Labé : Immersion dans le quotidien difficile des étudiants de l’université de Hafia…

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LABE- Les étudiants de l’Université de Hafia située à 22 kilomètres du centre urbain de Labé, se plaignent de leurs conditions de vie. Promiscuité, déficit de logements décents, manque de nourriture, ces étudiants font face à de nombreuses difficultés. Comment s’adapter à ce climat austère et hostile et suivre ses études ? Les étudiants nous livrent leur secret. 

A l’université de Labé, certains étudiants (les plus chanceux) sont logés à la résidence universitaire où ils sont une dizaine par cabine. Là, le tarif du loyer est moins cher. Ceux qui n’ont pas de place au centre universitaire sont obligés de loger au village où les coûts sont très élevés pour les étudiants. Ils succombent au vouloir des concessionnaires mercantiles et sans pitié. Ils sont obligés de payer annuellement les frais du loyer. Les étudiants accusent les concessionnaires de faire la surenchère chaque année. Ces derniers se défendent en dénonçant le comportement des étudiants. Les plaintes sont multiples… Immersion dans le quotidien difficile des étudiants de l’Université de Hafia. 

 L’accès au logement à Hafia centre ici n’est pas facile, soupire Aboubacar Camara qui dénonce la qualité de vie. 

« Les toilettes et l’eau, même les chambres ne sont dans les normes. Chaque année les concessionnaires font la loi en augmentant les prix sans état d’âme. Avant une chambre se négociait entre 30.000 GNF et 40.000GNF. Cette année les prix ont doublé. C’est entre 70.000 et 80.00GNF.  Les dortoirs sont disponibles mais pour moi il vaut mieux rester au centre que de s’installer au dortoir. Au centre ici un étudiant ou deux maximums occupent une chambre, alors qu’au dortoir une chambre prend 7 ou 8 étudiants, certaines cabines contiennent 11 à 12 étudiants. Avec une dizaine de personnes vous n’avez pas le même comportement, on peut te voler, c’est pourquoi nous avons décidé de rester par là », explique Aboubacar Camara, président de la commission des étudiants à l’université de Labé.  

On te traite de bordel ou de prostituée…

Même son de cloche chez Baldé Fatoumata étudiante en licence 3 administration publique. Elle habite dans une petite chambre dont elle dénonce le confort mais aussi certaines connotations. 

« La situation est très difficile, les logements coûtent chers pour les étudiants. Ensuite nous manquons d’eau et de toilettes, parfois on ne s’entend pas avec les concessionnaires. Tu peux venir parfois avec un homme à la maison, un collègue, même si c’est pour des devoirs, on te traite de bordel ou de prostituée. Pour le paiement du loyer certains concessionnaires réclament l’argent avant la fin du mois, d’autres même exigent ce que vous payez l’année entière avant d’occuper la chambre dès le mois d’octobre. Le tarif est exorbitant, nous souffrons beaucoup alors que certaines chambres ressemblent à des petits magasins, ça ne répond pas du tout aux critères d’une chambre normale », dénonce cette étudiante.

Adama Kanté, étudiant en MIAGE (maths informatique appliquées à la gestion d’entreprise) venu de Kankan est désemparé par les conditions de vie difficiles. 

« La vie à Hafia est très chère. Ici toutes les nourritures ont un nom. La sauce à base de pâte d’arachide est appelée ‘’Always’’. C’est ce qui est préparé régulièrement ici parce que ça coûte moins cher. La sauce feuille de patate c’est rare de trouver un étudiant manger ça ici, on l’appelle ‘’une fois à Paris’’. C’est une fête pour les étudiants qui mangent les feuilles de patate ici. Si c’est du poulet ‘’c’est une fois aux Etats-Unis’’. L’athieké c’est ‘’Blindé’’, ça dure dans le ventre, les boules d’akassa c’est la ‘’survie’’, quand tu manges un peu de poudre tu bois beaucoup sans avoir faim. Un petit morceau de pain beurré ou avec de la mayonnaise c’est qu’on appelle ici ‘’raccourcis’’.  Bref tu te débrouilles avec jusqu’à ce que tu trouves à manger. Nous appelons les mangues ‘’tant pis pour les tuteurs aigris’’, en période de mangues partout tu peux trouver sans penser à ton tuteur. Le soumbara c’est ‘’le correcteur’’. Le véritable tuteur ici à l’université c’est notre téléphone, parce que nous l’utilisons pour demander de l’argent aux parents, le plus beau message pour nous c’est ‘’dépôt effectué’’. Ignorer son téléphone c’est manquer du respect à son tuteur », a expliqué Adama Kanté. 

