Mory Sangaré, Directeur de cabinet à la Présidence : « En 2026, nous allons choisir le Pr Alpha Condé pour être candidat… »

Mory Sangaré, Ministre Directeur de Cabinet à la Présidence

CONAKRY-Le ministre Directeur de Cabinet à la Présidence vient de briser le silence ! Dans une interview accordée à Africaguinee.com, Mory Sangaré a survolé l'actualité sociopolitique du pays. Avec ce proche collaborateur du Président Alpha Condé, nous avons évoqué de nombreux sujets. Du dénouement de la crise dans le système éducatif, aux violences électorales ainsi que du dialogue politique annoncé. L'ex-ministre de l'Education parle sans langue de bois et dit être favorable à une candidature du Président Alpha Condé à la Présidentielle de 2026.  Il évoque également la liste des députés  européens qui demandent des sanctions contre certains piliers du régime de Conakry. Interview exclusive.   

AFRICAGUINEE.COM : Depuis que vous avez quitté le département de l’Education, on vous entend peu. Qu’est-ce qui explique ce silence ?

MORY SANGARE : J’ai plutôt pensé que c’est la presse ou ceux qui avaient l’habitude d’échanger avec moi qui m’ont boudé.

Vous êtes le Directeur de Cabinet du président Alpha Condé. Comment vous vous sentez dans cette fonction ?

Je rappelle que je suis ministre Directeur de Cabinet à la Présidence. Cela se passe très bien (…), je me porte bien. Et tout va bien.

Comment de loin ayant été ministre de l’Education, vous avez observé le dénouement  de la crise entre le syndicat et le Gouvernement ?

Franchement, je ne voudrais pas parler de cela. Car avant mon départ, les grévistes avaient négocié avec le gouvernement une trêve jusqu'en fin 2021 contre le paiement des rappels de salaires de certains grévistes. Mais je peux vous dire qu’il faut accepter de dire que ceux qui faisaient des revendications intempestives sont revenus à de meilleurs sentiments.  Surtout que le Gouvernement a payé des primes d’incitations aux enseignants en situation de classes. Ils ont compris que ce n’est pas en faisant quatre années de grèves successives que le système éducatif, au nom duquel ils disent défendre les intérêts, va  avancer. Mais plutôt ils ont compris qu'ils étaient en train de l’enfoncer. Et je crois qu’ils ont eu cette réflexion-là.

Et c’est tant mieux selon vous ?

Un syndicaliste ou tous ceux qui se réclament comme défenseurs des intérêts des travailleurs en général ou des enseignants en particulier, doivent faire attention à ces situations. S’il n’y a pas de classes, il n’y a pas d’enseignants, il n’y a pas de travail et il n’y aura bien entendu pas de salaire à la longue. Mieux, s’il n’y a pas de travail, le pays n’avancera pas parce que les élèves constituent l’avenir de demain. L'éducation est un milieu très sensible et très  difficile à gérer.

Certains de vos biens avaient été saccagés en marge de l'élection présidentielle de l’année dernière. Comment avez-vous apprécié le dénouement judiciaire de ces dossiers ?

Ce n'est pas en 2020 seulement, mais en 2010 aussi. La justice est en train de faire son travail. Mais c'est quand-même regrettable (…), lorsqu’on a brûlé votre domicile, vous perdez des choses que vous ne pourrez plus avoir. Quel que soit les apports des uns et des autres, cela ne sera qu’un triste souvenir pour vous. Lorsqu’on s’imagine, que c’est le fait d’avoir voté  pour son candidat ou d’avoir battu campagne pour son parti, que le camp adverse a pris une décision aussi grave, c’est vraiment triste. Quand vous voyez le secrétaire général du RPG arc en ciel à Ditinn tué, et son corps maltraité tout cela à cause de son choix politique, c'est regrettable.

Vous faites allusion à qui ?

Je parle de Sally Saidou Barry, secrétaire général du RPG de Ditinn. Quand le président de l’UFDG s’est autoproclamé, lui Sally a été assassiné. Alors que l’UFDG après le décompte battait de loin le RPG. Pourquoi tout cela ?

