Labé : les populations consomment-elles une eau contaminée ?

Une vue de la rivière à Labé

LABE- Situé dans la sous-préfecture de Tountouroun, le barrage hydraulique de Touri  qui fournit de l’eau potable à la commune urbaine de Labé est menacé. La source est envahie par des citoyens qui ont aménagé des jardins potagers. Mais ce qui est plus grave, c’est l’utilisation des engrais chimiques qui ont une conséquence néfaste sur la qualité de l’eau fournie aux populations pour la consommation. Ce n’est pas tout. Des groupes électrogènes installés çà et là dégagent des huiles usées et de la fumée affectant dangereusement l’eau. 

Les occupants feignent de nier l’utilisation des produits chimiques dans les jardins et disent prendre soins du barrage, mais pour la société des eaux de Guinée le constat est tout autre. 

Sur les lieux, de part et d’autre à l’amont du barrage, des jardins potagers fleurissent où de nombreuses personnes, hommes et femmes font développer de la laitue, des choux, des bananiers, des aubergines et autres produits maraichers. Mais pour avoir un bon rendement à la récolte, ces cultures nécessitent l’usage de certains produits chimiques. Tels que les engrais et les herbicides. Ces produits déversés dans l’eau constituent un danger pour les populations de Labé qui consomment quotidiennement cette eau. Des groupes électrogènes qui font marcher les arroseurs sont aussi installés par ces jardiniers presque dans le lit de la source. Ces groupes laissent suinter des huiles de moteurs ainsi que des gouttes de carburant qui affectent l’eau du barrage. Sur le terrain, les jardiniers rejettent l’usage d’engrais et disent à l’unisson avoir le souci de protéger le barrage.

Mamadou Sadio Diallo est sexagénaire. A l’image de nombreuses familles du quartier Falo Bowé et environs, il dispose d’un jardin potager au bord du barrage de Touri. Il rassure que son travail n’a aucun impact sur la rivière. 

« Certes, nous travaillons à proximité du barrage parce que nos activités marchent avec de l’eau, mais nous n’utilisons pas d’engrais qui peut affecter le barrage, nous utilisons du cendre, même les bouses de vaches et les crottes de chèvres sont exclus. Tout ce qui affecte la qualité de l’eau, nous nous éloignons de cela. Les gens de la SEG (Société des Eaux de Guinée, Ndlr)y veillent souvent, même autrefois l’ancien préfet de Labé (Colonel Lamarana Diallo, Ndlr) était venu ici, mais il nous avait rien dit. Tous ceux qui viennent ici nus disent juste de ne pas laisser les gens laver les habits dans l’eau ou se laver. Donc nous y veillons strictement, notre travail ici n’impacte pas l’eau. Les autorités nous avaient promis d’envoyer l’eau dans le village, à ce que je sache ce n’est pas encore effectif », a déclaré M. Sadio Diallo. 

Au siège de la société des eaux de Guinée, les agents mesurent les conséquences néfastes qui guettent le barrage avec l’usage des produits chimiques. 

 « Les potagers existent bel et bien autour du barrage, nous avons même vu une dame qui utilise les engrais dans son jardin. Nous savons que l’utilisation des engrais change la qualité de l’eau, ce qui nécessite une quantité énorme de produits pour son traitement. Il y a aussi des moteurs qui sont installés pour arroser la hauteur des jardins. C’est surtout si les engrais sont drainés dans l’eau, nous aurons assez de problèmes pour la traiter », a déclaré Hady Barry, le patron de la représentation de la SEG à Labé qui promet de remonter l’information à sa hiérarchie, aux autorités de Labé ainsi qu’aux services de l’environnement.

Il y a au moins deux ans, le chimiste itinérant de la SEG en Moyenne-Guinée, Abdoulaye Bah avait prédit l’arrêt de la production de l’eau potable si les jardins potagers continuent d’exister à proximité du barrage. Mais au même moment les populations habitent cette zone conditionnent leur départ autour du barrage par l’alimentation de leurs villages en eau. Ce qui n’est pas encore une réalité. D’ailleurs, ils ont à l’esprit qu’ils sont victimes d’injustice du fait que leur village abrite le barrage alors qu’il n’est pas alimenté par la SEG. C’est le même problème au secteur Dianyabhè qui abrite le château de la SEG, mais aucun ménage n’est alimenté en eau.

 

Un reportage d’Alpha Ousmane Bah de retour 

De Touri (sous-préfecture de Tountouroun)

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 664 93 45 45

Créé le 11 avril 2018 16:40

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