Le Mali suspend l’importation de la farine de blé : Une décision « surprenante » qui impacte les minotiers guinéens

BAMAKO- Les autorités maliennes viennent de prendre une décision qui « trahit outrageusement » la célèbre formule anthologique des pères fondateurs de l’indépendance, Sékou Touré et Modibo Keita qui, -pour dénoncer la balkanisation des États avec des frontières héritées de la colonisation-, disaient que « la Guinée et le Mali sont deux poumons d’un même corps ». Pire encore, la mesure de Bamako tord le cou à l’emblématique vision des États africains de faire de la ZLECAF (Zone libre échange continentale) une réalité. De quoi s’agit-il ?

Tenez-vous bien, le 11 août 2023, le Gouvernement malien, à travers le ministre de l’Économie et des finances Alousséni Sanou et le ministre du Commerce et l’Industrie, Moussa Alassane Diallo, a pris une décision de suspendre l’importation de la farine de blé et des pâtes alimentaires jusqu’à nouvel ordre (ARRETE SUR LA SUSPENSION DE L’IMPORTATION DE LA FARINE DE BLE ET PATES ALIMENTAIRES).

L’arrêté conjoint des deux ministres, consulté par Africaguinee.com, précise qu’il s’agit de la farine de blé et des pâtes alimentaires des positions tarifaires ci-après :

  • Farines de froment (blé) ou de méteil : 11 01 00 00 00.

  • Pâtes alimentaires (autres) :                     19 02 00 00 00

  •                                                                          19 02 30 00 00.

En son Article 2, la décision ministérielle charge le Directeur Général du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence et le Directeur Général des Douanes, de l’application du présent arrêté qui sera publié partout où besoin sera.

Cette mesure « unilatérale et restrictive » de Bamako n’est pas sans conséquences sur les activités des producteurs guinéens de farine. C’est le cas par exemple de l’entreprise « Les Moulins d’Afrique », une des filiales du Groupe SONOCO. Avec une capacité d’écrasement de plus de 900 tonnes de blé par jour, cette filiale de la Holding fondée par l’homme d’affaires Mamadou Saliou Diallo s’impose de nos jours comme un des plus grands complexes de minoterie en Afrique de l’Ouest.

Cette société, qui avait avec enthousiasme répondu favorablement, à l’appel d’accompagnement des autorités guinéennes, lorsque le Mali a été frappé par un embargo par la Cedeao, se voit drastiquement impacter par cette décision. Selon un responsable de l’entreprise, la société « Les Moulins d’Afrique » exporte depuis des tonnes de farine vers le Mali dont les frontières terrestres avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire étaient fermées.

Maintenant que celles-ci sont rouvertes, Bamako « tourne le dos » au minotier guinéen (sans préavis, ni ménagement). En Guinée, cette décision « unilatérale » suscite l’incompréhension dans le monde des affaires. L’on évoque une mesure « inamicale ». D’autant plus qu’au-delà même des liens séculaires existants entre les deux États liés par l’histoire, la géographie…n’eût été l’appui des autorités de Conakry qui ont réussi à convaincre les opérateurs économiques guinéens de soutenir le Mali pendant sa période de dèche, le peuple malien risquait l’asphyxie.

Et Pourtant, la Guinée et Mali sont liés par des accords de coopération datant des premières années des indépendances. En 1964, les Gouvernements malien et guinéen, mus par une volonté inébranlable de renforcer les relations coopération entre les deux pays, avaient paraphé une convention (consultable ici CONVENTION D’ETABLISSEMENT ET DE CIRCULATION DES PERSONNES ENTRE LA REPUBLIQUE DU MALI ET LA GUINEE? ).

Ledit accord dispose en son article 1er : « Les nationaux de chacune des parties contractantes jouissent sur le territoire de l’autre partie contractante des libertés publiques dans les mêmes conditions que ses nationaux. Sont notamment garantis, conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’homme le libre exercice des activités culturelles, religieuses, économiques, professionnelles, sociales, les libertés individuelles et publiques, telles que la liberté de pensée, de conscience, de religion et de culte, d’opinion et d’expression, de réunion et d’association et la liberté syndicale ».

Mieux, courant novembre 2022, la Guinée et le Mali ont tenu à Conakry leur 9ème session de la grande commission mixte de coopération. Les travaux avaient abouti la signature d’au moins cinq accords de coopération dont un portait sur le domaine du Commerce. C’est dire combien de fois, cette mesure « protectionniste » de Bamako surprend, alors que les échanges commerciaux entre les deux États continuent de se développer, de se renforcer en se diversifiant. Pour maints observateurs, le Gouvernement de transition devrait s’impliquer auprès des autorités maliennes pour trouver une solution rapide, débouchant sur la levée de cette mesure controversée.

A suivre…

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Créé le 20 août 2023 12:36

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