Ousmane Gaoual Diallo : « Ce qui se passe en Guinée n’est pas singulier… »

CONAKRY- Depuis le 24 novembre 2023, l’accès à l’internet est restreint en Guinée par les autorités. Il y a eu par la suite l’explosion du dépôt national d’hydrocarbures dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, plongeant ainsi le pays dans une sorte de double crise. Malgré les dénonciations, les autorités de la transition maintiennent la restriction. En plus, des médias de grande écoute sont frappés par des mesures les contraignant à perdre leur droit à la liberté d’expression. Dans cette deuxième partie de l’interview qu’il a accordée à Africaguinee.com, le porte-parole du gouvernement et ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie Numérique essaye de défendre la position des autorités.

Africaguinee.com : Un pool de diplomates accrédités en Guinée a exprimé des préoccupations sur les difficultés qu’ils ont pour avoir accès au carburant ainsi que les conséquences des restrictions à l’internet qui perdurent. Comment est-ce que le gouvernement compte prendre cette problématique ?

Ousmane Gaoual Diallo : Pour le carburant, je trouve que c’est injuste quand-même ! Parce que ces diplomates vivent en Guinée, ils ont vu que c’est un incendie très grave. Cette difficulté d’approvisionnement touche tout le monde y compris les populations. Que des diplomates trouvent quelque chose à dire sur ça, c’est quand-même étonnant parce qu’ils devraient être comme tout le monde. C’est le tout le pays qui est impactés. On ne peut pas vivre une crise qui impacte toute la société guinéenne et que des diplomates soient épargnés.

Quant à internet, le jour où on arrivera à maitriser parfaitement les processus en cours, l’internet trouvera une vie normale. Il y a aujourd’hui des faits : l’Etat investit énormément de l’argent dans l’aménagement des infrastructures de connexion, elles ne sont pas profitables à l’Etat. C’est presqu’un milliard et demi de dollars qui sont générés par les secteurs de télécommunications en Guinée. L’Etat guinéen ne tire pas plus de 100 millions dedans, si les gens trouvent que c’est normal, donc nous mettons ensemble un certain nombre d’outils pour contrôler pour pouvoir optimiser les recettes de l’Etat. Ça se fera et il faudrait que les gens s’attendent à payer pour consommer, c’est très important.

Le ministre des affaires étrangères évoque des aspects de sécurité nationale…

Quand on dit maitriser, il y a tous les aspects : sécuritaire, économique, techniques et organisationnels… il y a tout dedans. Moi j’ai écouté un des ambassadeurs des Etats-Unis parler de ça. Mais les Etats-Unis ont interdit TikTok, pourquoi ? Parce que c’est pour des raisons sécuritaires. Le gouvernement Français vient d’interdire tous les officiels français l’usage de WhatsApp, pourquoi ? Il faut que les gens comprennent que ce qui se passe en Guinée n’est pas singulier, c’est-à-dire quelque chose qui est propre aux pays africains, non. Il y a énormément de pays, si vous allez en Egypte, à Dubaï aux Émirats arabes unis, beaucoup d’applications n’existent pas.

Je dis que le gouvernement Français a pris des dispositions pour interdire à ses cadres d’utiliser WhatsApp, pourquoi ? Donc il y a des réalités, pour la maitrise de cette technologie. Tous les gouvernements sont préoccupés par rapport à ça parce que nous sommes quand-même à l’ère de l’intelligence artificielle ou on a quasiment des logiciels autonomes qui peuvent faire beaucoup d’activités pour plus de vigilance pour maitriser tout ça.

On a l’impression que l’impatience grandit. Est-ce qu’il y a un timing fixé pour lever ces restrictions ? 

Oui ça se comprend. Les gens sont impactés, l’Etat l’est aussi. Il n’y a plus d’impôts, de passeports, de visas, il y a beaucoup de services de l’Etat qui ne fonctionnent plus. Il n’y a donc pas que les particuliers, mais on comprend cette impatience et cette exaspération mais que les gens gardent un peu plus de patience et sachent que ce n’est pas seulement une volonté d’empêcher Paul ou Pierre de parler ou de s’exprimer, mais tout le monde qui est impacté.

Les diplomates disent que leurs activités sont impactées, l’éducation, il y a des universités dont les cours sont aussi impactés, donc il y a un impact important pour l’Etat, on ne fait pas ça de gaité de cœur pour punir une, deux ou trois personnes, ce n’est pas ça. Il y a une volonté réelle de maitriser, gérer, d’administrer de façon bien sécurisée un certain nombre d’environnement pour que tout ça se passe dans des meilleures normes.

Que pouvez-vous dire aux guinéens par rapport à la situation liée au carburant ? 

C’est de remercier le peuple de Guinée parce que franchement les gens ont fait preuve de beaucoup de discipline, de patience, de solidarité pendant une épreuve qui a quand-même touché beaucoup de personnes, c’est quelque chose de fondamentale. Cela montre qu’au-delà de tout ce qu’on peut imaginer, quand le contexte et la situation l’exigent, les Guinéens sont capables d’unités, de solidarité ce n’est pas pour rien que ce mot se retrouve dans notre devise, et c’est quelque chose qui a été exprimé par tous. Très sincèrement, je pense que tous ceux qui ont en face de cette situation-là, ont senti que nous formions une Nation, ça c’est vraiment fondamental, je suis rassuré de l’unité de la Nation, malgré toutes nos divergences nous sommes un peuple et ce peuple a l’envie de vivre ensemble et c’est ce qui est le plus important.

Interview réalisée par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 15 janvier 2024 11:00

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