Mois de la femme : A la rencontre des potagères de Faranah…
FARANAH-Tout au long du mois de mars, considéré comme le "Mois de la FEMME", votre quotidien en ligne, Africaguinee© vous plonge dans l'univers des femmes anonymes, qui se battent pour gagner dignement leur vie et soutenir leur famille. Pour ce premier reportage, nous sommes allés à la rencontre des femmes potagères de Faranah, une capitale régionale située en Haute Guinée.
Dans cette préfecture, de nombreuses femmes travaillent dans des jardins où elles cultivent des fruits, des légumes, des tubercules qu’elles revendent pour subvenir à leurs besoins. Si les unes parviennent à s’en sortir, les autres éprouvent d’énormes difficultés, notamment le manque d’eau. Hawa Chérif cultive un potager dans le secteur Sagbaya. Cette veuve mère de plusieurs enfants exerce cette activité pour joindre les deux bouts. Elle s'en sort pas mal grâce notamment à l'aide des étudiants de l'institut agronomique de Faranah.
« Je n'ai pas fait des études. Au lieu de rester à la maison, j'ai choisi de m'engager dans cette activité pour joindre les deux bouts. Je suis veuve et mère des plusieurs enfants. Je dois trouver un moyen de nourrir ma famille et de scolariser mes enfants. Ceux qui ont fini leurs études n’ont pas obtenu de l’emploi. Donc, pour ne pas rester les bras croisés, j’ai un jardin où je cultive des aubergines, choux, patates, carottes, etc. Nous achetons les semences à Dalaba. Grâce aux étudiants de l'Institut de Faranah avec qui nous travaillons, cela nous rapporte beaucoup. Je parviens à nourrir ma famille et assurer les frais de scolarité de mes enfants", explique-t-elle.
Tout n'est pas rose chez cette veuve. La principale difficulté à laquelle cette agricultrice est confrontée est liée au manque d'eau, surtout pendant la saison sèche et l'effet nocif de certains animaux domestiques qui dévastent son jardin.
"Je rencontre des difficultés, notamment, le manque d'eau pour arroser nos plants. Il y aussi la dégradation de la clôture, la nuit les vaches pénètrent dans le jardin et dévastent les cultures. Notre groupement dénommé ‘‘kankelen’’ compte 300 femmes. Nous avons bénéficié d’une formation avec ANPROCA qui nous a appris à fabriquer le compost. Actuellement, on n’utilise pas les engrais industriels qui ont des conséquences sur le rendement. Nous fabriquons notre compost à partir de la bouse de vaches, de chèvres, ou des volailles. C'est ce que nous utilisons surtout en cette période de saison sèche. Si vous constatez, il y a une différence entre nos aubergines et les aubergines venant de Siguiri, Kankan et celles du Fouta. Cela est dû à la performance de notre compost. Nous profitons à travers la fête de 8 mars qui s'annonce pour attirer l'attention des autorités sur nos difficiles conditions de vie »", a-t-elle expliqué.
Doussou Kourouma aussi ne cache les difficultés auxquelles elle est confrontée. «Cette année, j'ai rencontré assez de difficultés notamment d'ordre matériel et financier. C'est seulement le chou que j’ai pu cultiver parce que, mon mari étant malade, toute la charge de la famille repose sur moi. Et pendant la nuit, les vaches détruisent la clôture pour dévorer nos cultures. Ça fait mal », soupire-t-elle.
Mariée tôt sans son consentement, Maningbé Faro éprouve assez de soucis pour pouvoir s'en sortir. Elle explique que son époux s'est marié à une seconde femme. Depuis, elle n'a plus de soutiens. Elle demande aux autorités de les accompagner dans ses activités.
"Mon époux m’a abandonné en épousant une seconde femme. Je ne reçois plus de dépenses. C'est pourquoi, je me suis lancée dans cette activité de potager. J’ai des difficultés pour trouver les semences puisque je n’ai pas de moyens. Avec le manque d’eau, j'ai dû creuser 2 puits dans mon jardin. Ils sont tous secs. J’ai construit une bassine. Pour le remplir, je dois payer 20 mille Gnf chaque 2 jours afin de pouvoir arroser mes plants. Quand on évalue à la fin du mois c’est coûteux.
Je demande au gouvernement de nous venir en aide pour nous sortir de cette situation. Si les femmes potagères sont soutenues, le panier de la ménagère sera allégé. Aujourd'hui, si vous allez au marché de Faranah tout est cher. Si notre problème d'eau est réglé en période de saison sèche, je vous assure que nous aurons un bon rendement. Je profite de votre micro pour souhaiter bonne fête par anticipation à toutes les femmes de la Guinée et du monde en général», ajoute Maningbe Faro.
Rappelant que le président Alpha Condé a dédié son mandat aux femmes, Hawa Chérif interpelle les ministres de l'Agriculture et de l'Action sociale afin de leur faciliter l'obtention des prêts auprès des banques.
« Nous demandons aux ministres de l'agriculture et de l'Action sociale de nous venir en aide en nous facilitant l’obtention des prêts auprès des banques. Si nous sommes subventionnées, cela va alléger le panier de la ménagère surtout que le Président a dédié son mandat aux femmes et aux jeunes», exhorte Mme Hawa Chérif.
Reportage réalisé par Alpha Amadou Barry
Correspondant d'Africaguinee.com
Dans la région de Faranah
Créé le 3 mars 2021 10:30Nous vous proposons aussi
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