Mines : Interview du Directeur des Opérations de la société Guinea Alumina Corporation…

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CONAKRY- Quel va être l’impact du projet d’alumine de Sangarédi développé par la Société Guinea Alumina Corporation (GAC) ? Dans cette interview, le Directeur des opérations de cette société qui est une filiale à 100% d’Emirats Global Aluminum (EGA), revient sur les différentes composantes du projet, et surtout, son impact sur l’économie guinéenne.

 

Bonjour M. Rick Smith!

Bonjour!

Vous êtes le Directeur des Operations à Guinea Alumina Corporation, est-ce que vous pouvez nous présenter brièvement la société?

 

Guinea Alumina Corporation (“GAC”) est une filiale à 100% d'Emirats Global Aluminium («EGA »), société du gouvernement des Emirats Arabs Unis (EAU). («GAC”) est un projet de développement d’une mine de bauxite avec une raffinerie d'alumine à Sangarédi, sur le corridor nord-ouest de la République de Guinée. Lorsqu'il sera en pleine expansion d'ici à 2022, le projet produira 12 millions de tonnes de bauxite par an, et 2 millions de tonnes d'alumine par an, qui seront exportés à partir d'un port construit à cet effet. Avec ce projet nous contribuerons à raviver l’économie de la région en créant plus de 14 000 emplois directs et indirects, avec un coût d’investissement étranger de près de 5 milliards de dollars américain dans le pays.  Les travaux de construction de la mine, des infrastructures ferroviaires et d’un port multi-utilisateurs à Kamsar sont déjà bien en cours, faisant suite à la signature d'un accord avec le gouvernement de la République de Guinée en Novembre 2013.

Dans la deuxième phase du projet, une raffinerie d'alumine d'une capacité initiale de 2 millions de tonnes par an sera construite. Selon nos prévisions, la production de cette raffinerie débutera en 2022.

Quand on parle de construction dans les projets comme le vôtre, est-ce qu’il s’agit de construction de maisons ou immeubles comme on le-voit très souvent, dans les quartiers par exemple?

Non, pas du tout. La construction de projets industriels comme celui de GAC sont sujets à des standards beaucoup plus élevé vu le niveau de stress que subit les infrastructures. C’est très différent d’une maison ou d’un immeuble commercial dont la sécurité est tout aussi importante. Mais dans le case de projets industriels, il faut compter non seulement l’usage humain comme dans les immeuble résidentiels et commerciaux, mais aussi le poids des équipements lourds et des millions de tonnes de matières premières qui chaque année passent par les installations.

C’est un véritable défi parce qu’en Guinée le marché de la construction est très développé pour les immeubles commerciaux et résidentiels comme vous le dites, mais pour les grands projets, la main d’œuvre qualifié manque encore. Mais, il faut bien commencer quelque part.

Présentement les véritables travaux de construction de «GAC »,  sont ceux  du Terminal a containeurs de Kamsar («KCT ») dans lequel «GAC » est en train d’achever la phase III de la jetée.

Une fois terminé  les dimensions de la jetée seront de  170m  sur 35m, et elle permettra aux navires transportant jusqu’à 10.000 tonnes d’importer des matériaux. La jetée sera utilisée pour fournir des matériaux de construction à Kamsar.

Quels sont les différents volets de cette composante de votre projet ?

Le projet comprend le développement d’une mine et des routes s’y afférents, une extension du chemin de fer, et la construction d’un méga terminal portuaire. Le complexe portuaire comprend une partie matériaux en vrac et le développement d’un quai à containers « KCT ».  

La construction du «KCT » qui est déjà bien avancé et sera clôturée en Avril de cette année permettra la livraison des matériaux nécessaires à Kamsar pour la réalisation des travaux sur le chemin de fer, les travaux routiers, les travaux de terrassement, de nouveaux ponts, une autre jetée et divers grands travaux de construction dans les prochaines années.

Nous travaillons depuis longtemps déjà sur un nombre de travaux communautaires dans la région afin d’avoir un impact déjà positif sur nos communautés voisines et nous assurer qu’elles ressentent en partie les retombées de notre présence. Il faut noter que «GAC» a dépensé environ 2,5 millions de dollars dans la construction des projets communautaires qui comprennent les écoles, les hôpitaux, les postes de santé et des puits d'eau.

Quels sont vos plus grands défis dans la réalisation de ces travaux de construction ?

Nos plus grands défis sont liés au manque d’une main-d'œuvre qualifiée et aussi au manque de matériaux de qualité. Par exemple, lors de la construction du «KCT», nous avons dû importer des matériaux tels que le ciment marin de qualité et l'armature d'acier puisque ces matériaux ne sont pas fabriqués en Guinée. La main-d'œuvre qualifiée n’est pas facile à trouver, mais tout au long des travaux du «KCT», un grand nombre de travailleurs locaux ont acquis des compétences utiles pour un emploi futur.

Nous voyons qu’il y a beaucoup de sous-traitants qui interviennent dans la construction, sur quelle base sont-ils choisis ?

«GAC » suit un processus d'appel d'offres rigoureux à travers lequel les sous-traitants sont d'abord présélectionnés, et puis après un processus transparent et compétitif de sélection,  est mis en œuvre afin de pourvoir retenir les meilleurs.

