Le Syli et les ¼ de finale, Kaba Diawara : Titi Camara parle… « interview exclusive »

CONAKRY- Ancien international guinéen, entraineur puis ministre des sports, Aboubacar Titi Camara reste très attaché au football guinéen. L’ex dossard 10 guinéen qui suit de près l’évolution du Syli National à la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire est confiant quant à la qualification de la Guinée au dernier carré de cette compétition. Dans cette interview qu’il nous a accordée, l’ancien butteur de Liverpool livre son analyse sur le parcours de Kaba Diawara et ses hommes. Il parle de ses souvenirs en sélection nationale et prodigue des conseils à l’actuel coach de l’équipe de Guinée. Interview !

AFRICAGUINEE.COM : Le Syli national de Guinée a battu le Nzalang Nacional de la Guinée équatoriale en huitième de finale de la CAN2023. Quels sont vos sentiments suite à cette qualification de la Guinée aux quarts de finale ?

ABOUBACAR TITI CAMARA : C’est un sentiment de fierté. Je pense que tout le monde attendait que les joueurs réalisent cet exploit. C’est vrai que ça été difficile, que le match se décante de cette manière, c’était merveilleux. Mais dans l’ensemble, je pense qu’on mérite cette victoire contre cette équipe de Guinée équatoriale. Même si c’est à 10 contre 11, je pense qu’on a toujours continué à jouer.

Quand, à un moment, l’équipe guinéenne a commencé à balancer de longues balles, j’ai dit ce n’était pas ça la solution, il fallait jouer sur les côtés. Quand vous jouez avec une équipe en infériorité numérique, il faut toujours essayer de poser le ballon au sol, construire dans les couloirs et terminer dans l’axe. Je pense que ça été la clé de la victoire de la Guinée hier. Même si ça été difficile mais l’important c’est la qualification.

Lorsqu’on est joueur et qu’on arrive à un tel niveau de la compétition, vous, à votre époque, comment vous aviez porté cette responsabilité ?

C’est avec le recul qu’on se rend compte qu’on a vraiment réalisé un ‘’grand’’ exploit. Moi à la dernière CAN à laquelle j’ai pris part c‘était en Tunisie, en 2004, je pense que dans l’ensemble ça s’est bien passé. Après la phase de poule c’était tellement compliqué. Mais on avait eu la chance, après 28 ans, de passer au deuxième tour. Malheureusement on s’est fait éliminer par le Mali. Jusqu’à présent, je n’ai pas revu les images. Ça été un cauchemar pour nous tous.

C’était une élimination à laquelle on ne s’y attendait parce que jusqu’à la dernière minute on pensait aux prolongations, malheureusement les dieux du football n’ont pas voulu, il y a eu faute de main, puis il y a eu ce but qui nous élimine de la compétition.

Cette qualification est considérée comme historique d’autant plus que c’est la première fois que depuis 1976 que le Syli national parvient à se qualifier en match à élimination directe. Qu’en dites-vous ?

Ce n’est pas forcément une qualification historique parce que quand vous voyez le contexte, à l’époque c’était 16 équipes, ça veut dire que les huitièmes de finale n’existaient pas. Le 3ème meilleur (de groupe ndlr), n’existait pas. Depuis 2019 en Égypte, ils ont instauré les 24 équipes, ce qui fait qu’il y a un tour de plus. Nous, notre génération on s’était qualifié en quart de finale après 28 ans, sans enlever l’exploit que cette équipe a réalisé.

Le Syli national de Guinée est en train de se construire malgré les nombreuses critiques contre l’entraineur. Quel est votre regard sur le projet de Kaba Diawara ?