Sans faire de procès, mais Sally Saidou avait été aussi accusé d’avoir ouvert le feu dans la foule ?

Moi je n’étais pas sur place mais à dire vrai : est-ce qu’on devrait arriver à cela pour un problème de vote ? Chacun a voté pour son candidat, le décompte a été fait et chacun a su ce que son candidat a obtenu. Est-ce que ça en vaut la peine qu’une foule se lève pour menacer qui que ça soit ? Je pense que NON. On ne peut pas justifier l’assassinat de quelqu’un. On ne doit vraiment pas arriver à cela, je le regrette vraiment.

Lors d’une de vos tournées à Labé, vous aviez dit que ce n’est pas en brûlant des pneus à Labé située à plus de 400km de Conakry que l'avis du président Alpha Condé va changer. Pensez-vous que l'histoire vous a donné raison ?

Ce n’est pas comme ça que je l’avais dit. J’ai voulu dire aux manifestants de Labé que ce n’est pas à cette distance-là qu’ils peuvent faire pression sur le pouvoir. Et d’ailleurs sur des sujets qui ne le méritent pas. Parce qu'il s'agissait d'un double scrutin déjà programmé. Si vous êtes contre, vous allez au vote, si vous êtes sûrs d’être majoritaire dans ces localités, vous n’avez qu’à sensibiliser pour voter contre. Vous n’avez donc pas à aller brûler le palais de justice ou une école primaire. Encore moins de menacer une autorité ou sortir avec des gourdins, des fusils et couteaux. Pourquoi tout cela à 400 km ? Même s’ils étaient à Conakry ici, ils n’auraient rien pu faire. C’était inutile. Voilà ce que je voulais leur dire. Il s’agit de sensibiliser ceux qui sont contre la nouvelle constitution pour qu’ils votent contre. C’est ce qui est démocratique au lieu de détruire des biens ou de prôner la violence. Je ne veux pas dire que l’autorité n’a pas d’yeux lorsque les gens  manifestent à Labé (…), mais je veux dire que c’est si loin que c’est inutile de prendre des coupe-coupe, des gourdins pour dire qu’on s’oppose au referendum. Ce n’est pas comme ça qu’on s’oppose.

Plus de huit mois après ces violences et destructions que vous avez évoquiez tantôt, à Labé une dizaine de personne a été condamnée à la réclusion  criminelle à perpétuité. Etes-vous soulagés ?

Je ne suis pas magistrat. Des victimes ont porté plainte contre des personnes qu’ils ont estimé être à la base de tout ce qui leur est arrivé de mauvais. Notamment incendier leurs domiciles ou ceux de leurs parents. Quand la justice mène ses enquêtes et fait le travail et décide de quelque chose, moi je n’ai rien à dire à  propos. Sauf peut-être remercier les juges (…), au moins cette année il y’a eu justice pour les victimes de violences électorales contrairement à 2010. A l'époque ceux qui avaient commis ce genre de violences avaient été purement et simplement relaxés. C’est pourquoi ils ont recommencé en 2020.

Vous pensez que l’impunité encourage la répétition ?

Naturellement ! En Guinée, les choses ont toujours évolué sur la base des négociations, du consensus. En 2010, avant l’investiture du nouveau président de la République, des voix s'étaient levées pour condamner ces actes de vandalisme, mais en même temps appeler à l’apaisement. Ce sont ces appels au calme qui ont fait que les intéressés avaient été libérés. Mais ils ont continué, puisque de 2010 à maintenant, si vous vérifiez, vous trouverez que les militants du RPG arc-en-ciel sont complètement traumatisés par ces violences-là.

Que pensez-vous du cadre permanent qui a été mis en place pour le dialogue ?

