La Cedeao, cas Boni Yayi et la transition guinéenne : Les « vérités crues » du ministre Mory Condé…

CONAKRY-A l’issue de leur 64ème sommet tenu le 10 décembre 2023 à Abuja, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de Ouest (CEDEAO) ont flétri le manque d’avancées notables dans l’exécution du chronogramme de la Transition en Guinée.

Bola Tinubu et ses pairs ont aussi noté avec préoccupation les « réticences affichées récemment par les autorités de transition pour coopérer avec la CEDEAO » dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de transition et d’autres activités revêtant un intérêt pour la région.

Bola Ahmed Tinubu, Président en exercice de la Cedeao

Déplorant les décisions prises unilatéralement en ce qui concerne la mise en œuvre du programme de transition qui avait été convenu avec la CEDEAO, les dirigeants de l’autorité régionale ont annoncé l’envoi d’une mission en Guinée pour renouer le dialogue avec les autorités.

Comment le Gouvernement réagit-il face à ces critiques de la Cedeao ? Est-il favorable à l’arrivée de la mission des chefs d’Etat ? Africaguinee.com a pu interroger ce mercredi 13 décembre 2023 le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation.  Mory Condé n’est pas passé par le dos de la cuillère. Extrait.

« Il faut comprendre la Cedeao. Sa lecture est normale. Pour vous donner une image, son attitude ressemble un peu à chef de famille qui demande à ses enfants de se regrouper pour lui dire leurs besoins pour la fête afin qu’il leur retrouve les moyens pour faire les achats. Après, il disparaît sans revenir. Le jour où il va revenir, il faut qu’il trouve un argument à placer vis-à-vis de ses enfants qui patientaient.

La Cedeao est venue trouver le Gouvernement de la République de Guinée qui avait déjà un chronogramme qu’il a présenté aux acteurs politiques.  Elle est venue nous dire qu’elle veut accompagner la Guinée afin que sa transition soit bien menée dans un délai raisonnable. Nous avons marqué notre accord. La Cedeao a envoyé des experts avec lesquels nous avons travaillé. Nous avons présenté le chronogramme de la transition que les experts ont pris le soin de présenter dans une matrice qu’ils ont élaboré. Après, ils nous ont dit que le chronogramme peut être exécuté en deux ans à condition que les ressources financières soient mobilisées. Sur cette question de ressources, ils ont donné l’assurance qu’ils vont mobiliser les partenaires techniques et financiers pour trouver les ressources nécessaires afin de nous accompagner. Nous avons marqué notre accord.

Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation

Cette même Cedeao a nommé un médiateur qui est venu deux fois en mission en Guinée. La troisième fois, à son arrivée, lorsqu’on a demandé au médiateur où est-ce qu’on en est par rapport à la mobilisation des ressources, il a répondu en disant que pour le moment il n’y a pas d’argent. Ce médiateur, depuis, on ne l’a plus revu. Il est concentré pour la reconquête du Pouvoir dans son pays (Bénin). Nous, en tant que Gouvernement, la Cedeao nous a trouvé avec un calendrier préalablement établi qui consistait à mobiliser les ressources internes pour financer les éléments essentiels de notre chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel. Est-ce qu’en tant que Gouvernement responsable on doit s’assoir pour attendre le retour de la Cedeao ? NON.

C’est ce qui a amené le Gouvernement à mobiliser cette année et même l’année dernière, énormément de ressources pour financer une bonne partie du chronogramme. 2024 qui va bientôt commencer, des ressources importantes seront dégagées pour le financement de certaines activités.

Si cette Cedeao veut revenir à la case départ, il faut qu’elle vienne avec un alibi. Ceci m’amène à, revenir sur l’image que j’ai utilisée tantôt. Elle se dit que depuis qu’elle nous a laissé pour dire qu’elle partait trouver l’argent, rien n’a bougé. C’est normal qu’elle (Cedeao) ait cette lecture parce que pour elle, le Gouvernement Guinéen avait les bras croisés jusqu’à ce qu’elle envoie les ressources promises.

Des dirigeants de la Cedeao au sommet d’Abuja le 10 décembre 2023

Donc, dans leur analyse superficielle c’est tout à fait normal que les dirigeants de la Cedeao estiment que rien n’a été fait en Guinée. Maintenant, comme ils ont un ambassadeur ici, celui sait qu’il y a des choses qui sont en train d’être faites. Le logiciel d’état civil qui va permettre l’enrôlement des citoyens a été financé à coup de plusieurs millions d’euros par l’Union Européenne. Ces partenaires nous ont cru, ils sont en train de nous accompagner. Lorsque la Cedeao viendra en Guinée, elle comprendra que nous ne sommes pas restés les bras croisés.

Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation

L’autre précision qu’il faut apporter, ce que cette communication superficielle, est commune à l’ensemble des pays en transition dans la sous-région. L’intervention de l’armée au Niger, c’est depuis le 26 juillet. Mais ce n’est que le 10 décembre dernier que la Cedeao s’est rendu à l’évidence que Bazoum n’était plus le chef de l’Etat. Pour une institution régionale qui nous gouverne, c’est assez déplorable qu’elle ait des analyses aussi superficielles.

Nous sommes ouverts à toute collaboration, nous avons de très bons rapports avec la Cedeao. Le Premier ministre Dr Bernard Goumou communique régulièrement avec les dirigeants de la Cedeao, ils l’appellent. Toutes les missions qu’ils vont vouloir faire en Guinée dans les jours ou mois à venir, on n’a pas de problème. Tout ce qu’on a demandé, c’est d’accompagner le peuple de Guinée à pouvoir mettre en œuvre le chronogramme de la Transition qui nous permettra de bâtir des institutions fortes qui peuvent rester dans la durée ».

A suivre…

Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 13 décembre 2023 20:27

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