Pourquoi très souvent, ne fait-on appel qu’a de l’expertise étrangère pour réaliser les travaux de construction de grands projets miniers comme celui de «GAC» ?

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, on ne trouve pas des sociétés en Guinée qui ont les capacités nécessaires et requises pour réaliser un projet d’une grande envergure comme le nôtre. La main-d'œuvre qualifiée et les matériaux de qualité manquent énormément. Cependant, de nombreux travailleurs locaux sont embauchés par les sociétés sous-traitantes, et nous même d’ailleurs, et donc il y a des possibilités d'emploi pour les communautés locales, qui vont tirer profit et renforcer leurs capacités. C’est au fur et à mesure que des projets comme celui-ci voient le jour, que l’expérience et la qualité se verront en Guinée. Cela prend du temps et un investissement à long-terme dans les capacités humaines. Mais autant que possible, nous essayons de faire appelle à des sociétés locales. Il faut noter aussi que les sociétés étrangères utilisent quand même beaucoup de main d’oeuvre Guinéenne.

Au jour d’aujourd’hui, «GAC» a combien de sous-traitants locaux et combien de sous-traitants étrangers ?

Présentement les travaux de construction en cours chez nous sont réalisés à 20%  par des entreprises locales guinéennes et à 80% par des entreprises étrangères. Toutefois, même les entreprises locales embauchent en majorité des Guinéens. Pour GAC, la main d’œuvre que nous utilisons est à  80% guinéenne et 20% importée. Donc sur le plan humain, GAC est un projet fondamentalement Guinéen.

Quels sont (généralement) les qualités et les points faibles des sociétés guinéennes qui sont en situation de sous-traitance avec vous ?

Nous travaillons avec la meilleure société locale que nous trouvons. Hormis la qualité qui est un facteur critique pour nous, nous travaillons beaucoup avec les sociétés locales pour améliorer leur performance. La santé et la sécurité, des employés est le domaine ou nous rencontrons le plus de défi et sur lequel nous investissons beaucoup d’effort.

Mais sur le plan positif, il faut noter que nos travailleurs Guinéens sont moins blasé que leurs homologues étrangers. Ils sont donc en comparaison plein de plein de potentiel et enthousiastes, ce qui est très important pour le rythme et succès du projet. 

Mais, qu’est-ce qu’il faut (à votre avis) aux sociétés locales guinéennes pour rivaliser leurs homologues africaines et internationales,  et obtenir les mêmes marchés et contrats avec des grands projets comme «GAC » ?

Ceci est question d’une importance capitale, tellement que la réussite des entreprises locales est essentielle à l’essor durable de l’Economie nationale du pays. En ce qui concerne la Guinée, je dirais par exemple qu’il serait bon, très bons d’ailleurs que les entreprise locales s’attellent à trouver et établir et liens de collaboration et partenariats de façon intelligente et stratégique avec les sociétés étrangères. Cela leur permettra de gagner et de grandir en expérience tout en renforçant les capacités et compétences de leur main d’œuvre, sans compter les retombées financières et la bonne image dont elles pourraient en tirer.

La Guinée n’ayant pas une très grande expérience de grands projets miniers, est-ce que «GAC» fait quelque chose pour accompagner les sociétés locales pour améliorer significativement leurs qualifications en matière de construction ?

Notre stratégie est d'investir dans les gens à tous les niveaux. Nous avons lancé ce travaille même en dehors du projet minier lui même. «GAC» a construit et a rénové  un certain nombre d'écoles dans la région de Boké et Sangarédi. «GAC» a également initié et soutenu un programme de formation pour des jeunes guinéens en collaboration avec le Centre de Formation Professionnelle (CFP) de Boké dans des domaines de compétence technique  variés telles que : la  mécanique, la maçonnerie et l’électricité.  En  2014 nous avons envoyé 17 jeunes guinéens dans les installations de notre société mère, « Emirates Global Aluminium » (EGA), aux Emirats Arabs Unis, dans le cadre d’un programme international de renforcement de capacités et de transfert de compétences. Le 2eme groupe partira dans les semaines  venir.

Nous travaillons aussi de façon constante au renforcement des capacités de notre personnel, avec plus 3000 heures de formation suivies par nos employés en 2014 dans les domaines de la santé, de la sécurité, des langues étrangères, de l’informatique, du secourisme, et dans plusieurs autres spécialisations professionnelles. Tout cela contribue, à notre sens à relever et qualifier la main d’œuvre locale guinéenne qui est indispensable pour la naissance et le développement d’entreprises fortes et  compétitives. 

En étant la première réserve mondiale de la bauxite, est-ce que (vous diriez) que la Guinée devrait procéder à des réajustements dans son système éducatif, notamment les curricula pour mieux favoriser l’émergence d’entreprises compétitives  qui répondent aux demandes et exigence des potentialités industrielles du pays ?

Oui. En Guinée nous avons besoin de plus d'éducation, d’institutions de formations et des engagements des entreprises étrangères dans le pays pour la formation des travailleurs locaux. Un investissement pour une meilleure éducation dans les domaines spécialisés permettra le développement de la main-d'œuvre de la Guinée et au fil du temps les entreprises locales guinéennes commenceront à concurrencer avec les entreprises internationales.

Merci Monsieur !

C’est moi qui vous remercie!

 

Créé le 25 mars 2016 18:10

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