Quelque soit le problème, on finit par dialoguer, par se parler, par s'entendre pour avancer. L'idée de dialoguer n'est pas une mauvaise chose, c'est ceux-là qui refusent de dialoguer que la presse doit suivre pour les amener à la raison. Avec tout ce qui se passe en Guinée, comment peut-on écouter un leader dire que lui, il ne dialogue pas et continuer à parler du bien de ce dernier ? Il faut les amener au dialogue.

Vous parlez de Cellou Dalein Diallo qui dit qu’il ne dialoguera pas ?

Peut-être que ce n’est pas le seul (…), mais il ne faut pas être reproché de beaucoup de choses et dire qu’on ne dialogue pas. Regardez Cellou Dalein Diallo par exemple, qui dit qu'il ne dialogue pas, mais quand l'Etat dit qu'il va réajuster les prix des produits pétroliers, il se mêle. Il se fait passer pour le plus grand gestionnaire, correct qui puisse exister alors qu'il a vendu des avions, il a vendu les chemins de fer, il est le premier investisseur étranger au Sénégal.

Il y’ a tout de même Mamadou Sylla, actuel chef de file de l’opposition  qui dit que Cellou n’est pas l’auteur de la vente de la compagnie Air-Guinée ?

Jusqu'à preuve du contraire, les guinéens retiendront que c'est en son temps (Cellou Dalein, ndlr) que tout ça été vendu. Le chemin de fer Conakry Niger a été complètement enlevé puis vendu. Nous  avons compris aussi à travers les réseaux sociaux qu’au Sénégal, il est le meilleur opérateur économique étranger, pourtant au Sénégal le carburant coûte plus cher qu’en Guinée.

Au plan économique entre la Guinée et le Sénégal les revenues ne sont pas les mêmes, le pouvoir d’achat des citoyens ne sont pas non plus les mêmes. Est-ce une comparaison normale ?

Si on ne doit pas faire de comparaison, alors il faut laisser l’Etat gérer à sa guise. Parce que quoi qu’on dise, les recettes de l’Etat sont utilisées pour les besoins du peuple de Guinée.  Cela au moins est clair sous l’ère Alpha Condé. Avant, nous ne savions pas que le budget national était en mesure de faire des réalisations immenses sur le terrain au profit des populations, sans aucune discrimination. C’est quand le Pr Alpha Condé est venu au pouvoir qu’on vu les fêtes tournantes, nous avons vu des réalisations avec le budget national.  Sinon avant, il fallait toujours demander aux partenaires, c’est comme si le budget national n’existait pas. Donc, on ne peut pas en vouloir à l’Etat jusqu’à vouloir l'empêcher d'exploiter ses sources de recettes. Il ne faut pas dire puisque moi je ne suis pas au pouvoir, s’il plait à Dieu, celui qui est au pouvoir, je ferais tout pour le faire échouer.

L'UFDG pose comme conditions d'aller au dialogue la reconnaissance de sa "victoire" lors de la présidentielle de 2020. Qu'en dites-vous ?

Les relevés que moi j’ai vu, il y a un certain nombre de voix mentionnées devant la Guinée-Bissau où il n’y a d’ailleurs pas eu de vote. Quelqu’un qui s’autoproclame en se basant sur un tel résultat, est-ce que lui il doit être écouté. Nous, nous étions sur le terrain et les militants du RPG arc-en-ciel du fief de l’UFDG ont voté encore RPG. Saviez-vous qu’en 2015, si le candidat de l’UFDG n’avait pas voulu discuter, c’est à cause de la totalisation du nombre de voix obtenu par le RPG arc-en-ciel au Foutah, pendant ce scrutin qui l’avait dissuadé. Cette fois-ci, il s’est présenté uniquement pour s’autoproclamer et incidenter. 

Par le dialogue, il sera amené à accepter sa défaite. Ça au moins c’est clair puisque le président élu par le peuple de Guinée a déjà prêté serment. Il est en train d’exercer son premier mandat de la quatrième république. J’ai grand espoir, lorsqu’en 2026, nous allons être encore dans les élections, il va gagner aussi son second mandat.

Voulez-vous dire qu’en 2026, le président Alpha Condé sera encore candidat ?

