Les confidences de Dr Sakoba Keita : « Pourquoi la Guinée a choisi le vaccin de la Russie… »
CONAKRY-Alors que les guinéens s’interrogent sur les raisons qui ont prévalu au choix du vaccin russe Spoutnik V, le directeur général de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSS), rassure. Docteur Sakoba Keita s'est prêté aux questions d'un journaliste d'Africaguinee.com.
AFRICAGUINEE.COM : Qu’est-ce qui a prévalu au choix du vaccin Russe Spoutnik V par rapport à ceux développés par les labos européens et américains et dont certains ont été homologués par l’OMS ?
DR SAKOBA KEITA : C’est vrai qu’on a eu 55 doses de ce vaccin Spoutnik V par le biais de la Fédération de Russie. C’est un don qui s’inscrit dans le cadre de nos relations bilatérales. Et ça n’a pas été un choix stratégique de la Guinée dans le cadre de la riposte que nous sommes en train de mener contre le coronavirus. Donc pour vous parler de nos choix, la Guinée a élaboré en Décembre 2020 un plan stratégique de vaccination contre le coronavirus qu’on appelle COVID-19. Ce plan a été validé. C’est à la suite de cela que le gouvernement guinéen a manifesté son intérêt pour recevoir des vaccins. D’abord en premier lieu de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Donc, on s’est inscrit dans le cadre du plan COVAX qui est piloté par l’OMS.
Ce dossier est en bonne voie et on est en train de remplir les dernières formalités en termes d’outils pour que nous puissions avoir d’ici la fin de ce premier trimestre, une première dotation par cette voie. La seconde voie, c’est celle bilatérale qui a commencé par l’envoi d’une quantité d’essais expérimentaux à l’intention de la Guinée, principalement pour nos dirigeants suite à l’enregistrement de ce vaccin par Moscou. Donc, c’est à titre purement expérimental. Il s’inscrit aussi en prélude à la campagne nationale de vaccination que nous voulons mener et qui pourra commencer dès le premier trimestre entre le mois de février et le mois de Mars 2021.
Est-ce qu’on a refusé à la Guinée d’autres vaccins développés dans des pays occidentaux ou aux Etats-Unis ?
Au fait, la Guinée n’a pas choisi un seul vaccin. Actuellement nous les techniciens, sous le couvert du ministère de la Santé, envisageons l’acquisition de 5 types de vaccins notamment le vaccin Pfizer, le vaccin Moderna, le vaccin Astra Zeneca, le vaccin Spoutnik et le vaccin Cinopharm de la République populaire de Chine. Donc, voilà les 5 types de vaccin que la Guinée envisage d’en posséder en fonction des quantités. Comme on a beaucoup de sujets à vacciner, celui qui nous en procure nous allons les utiliser puisque nous avons des informations sur leurs efficacités.
D’autres soutiennent que ce sont les prix qui sont exorbitants et que la Guinée n’est pas en mesure de s’en procurer. Qu'en dites-vous ?
Aujourd’hui tout le monde veut le vaccin mais il y a des problèmes. Premièrement, au minimum il y a des vaccins qui coûtent 4 dollars u$, équivalent à 40.000gnf. Si vous ajoutez le prix du transport, c’est déjà beaucoup plus cher. Seconde chose, la production n’est pas assez importante et les pays qui fabriquent n’en n’ont pas suffisamment à plus forte raison nous qui en demandons. Il y a d’autres qui sont à 20 dollars u$ et certains qui sont mêmes à 40 ou à 60 dollars u$. Donc, nous demandons aux citoyens de porter des bavettes et de se laver les mains, cela ne coûte pas trop. Nous demandons aux guinéens d’inculquer cela dans leur comportement pour qu’avant que nous ayons suffisamment de vaccins, que la maladie ne passe pas par vous.
De nos jours combien de personnes ont-elles été vaccinées ?
A ce jour, nous sommes au tour de 45 personnes déjà vaccinées. Il reste une dizaine avec le vaccin Spoutnik V.
Le chef de l’Etat a été vacciné avec plusieurs hauts cadres du pays. Comment se fait leur suivi ?
