein de la population. Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, le Ministre d’Etat Oye Guilavogui donne les raisons  de cette augmentation. Il s’exprime également sur la relance de la Société Guinéenne des Télécommunications (SOTELGUI) fermée depuis belle lurette. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur le Ministre bonjour !

OYE GUILAVOGUI : Oui bonjour !

Qu’est-ce qui motive cette décision du Gouvernement d’augmenter le prix des appels téléphoniques qui ont connu une hausse de 12% ?

Pour répondre à cette question il faut remonter plus loin. Vous n’êtes pas sans savoir que le pays est en proie à une épidémie de fièvre hémorragique  à virus Ebola depuis plus d’un an. Donc depuis pratiquement au début de l’année 2014, l’économie de notre pays fait face à une crise économique sans précédent  au point que le gouvernement n’a pas pu exécuter son programme d’investissement comme partout ailleurs en de pareilles circonstances, l’Etat cherche toujours à combler le gap perdu. Depuis cette date  les ressources se font de plus en plus rares, les caisses de l’Etat se sont vidées  et pour parer à de telles situations, des mesures d’urgences sont donc enclenchées par l’Etat qui passe par tous les moyens pour renflouer ses caisses  et trouver des ressources pour pouvoir exécuter des programmes d’investissements de l’année qui sont déjà budgétisés, votés par l’Assemblée nationale et  promulgués par le président de la République. Ce n’est pas  seulement  aux télécommunications, dans beaucoup de domaines il y a eu des redressements, et chacun doit faire des sacrifices pour redresser notre économie. Donc c’est dans cet esprit que l’Etat a demandé (…) et surtout la raison fondamentale, c’est que le coût des appels téléphoniques en Guinée est le plus  bas de la sous-région, et comparativement aux pays occidentaux  c’est autre chose. Nous avons alors décidé  d’augmenter  un franc la seconde d’appel, c’est pratiquement 60 GNF la minute, c’est absolument rien du tout, c’est insignifiant. Donc une fois encore je dis que chaque guinéen doit consentir un sacrifice. Vous savez d’ailleurs que cette loi a été votée à l’Assemblée Nationale, les députés qui y siègent sont l’émanation du peuple.

Avez-vous pensé à l’impact qu’aura cette augmentation sur les populations, qui croupissent pour la plupart dans le dénuement ?

C’est notre pays, s’il y a des situations difficiles, chacun doit apporter sa modeste contribution. Tout le peuple est conscient des épreuves que l’Etat a endurées dans cette lutte contre Ebola. Je crois que 60 GNF la minute c’est vraiment insignifiant. Nous n’avons pas voulu taxer plus fort, nous avons vraiment pris le minimum pour soulager les populations. Connaissant le niveau de vie du guinéen, nous avons pris le plus niveau de l’échelle.  

Est-ce qu’on pourrait s’attendre à une baisse du coût de la communication une fois que la crise économique sera passée ?

Non c’est définitif ! Pourquoi ça devrait être momentané ? Mais je vous dis encore une fois, que personne ne verra passé cela parce que c’est vraiment insignifiant. Nous avons tenu compte du volume des appels, si nous prenons par exemple 22 millions d’appels par mois, vous multipliez cela par une seconde la minute, c’est beaucoup d’argent avec le nombre d’abonnés, mais individuellement pris, c’est microscopique.

Certaines sources affirment que l’Etat pourrait avoir la bagatelle de 900 milliards par an avec cette taxe sur les appels téléphoniques. Confirmez-vous cette information ?

C’est de la spéculation, sinon on aurait tapé plus fort pour avoir plus d’argent. Comme je l’ai dit ce n’est qu’une spéculation. Il ne faut pas prendre de façon globale le raisonnement, sinon le calcul sera faux, il faut prendre par consommateur.

Où en êtes –vous avec la relance de la SOTELGUI, quand on sait que cette société fut la première dans le domaine de la téléphonie mobile en Guinée ?

Je suis très heureux, et d’ailleurs de profiter  du micro d’Africaguinee.com, pour annoncer  que nous allons très bientôt lancer SOTELGUI. Nous avons fini d’équiper les 62 sites de Conakry et  autour de la capitale avec des équipements de dernière génération de 4G méconnu par les guinéens. Aujourd’hui les équipes sont dans les capitales régionales pour y travailler. D’ici un mois le travail sera finalisé là-bas aussi, nous allons lancer le réseau selon le calendrier que nous nous sommes fixé pour le début du mois d’août. Je le dis  avec  précision. Une fois le réseau lancé, on va élargir le travail dans le reste des préfectures du pays.

Avec quelle entreprise travaillez-vous ?

Nous sommes en train de préparer un cahier de charges pour le recrutement  d’une société d’exploitation. Cette fois-ci, après les expériences passées, nous ne voulons pas que l’Etat gère. Dès qu’on dit que c’est l’Etat, cela devient une vache laitière où tout le monde vient s’abreuver.  A la demande de la Banque Mondiale qui a inscrit cela dans leur schéma de redressement, nous allons comme je vous l’ai dit, recruter un opérateur avec lequel, nous allons signer un contrat d’exploitation pour une durée d’un ou de deux ans, le temps de redresser la gestion.

De nombreux observateurs prédisent  déjà que pour relancer cette entreprise, l’Etat se pencherait plutôt vers les pays Asiatiques, notamment la Chine ?

Encore des spéculations…Ce que je peux vous dire c’est les asiatiques qui ont eu le marché pour sa modernisation. Nous y avons injecté 50 millions USD, avec HUAWEI. A la fin de toutes les installations et les tests, ils vont nous rendre les clés et partir. Je vous dis ici, que la société d’exploitation en elle-même n’est pas encore recrutée.  D’ailleurs si on parle des arabes ou des maghrébins, je dirais qu’on avait été approchés  par des gens de Maroc Telecom, mais nous avons été butés  à des problèmes pécuniaires  au niveau du pourcentage. Dans les conditions normales on doit pouvoir trouver un exploitant avant le lancement du réseau

Ce qui reste claire après les deux années de test, nous allons ouvrir le capital et chacun trouvera son compte. Ceux qui veulent acheter des actions, qu’ils soient des guinéens, des privés ou des sociétés étrangères chacun y trouvera son compte.

Avez-vous un appel à lancer à l’endroit des populations ?

Que les populations sachent quelles ont été ménagées, donc nous les invitons à la sagesse et  à avoir un esprit patriotique de contribuer à ce sacrifice pour que l’économie guinéenne durement frappée par cette épidémie puisse  se redresser.

Merci  Monsieur le Ministre !

C’est moi qui vous remercie !

 

Entretien réalisé par  BAH Boubacar LOUDAH

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 655 31 11 13

Créé le 3 juillet 2015 16:13

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