Quand vous avez choisi d’être sélectionneur il faut s’attendre à recevoir de coups de gauche à droite. Mais après il faut avoir le dos large pour encaisser. Il y a des critiques constructives qui peuvent aider l’entraineur de s’améliorer. L’entraineur généralement, quand ça marche, vous êtes le Dieu mais si c’est le contraire…il n’y a pas de cadeau.  Parce que le public guinéen attend maintenant une équipe nationale où tout le monde s’identifie, à laquelle tout le monde a confiance.  Ces jours-ci ont été difficiles, mais après une bonne préparation à Dubaï, je pense que l’entame de cette 34ème édition a été bonne : Il y a eu match nul contre le Cameroun, victoire contre la Gambie, puis défaite contre le Sénégal tenant du titre. Cette qualification en ¼ de finale est une victoire méritée, tout ce qu’on peut leur souhaiter c’est bon vent.

Mais le football, c’est ça.  Quand ça marche vous êtes applaudi, et si c’est le contraire, tout tombe sur vous. Je pense que c’était des critiques constructives, maintenant il doit avoir le dos large pour les endosser. Une petite anecdote : A notre temps, j’avais tellement la pression quand je venais en Sélection. Un jour, le président général Lansana Conté (paix à son âme) m’a dit : Titi, mon fils, le jour où tu seras moins important on parlera moins de toi et tu auras moins de pression. Ça, c’est resté dans ma tête. Là ils viennent d’accomplir un exploit, il faut profiter mais après, il faut remettre la machine et aller chercher les demi-finales.

Avant ce coup d’exploit contre la Guinée Equatoriale, on a assisté à une histoire de non-paiement de primes aux joueurs. Comment avez-vous observé cette situation ?

J’aurais appris comme tout le monde il y a eu ce problème de primes mais je pense qu’ils ont trouvé une solution. Mais il faut savoir que chaque génération a ses réalités. Le football est devenu tellement un business mais l’essentiel c’est cette qualification, maintenant on doit faire focus sur le prochain challenge et éviter de revenir sur ces polémiques qui n’apportent et n’aident pas l’équipe de Guinée.

La Guinée va affronter la RD Congo le 2 février 2024 au compte des quarts de finale. Quelles sont les chances du Syli face aux Léopards ?

Tout dépendra du discours du sélectionneur, du staff aussi. Parce qu’à ce niveau de la compétition ils savent déjà ce qui les attend. C’est une bonne équipe qui gagne difficilement, et ne marque pas beaucoup de buts certes mais qui en prend peu, c’est aussi un avantage. Je pense que le Syli a aussi des arguments à faire valoir. On a vu cette année, lesdites grandes nations de football (Cameroun, Egypte, Ghana) qui ont été éliminées, c’est pour vous dire qu’il y a la réalité du terrain. C’est ce qui fait la beauté du football africain. Personne ne pouvait imaginer que la Guinée Equatoriale allait infliger un score lourd (4-0) à la Côte d’Ivoire (Pays organisateur) ! Il peut y avoir des surprises. Tout peut arriver, c’est ce qui fait le charme de cette coupe d’Afrique des Nations.

Les ‘’Petites’’ équipes ont tellement travaillé, elles ont progressé … Aujourd’hui il y a le Nigéria qui est au top, quand vous prenez l’ossature de cette équipe, il y a une différence. Mais je pense que la Guinée peut avoir la chance pour aller en demi-finale contre la RD Congo. On a une bonne équipe, avec l’engagement, plus l’enjeu, ils arrivent à continuer et espérons qu’ils continuent sur cette voie. Tout est possible, il suffit d’y croire, d’être plus appliqué et déterminé.

Si Titi Camara était l’un des proches collaborateurs de Kaba Diawara, quels conseils allez-vous lui prodiguer pour la suite de la compétition ?

Même si nos voix ne comptent pas souvent, je conseillerai tout de même d’aligner les joueurs qui sont en formes, ceux qui ont mieux récupéré. Parce que là, on aura besoin de tout le monde, que ceux qui ont récupéré et les autres se donnent à 100% pour atteindre les demi-finales.

Interview réalisée par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 30 janvier 2024 09:10

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