Comme je vous l’ai dit : c’est un vaccin à titre expérimental et c’est une vaccination pilote. Donc quand vous êtes inscrits et que vous êtes candidats à recevoir ce vaccin, il y a deux sortes d’examens que vous faites. Il s’agit tout d’abord de voir si vous n’êtes pas porteur de la maladie à Covid-19. On fait le test RPCR, si le test est positif, vous n’êtes pas éligible. Le second examen, nous prélevons votre sang, pour déterminer ceux qui n’ont pas été touchés par la maladie et qui n’ont pas aussi été en contact avec ce virus. Pour savoir si tu es en contact ou non, on prend ton sang, on détermine le niveau d’anticorps. Les anticorps par définition veulent dire anti (Contre) les corps étrangers. Notre sang fabrique ses soldats pour attaquer les corps étrangers pour lequel ils ont eu des informations génétiques. C’est ce qu’on appelle Anticorps. Quand on fait cet examen, il prouve si tu as contracté ou pas le virus. Dans ce cas aussi nous avons eu des gens qui ont fait la maladie sans s’en rendre compte, qu’on appelle des personnes Asymptomatiques. Pour ces personnes, ce n’était pas la peine de faire la vaccination.
Vous savez, nous faisons la vaccination pour que l’organisme fabrique ses propres anticorps. Si donc tu as déjà tes propres anticorps, ta vaccination devient inutile puisque tu es déjà passé par là suite à la maladie. Nous le faisons avant d’administrer la première dose. Avant de faire cette opération, on regarde d’abord combien tu as gagné parce qu’il y en a qui réagissent très vite et d’autres ont des réactions tardives. Après la deuxième dose, quand nous allons terminer, c’est-à-dire au 42ème jour de la vaccination, nous allons encore prélever le sang pour voir quel est ton niveau de défense. Voilà comment nous allons effectuer le suivi. Pour le moment, nous avons près d’une trentaine de personnes qui ont pris les deux doses. Au 42ème jour, nous ferons un second examen pour voir quels sont ceux qui sont effectivement patients qui sont immunisés, ensuite nous aurons une idée de l’efficacité vaccinale. Voici les deux méthodes de suivi. Nous suivons par les examens et aussi cliniquement pour voir parmi les vaccinés s’il y a certains qui ont développé la maladie.
Y’ a-t-il eu des personnes qui ont eu des réactions désagréables après inoculation du vaccin Spoutnik V ?
Non pas pour le moment (…), à part les petites douleurs au niveau de l’injection, il n’y a pas eu d’effets secondaires. Toutes les personnes qu’on a eues à vacciner ne se sont pas plaints.
Que dites-vous à la population qui attend à son tour d’être vaccinée ?
Je demande à mes compatriotes de croire en la foi des agents de santé qu’ils ont choisis pour les aider. Nous leur garantissons que nous sommes en première ligne du combat contre cette maladie. Grace à votre bénédiction, Dieu nous a permis d’avoir des vaccins qui pourront nous aider à accélérer le contrôle de ce virus. Nous invitons tout un chacun à se préparer durant cette année 2021 et 2022, nous allons faire des campagnes de vaccination massive afin d’arrêter la diffusion de cette maladie qui a déjà endeuillé près d’une centaine de familles en Guinée et qui continuent à toucher certaines personnes qui sont dans l’incapacité de continuer leur travail et qui sont hospitalisés dans nos murs.
Pour terminer, ce que je demande à tout le monde, que tu sois vacciné ou non, de continuer à se protéger avec les bavettes et à se laver les mains. C’est une nouvelle maladie dont toutes les caractéristiques ne sont pas encore connues. Mais il est sûr que le port de bavette vous protège et vous évite de vous mettre à risque de choper cette maladie. Je demande à tout le monde de porter les bavettes jusqu’à ce que l’OMS déclare la fin de cette maladie dans le monde. Tant qu’il y a un pays voisin ou un pays ami avec lequel nous avons des transactions et qui ont cette maladie, c’est sûr que nous sommes exposés à des risques d’importations de la maladie chez nous. Face à cette situation, nous demandons à tout un chacun d’appliquer ces mesures qui ne coûtent pas chères pour éviter que la maladie ne passe pas par lui. Je prie mes compatriotes à écouter de façon attentive ces conseils qui peuvent les éviter d’attraper cette maladie qui peut à l’extrême porter préjudice à leur vie. Je prie Dieu pour que cela soit entendu par tous les guinéens et qu’ensemble nous vainquions cette pandémie d’ici la fin de cette année 2021.
Interview réalisée par BAH Boubacar LOUDAH
Pour Africaguinee.com
Tel : (+224) 655 31 11 13
Créé le 22 janvier 2021 16:05Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Covid-19, Dr Sakoba, Interviews