Livraison, plonge, lavage auto : Comment s’intègrent les migrants guinéens arrivés aux USA via le Nicaragua…

WASHSINGTON-Des milliers d’africains dont des guinéens sont entrés aux Etats-Unis dans le dernier trimestre de l’année 2023. La police des frontières américaines dénombrait 69 462 migrants entrés illégalement aux USA pendant la première semaine de décembre 2023. A date, nous apprend-on, ils se comptent par milliers dans les rues américaines, dans les foyers d’accueil et même dans les lieux de culte. Chacun se cherche pour espérer une intégration. Une étape difficile pour tout nouvel arrivant dans le pays de l’oncle SAM. Faute de permis de travail, ils font la ruée vers les stations de lavage d’automobiles, livraison ou la plonge dans les restaurants. Des petits boulots moins rémunérés en attendant de trouver le ‘’WORKING PERMIT’’. (image d’illustration).

Des guinéens arrivés aux USA décrivent à Africaguinee.com comment ils font pour la quête perpétuelle de survie. Ils se préparent également pour leur dossier d’asile afin de vivre librement sur le territoire américain. Certains ont accepté de nous expliquer leur quotidien américain.

Imourana Diallo est de la première vague qui est entrée aux USA par le Mexique avec le rêve américain plein dans la tête. Son début d’intégration n’a pas été facile comme pour tous les autres. Après des mois au centre d’accueil, il s’engage dans la vie avec les petits boulots pour la survie avec l’espoir d’être régularisé un jour :

« Généralement les migrants arrivés aux USA via Nicaragua n’ont pas de familles d’accueil ou des proches qui peuvent les accueillir.  A New-York, l’Etat a mis des foyers dans toutes les communes. Il y a des points à Manhattan, à Brooklyn, à Bronx, à Queens. Partout il y a des centres d’accueils. A mon arrivée comme tout migrant, j’ai fait mon inscription à travers mes documents d’immigration reçus à la frontière avec la police de l’immigration. Nous sommes logés dans les foyers. Cette inscription est renouvelable chaque mois.

Si vous passez un mois dans un centre et que vous n’avez toujours pas où aller on vous renouvelle l’inscription dans le même centre ou dans un autre. Là tu n’as pas le choix, on t’envoie partout où il y a de la place. Donc les migrants ne sont pas stables. Chacun a un lit d’une place comme ceux des hôpitaux. On vous offre sur place de la nourriture et de l’eau matin et soir. Chacun est muni d’un badge où est marqué le nom de son foyer.

Tu peux y rester jusqu’à ce que tu trouves une situation. J’ai passé environs 3 mois au centre. Ensuite, j’ai trouvé un petit boulot, j’ai décidé de trouver un petit logement aussi où vivre. D’ailleurs même ceux qui ont de la famille ici dès leur arrivée, les proches les conduisent vers les foyers. On vous donne une sorte de carte d’identité, une carte médicale pour permettre à chacun de rester en attendant. En ce qui concerne le travail pour migrant ici, c’est 3 choses, c’est la livraison, c’est la restauration et les stations de lavage d’automobiles. Ceux qui sont nouvellement arrivés. C’est les activités accessibles aux sans-papiers et leur rémunération ne passe par un système, c’est une rémunération directe », explique ce migrant guinéen.

Jeune fille âgée de 27 ans, Aissatou Ciré Barry a aussi eu le courage d’homme pour braver tout jusqu’à Nicaragua. Puis faire le reste du chemin comme tous les autres pour fouler illégalement le sol américain à la quête de la survie. Aujourd’hui elle vit à Indianapolis. Arrivée en fin octobre 2023, elle a déjà déposé son dossier et attend les 150 jours francs (5 mois) pour espérer le ‘’Working permit’’ permis de travail. En attendant, elle se débrouille dans de petits boulots. Elle témoigne :

« Nous sommes là, mais le début n’est pas facile. Pour moi, je n’ai passé que quelques jours dans les centres d’accueils. Ensuite, une proche m’a acceptée à son domicile, nous sommes voisins en Guinée. J’ai une carte médicale pour les soins en cas de maladie, je pense que tout migrant en a. Le 5 janvier passé, j’ai déposé mon dossier de demande d’asile. C’est après 5 mois que j’aurais le permis de travail pour une rémunération conséquente en attendant mon rendez-vous officiel devant les services de l’immigration pour les papiers. Pour le moment avec l’appui de ma tutrice, je fais le tour des restaurants du quartier pour des prestations rémunérées par semaine.  Ma tutrice m’accorde l’hébergement jusqu’en fin février. Je me débrouille là pour la survie.

Je lave les assiettes certains jours, parfois aussi je dépose les commandes servies sur les tables des clients. Il n’y a aucune honte à faire ça. Ce qui me fatigue c’est la langue mais je comprends petit à petit. Dès que les conditions sont réunies je compte étudier. Je suis partie du pays faute d’espoir réel. J’ai déposé des dossiers partout pour obtenir un emploi, mais c’est sans suite. J’ai fait un mariage qui n’a pas réussi au pays. J’ai attendu un mari 6 ans qui ne rentrait pas. C’est à 21 ans que je me suis mariée, depuis le mari n’est pas là et pas de travail. Ce qui m’a fait partir du pays » révèle Aissatou Ciré, migrante guinéenne aux USA.

M. Barry est arrivé aux USA dans la première quinzaine du mois de décembre 2023 via la Colombie par voie aérienne. Il a traversé les autres pays avec ses compagnons par voie routière. Salvador, Honduras, ensuite le Nicaragua, Guatemala puis au Mexique, finalement le territoire des États-Unis. Présentement il vit à New York. Barry peine à entamer son intégration mais il garde espoir :

« Je suis en train d’épuiser mes jours dans les foyers. Après ici, je dois trouver d’autres moyens pour m’installer. J’avoue que l’intégration est difficile ici surtout pour les guinéens que nous sommes parce que beaucoup de parents n’hébergent pas les migrants. D’ailleurs beaucoup ne sont pas contents de notre arrivée ici. Mais c’est la nature des Etats-Unis chacun suit son affaire, compter sur quelqu’un ici c’est une peine perdue mais Dieu merci nous nous adaptons petit à petit.

Heureusement, il y a des ONG et des églises qui font des aides aux migrants. Certains nous prêtent leur application pour les livraisons entre les restaurants et les domiciles des clients ou leur lieu de travail. Le gérant du restaurant paye après les prestations, soit par semaine ou par mois. Là aussi, il y a des difficultés, parce qu’on paye au propriétaire de l’application, c’est à leur compte qu’on verse l’argent, donc certains migrants n’arrivent pas à accéder à cet argent. Le propriétaire de l’application peut ne pas te payer ; tu n’as aucune force parce que tu n’as pas le droit de travailler, tu fais des bricoles pour la survie. Il y a certains aussi de bonne foi qui te reversent tout après. Donc, les jours sont compliqués pour les migrants avant l’obtention du permis de travail. Pour le moment on se concentre » révèle B Barry

Certains migrants guinéens n’ont pas pu supporter le quotidien. Quelques-uns ont regagné le sol guinéen. A Labé, un jeune marchand n’a fait que 17 jours aux USA. Il a fini par rentrer en Guinée. Pour l’instant, il s’abstient de raconter son périple américain.

Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel. (+224) 664 93 45 45

Créé le 25 janvier 2024 20:29

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