Labé : la floraison des « fours à briques cuites » menace l’Environnement…

Un four à briques cuites

LABE- Sur les berges de la rivière Donghorawol entre la sous-préfecture de Noussi et le quartier Madina dans la commune urbaine de Labé, les fours à briques cuites poussent comme des champignons. Principale source de survie pour de nombreux citoyens, cette activité exercée également par des femmes, est un facteur de destruction de l’environnement. Reportage.

Depuis plusieurs années, des hommes et des femmes travaillent sur les berges de Donghorawol. Les millions de briques qui sortent chaque année de ces fours, sont utilisées pour la construction des bâtiments. Vu de loin, on n'a l'impression à voir une carrière.

« Avant de commencer l’exploitation, nous nettoyons l’endroit. Ensuite, on creuse la terre pour l’imbiber d’eau. Nous moulons les briques avant de les placer dans le four. Nous utilisons du bois pour cuire les briques. La cuisson des briques peut, chez certains, durer 1 mois tandis que d’autres c’est entre 2 ou 3 semaines. Notre désir c’est de pouvoir faire ce travail en saison pluvieuse comme en saison sèche. Si on trouve des machines pour faire ce travail, cela va nous éviter de détruire la forêt. Je travaille ici avec toute ma famille, les enfants, ma femme, nous travaillons tous ensemble», explique Mamadou Mouctar Barry.

A un moment, ajoute Amadou Bailo Barry, les autorités leur avaient demandé de se mettre en groupement, mais que cela n’avait pas abouti. « Plus de 400 personnes avaient été recensées. Ils nous ont dit de partir chez le président du conseil de quartier, nous y sommes allés près de cinq fois pour mettre en place le groupement. Ils nous ont promis beaucoup de choses, ils ont pris les papiers pour envoyer à Conakry mais cela n’a pas abouti. Les années passées les autorités des eaux et forêts venaient nous réclamer de l’argent, mais cette année nous ne les avons pas vues encore » a déclaré le briquetier.

La fabrication des briques n’est pas sans conséquence pour l’environnement. Elle contribue à la destruction du couvert végétal et l'assèchement des cours d'eaux. Mamadou Mouctar Barry en est conscient.

« J’ai construit une maison pour ma famille. En saison sèche, nous gagnons de la clientèle, mais quand l’hivernage arrive elle se fait rare et l’accès aux endroits où les briques sont exposées devient difficile. En ce moment, une brique est vendue à 700 Gnf là où elle est cuite, la location du camion se fait à part, ainsi que la manutention. Nous ne pouvons pas savoir le nombre total de briques se trouvant dans un four avant de trouver un acheteur », confie-t-il.

Son mari aveugle depuis 10 ans, pour nourrir ses 4 enfants, Mariama Ciré Diallo passe sa journée dans les fours à brique. Elle avoue le travail n'est pas si aisé. Pour 100 briques moulées, elle gagne 15.000 Gnf, un peu plus d'un euro.

« Quand mon mari est devenu aveugle, nous sommes retournés chez nous. Ma mère m’a renvoyé sous prétexte qu’elle ne pouvait pas me prendre en charge avec mes 4 enfants. Pour les nourrir, je viens travailler ici pour gagner la dépense. Par jour, nous pouvons gagner 25 ou 30 mille Gnf. C’est avec cet argent que j’achète des condiments ainsi que du riz. Quand on moule 100 briques nous gagnons 15 mille gnf », soutient cette mère de famille.

Comment atténuer la destruction du couvert végétal ?

En tant que membre du conseil de quartier de Madina, Mamadou Alimou Baldé pense que la mécanisation de la fabrication des briques pourrait réduire la destruction du couvert végétal

« On sollicite que l’Etat vienne en aide à ces gens-là pour trouver les broyeurs et les moules pour qu’ils fabriquent les briques en BTS. Sinon, on risque de perdre le lit du cours d’eau. Il sera facile de reboiser les berges de cette rivière. Mais même si vous passez en longueur de journée pour les sensibiliser, comme ils sont très pauvres, ils reviendront », se lamente ce responsable.

Destruction du couvert végétal

Les autorités préfectorales de l’environnement déplorent les conséquences que les fours à briques cuites causent sur le couvert végétal. « Il est formellement interdit de faire ces briques cuites sur les berges des cours d’eau, mais les briquetiers continuent à le faire. Le premier impact c’est que ça perturbe le lit du cours d’eau parce que la terre qui quitte là, vient bloquer l’eau, elle ne peut plus continuer sur le lit initial. Deuxièmement, on déboise tout, on enlève la terre on met le feu on calcine pour cuir les briques pour avoir des briques rouges en terre, l’eau s’évapore, les micro-organismes meurent et il y’a plus de possibilité de régénération naturelle. Ils créent aussi des trous trop profonds qui en période des pluies quand ils sont remplis d’eau qui transporte la terre et provoque l’érosion et ferme les lits des cours d’eau.  C’est ce qu’on appelle tarissement des lits cours d’eau. Les arbres ne peuvent plus pousser, il sera difficile de les faire végéter. L’autre conséquence c’est qu’on coupe la galerie qui était là qui couvrait le lit du cours d’eau », déplore Mamadou Kobera Diallo de la section préfectorale de l’environnement.

 

Thierno Oumar Tounkara

Correspondant Africaguinee.com à Labé

 
Créé le 22 mars 2021 09:30

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