Béatrice partage une chambre avec une autre étudiante derrière le marché hebdomadaire de Hafia, elles se plaignent des difficultés. A notre arrivée sur les lieux ce jour, elles préparaient un poulet « une fois aux Etats-Unis ».  Ce qui est rare. 

« Les concessionnaires ont augmenté les frais de logement, là où nous sommes c’est 70.000gnf par mois, nous n’avons pas accès à l’eau et il n’y a pas de toilettes. Mais ce week-end c’est la bénédiction. Nous préparons un poulet, c’est une grand-mère qui me l’a offerte avec ma co-locatrice. Nous allons manger ce poulet ce soir je sais qu’il n’y a pas de sorciers parmi les étudiants quand-même. C’est difficile mais nous préférons rester ici que d’aller au dortoir. À notre arrivée  la dame a dit c’est 70.000gnf le loyer mensuel avec la condition  de payer toute l’année. Ma copine et moi avons payé 630.000gnf, maintenant nous sommes sans argent de poche, nos condiments sont finis, les logements ne répondent pas aux normes. Je compte sur ce que mes parents m’envoient chaque mois mais c’est insuffisant. D’autres étudiants sont là. Ils  peuvent faire un mois sans préparer faute de moyens, ils vont chez leurs amis pour manger », ironise Béatrice étudiante en  licence 3 sociologie. 

Helene Lamah se plaint de l’attitude des concessionnaires vis-à-vis des étudiants. Elle accuse certains concessionnaires de faire de la surenchère une fois que les bourses d’entretien sont payées aux étudiants. 

« Au-delà des problèmes de logement, les nourritures coûtent cher aussi; dès qu’ils apprennent que les étudiants sont payés c’est des problèmes, les prix augmentent partout, un sac de charbon coûte habituellement 15000gnf mais une fois que les pécules sont payées, les prix oscillent entre 20 et 25000gnf alors que nous n’avons rien. Nous souffrons vraiment. Pour avoir de l’eau,  nous sommes obligés d’aller au forage à plus d’un kilomètre. Et les dortoirs sont loin de l’Université, on vole les téléphones, les ordinateurs, tu gardes la nourriture à ton retour tu ne trouves pas », fustige-t-elle, tout en sollicitant l’aide de l’Etat 

Interrogée, Mme Fatoumata Hafia Diallo âgée de 47 ans, concessionnaire accuse les étudiants de mauvais comportement.

« L’université est là depuis 2001, des étudiants viennent chaque année, nous avons toujours voulu avoir de bons rapports avec eux mais jamais ils n’ont respecté cela. Maintenant nous avons décidé à l’unanimité de changer de stratégie. Avant si on logeait un étudiant, nous lui disons de payer par mois sachant que la vie est dure pour eux, mais à la fin de l’année une fois que les pécules tombent, ils rentrent chez eux sans payer, sans dire au revoir et sans laisser aussi la clef. A chaque rentrée universitaire nous étions obligés de changer de serrures pour d’autres. C’est difficile. Maintenant pour donner une chambre, moi je te fais payer toute l’année, c’est à toi de voir si tu peux laisser ton argent et fuir. Les prix n’ont pas été augmenté de façon fantaisiste, mais nous suivons le coût de la vie. Ils ne sont pas reconnaissants c’est tout, ils se comportent mal avec nous, sinon avant certains ne faisaient pas payer mais leur comportement à tout changé », s’est-elle défendue. 

 

Un Reportage de Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 664 93 45 45

Créé le 5 janvier 2019 15:11

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