Mais bien sûr que je parle de lui. Par la grâce de Dieu, nous allons le choisir pour être candidat du RPC-arc-en-ciel. C’est un bosseur et vous savez que jamais un président guinéen n’a eu un bilan aussi élogieux en seulement dix ans.

Selon vous dans le contexte actuel sur quoi va-t-on dialoguer concrètement?

Il faut dialoguer pour amener les uns et les autres à avoir des comportements qui facilitent le développement de notre pays et qui garantissent un avenir radieux pour notre jeunesse. On ne peut pas se mettre à contester à tout moment. Il y a des moments pour faire la campagne politique mais une fois que les résultats sont proclamés, eh bien, on doit se consacrer au travail pour développer notre chère Guinée. Mais certains partis politiques tels que l’UFDG continuent à créer des problèmes, avec des manifestations interminables contre le Pouvoir en place.

Mais il n’y a plus de manifestations ?

Pouvez-vous nous dire pourquoi il n’y en a plus ? S’il n’y a plus de marches, ce que chacun a dû réfléchir et compte justement sur ce dialogue. Acceptez de voir ces leaders qui refusent de dialoguer afin qu'ils viennent au dialogue. Le secrétaire permanent qui a été désigné est un homme que nous connaissons tous. Je pense que sous l’égide du premier ministre qui est chargé du dialogue, ce Monsieur pourra faire du bon travail.  

De l'avis de certains observateurs, Fodé Bangoura au vu son passé, est un personnage controversé, clivant. Etes-vous d'avis ?  

Même si c’est vous qu’on avait choisi, ceux qui jettent l’anathème sur Fodé Bangoura allaient faire la même chose. Parce que tout simplement, ils n’aiment pas la paix pour ce pays et ils ne veulent pas que ce pays-là continue d'avancer tant qu’ils ne seront pas au Pouvoir. C’est cela (…), sinon après des problèmes qu’eux-mêmes ont évoqué à tous les niveaux CEDEAO, UA, UE, etc, si on appelle au dialogue, ils devraient être les premiers à accepter ce dialogue sans condition, sans préalable et de franchement dialoguer sans tabou. S’ils ne veulent pas dialoguer, ce qu’ils sont prêts à bafouer et empêcher le progrès en marche en Guinée.

Plusieurs leaders de l’opposition sont en détention. D’aucuns estiment que la libération de ces derniers pourraient décrisper la situation et permettre la tenue d’un dialogue inclusif, ouvert à tous les acteurs. Qu'en pensez-vous ?

Puisque le dossier est arrivé jusqu’au niveau de la justice, il faut donc laisser celle-ci faire son travail. Que cela ne soit pas une raison de refuser de dialoguer. Nous avions tous dit, il faut que la justice soit indépendante. Il n’est agréable pour personne de voir des personnes qu’on connait, être dans une situation de détention préventive.

Que dites-vous de la liste dressée par certains députés Européens qui demandent des sanctions contre plusieurs personnalités guinéennes ?

Ce sont des activistes de l'opposition guinéenne qui ont produit cette fameuse liste. Pour moi, c’est nul et de nul effet. Ce n’est pas l’Union Européenne qui nous gère ici. Ensuite, on ne se reproche de rien. Vous avez entendu une personne citée sur cette liste se reprocher de quelque chose. Ce sont des gens tapis ici dans l’ombre qui dressent des listes comme ça (…), c’est de l’intimidation pure et simple.  C’est tout ! Ça ne marchera pas. L’Union Européenne n’a même réagi par rapport à cette récente liste à ce que je sache. L'Union connait le droit, avant de prendre une situation au sérieux, elle devrait envoyer des émissaires en Guinée pour voir si ce qui est dit est vrai ou pas.

Votre message de la fin ?

Je lance un appel à tous les acteurs politiques, leur demandant de s'investir pour la paix et la quiétude en Guinée. S’il n’y a pas de dialogue entre les parties concernées, les crises vont persister et le pays n’avancera pas.

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

Créé le 2 juin 2021 11:20

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